Extraits

Kim McDaniels était pieds nus, vêtue d’une minirobe à rayures bleu et blanc Juicy Couture, quand un coup sur la hanche la réveilla. Un coup violent. Elle ouvrit les yeux dans le noir. Des interrogations effleurèrent son esprit embrumé. Où se trouvait-elle ? Que se passait-il ? Elle était sous une couverture. Elle parvint, tant bien que mal, à dégager la tête. Elle comprit deux choses. Elle avait les mains et les pieds attachés. Et elle était enfermée dans un espace minuscule

Kim leva les mains et vit que ce n’était plus la même corde qui lui liait les poignets. Celle-ci était bleu foncé, on aurait dit de la soie, et les nœuds, extrêmement complexes, avaient quelque chose d’esthétique. Elle prit le verre et le vida. Ensuite, l’homme lui demanda de baisser la tête. Elle s’exécuta et il lui sécha les cheveux à la serviette. Après quoi il les brossa, en s’amusant à faire des boucles avec ses doigts, puis sortit de l’armoire de toilette des flacons et des pinceaux

Elle aurait voulu s’évanouir, mais elle était toujours consciente, et lui, sur elle, qui ahanait et qu’elle sentait beaucoup trop. Alors elle s’efforça de ne penser qu’au bruit des vagues et à ce qu’elle lui ferait quand elle se serait enfuie

Kim sentit son estomac se soulever. Elle vomit de la bile, et l’inconnu, d’un geste puissant, la fit se lever en lâchant un « ouh, là… » et elle remarqua, de nouveau, qu’il était très fort, et cette fois-ci elle perçut une pointe d’accent. Russe, peut-être. Ou bien tchèque, ou allemand. Puis il retira la bonde de la baignoire et fit couler la douche

Le plan d’évasion de Kim s’évapora. Elle avait laissé passer sa seule chance de le séduire, ou du moins d’essayer. Il fera tout ce qu’il a envie de faire, songea-t-elle. Mais elle pouvait encore le supplier de lui laisser la vie. Lui expliquer que ce serait plus drôle si elle y mettait du sien. Malheureusement, elle n’avait pas les idées très claires depuis qu’il lui avait fait cette injection ; elle était dans le cirage, trop faible pour bouger

Puis elle vit les caméras. Deux, de type professionnel, montées sur trépied, de part et d’autre du lit. Elle remarqua ensuite les projecteurs, et le micro perché juste au-dessus de sa tête. Et c’est à cet instant, seulement, qu’elle entendit le fracas du ressac, si puissant qu’on aurait dit que les vagues s’écrasaient contre les murs. Et elle, elle était là, au milieu, épinglée comme un papillon

La clé fit deux quarts de tour, mais la serrure résistait, et Kim profita de ces quelques secondes pour réévaluer son plan. Il était toujours valable. En admettant que son ravisseur veuille la contraindre à des relations sexuelles, elle pourrait survivre à l’épreuve, évidemment, mais il fallait qu’elle joue finement, qu’elle se le mette dans la poche et qu’elle enregistre tout pour être en mesure de fournir le plus de précisions possibles à la police

Allait-elle mourir noyée dans ce coffre ? Une nouvelle fois, elle hurla, et son cri de terreur se mua en prière. Mon Dieu, faites que je sorte de là vivante et je vous promets… Et quand son cri s’estompa, elle entendit de la musique, derrière elle. Une chanteuse, un morceau style blues, qu’elle ne connaissait pas. Qui était au volant de la voiture ? Qui lui avait fait ça ? Pour quelle raison 

À travers ses larmes, Kim distingua, juste au-dessus d’elle, une tige d’une douzaine de centimètres de long, qui luisait dans l’obscurité. Ce devait être la manette d’ouverture intérieure du coffre. Merci, mon Dieu

Elle était coincée, prise au piège. Elle ignorait ce qui s’était passé, elle ignorait pourquoi, mais elle n’était ni morte, ni même blessée. Elle allait donc bien trouver un moyen de sortir de là. Avec ses mains liées, Kim explora à tâtons le compartiment, en quête d’une boîte à outils, d’un cric, d’un pied-de-biche, mais elle ne trouva rien. Elle haletait dans l’obscurité, et l’air commençait à manquer. Que faisait-elle là