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Si j'ai des remords, c'est parce-que les autres occupants de cet avion qui est "la vie sur terre", mes compagnons de voyage, n'éprouvent aucun sentiment de culpabilité.
Afficher en entierQuant au pont, je n'en distingue plus qu'une série de cataphotes lumineux, de plus en plus pâles, qui vont se perdre la-bas dans les rugissements de la mer. Le vacarme est insoutenable, la mer ne cesse de cogner et d'aboyer contre moi, comme un chien, là-bas dans le brouillard ; parfois la terre gronde, mais mon Dieu, où est la terre, comment la terre peut-elle être souterraine ?
Afficher en entierJe suis toujours un peu fier de mon amour pour le monde. C'est si facile de haïr, en comparaison. Et je suis là en train de me flatter, fonçant tête baissée vers la haine la plus stupide que j'aie jamais éprouvée.
Afficher en entier...un nouvel amour donne toujours de l’espoir, la solitude mortelle et irrationnelle est toujours couronnée; cette chose que j’ai vue (cette horreur du vide reptilien) quand j’ai inspiré à fond l’iode mortelle de la mer, à Big Sur, est maintenant justifiée et sanctifiée, levée comme une urne sacrée vers le ciel, par le simple fait de se déshabiller, de faire aller les corps et les esprits dans les délices mélancoliques, inexprimables et frénétiques de l’amour. Ne laissez aucun vieux chnoque vous dire le contraire; quand on pense que personne, dans ce vaste monde, n’ose jamais écrire l’histoire véritable de l’amour, on nous colle de la littérature, des drames à peine complets à cinquante pour cent. Quand on est allongé, bouche contre bouche, baiser contre baiser dans la nuit, la tête sur l’oreiller, rein contre rein, l’âme baignée d’une tendresse qui vous submerge et vous entraîne si loin des terribles abstractions mentales, on finit par se demander pourquoi les hommes ont fait de Dieu un être hostile à l’amour charnel. La vérité secrète et souterraine du désir farouche qui se cache dans les galeries, enfouie sous les ordures qui envahissent le monde entier, cette réalité dont on ne vous parle jamais dans les journaux, ce désir dont les écrivains ne parlent qu’en hésitant, avec force lieux communs, et que les artistes représentent avec combien de réticences, ah, vous n’avez qu’à écouter Tristant et Isolde de Wagner et vous imaginer le héros dans une champ bavarois avec sa belle maîtresse nue sous les feuilles de l’automne!
Afficher en entierEt pour autant que j'en puisse en juger, le monde est trop vieux pour que nous puissions en parler avec nos mots actuels.
Afficher en entierJe veux rentrer chez moi mourir à coté de mon chat. J'aurai pu être un jeune président svelte et élégant, avoir un beau costume et rester assis sur un rocking-chair démodé, mais non, au lieu de cela, je ne suis que le fantôme de l'Opéra, debout près d'une tenture, au milieu des poissons morts et des chaises brisées. Se peut-il que personne ne cherche à savoir qui m'a fait et pourquoi on m'a fait ?
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