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— Un mariage arrangé ? Toi, Vina ?
Sa voix avait grimpé dans les aigus, et reflétait la réprobation d’une mère coincée arrachant des mains de sa fille une teinture pour cheveux de sa composition personnelle.
— … Impossible.
— Tu vois ? C’est pour ça que je ne voulais pas t’en parler. Il ne s’agit pas d’un mariage arrangé. Mais d’un… rendez-vous arrangé, qui se trouve avoir lieu lors d’un mariage.
Depuis que j’avais rencontré Cristina, seule autre stagiaire de sexe féminin chez J.P. Morgan, elle se refusait à prendre des gants avec moi. Et je l’en remerciais. Malheureusement, elle se refusait aussi à comprendre que ses origines immigrées (cubaines, et encore, de Miami) ne lui suffisaient pas à comprendre ma situation. Pour la convaincre du bien-fondé de ce rendez-vous arrangé par mes parents avec un avocat d’origine punjabi, je devais m’adresser à la zone rationnelle de son cerveau. Comme nous étions toutes deux spécialistes des investissements boursiers, je savais en quels termes présenter la situation.
— Ecoute…
Mon portable coincé entre l’oreille et l’épaule, je traquais mon eye-liner en cavale à l’aide de mon poudrier.
— Dans trente mois, j’aurai trente ans. Je sais : ta mère avait plus de quarante ans à ta naissance. Mais les Indiennes ne jouissent pas des mêmes gènes que les Cubaines. Nos hanches ont été créées pour porter des enfants, mais les similitudes s’arrêtent là. Imaginons que je sois fertile jusqu’à environ trente-cinq ans. On calcule l’âge idéal de conception en retranchant vingt ans de l’âge moyen auquel les femmes de ta famille sont ménopausées. Le résultat t’indique l’âge auquel ta fertilité effectue un sérieux plongeon. Ma mère a été ménopausée à cinquante ans, donc je suis censée accoucher avant trente ans.
Afficher en entierDepuis que j’avais rencontré Cristina, seule autre stagiaire de sexe féminin chez J.P. Morgan, elle se refusait à prendre des gants avec moi. Et je l’en remerciais. Malheureusement, elle se refusait aussi à comprendre que ses origines immigrées (cubaines, et encore, de Miami) ne lui suffisaient pas à comprendre ma situation. Pour la convaincre du bien-fondé de ce rendez-vous arrangé par mes parents avec un avocat d’origine punjabi, je devais m’adresser à la zone rationnelle de son cerveau. Comme nous étions toutes deux spécialistes des investissements boursiers, je savais en quels termes présenter la situation.
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