Extraits

Le loup sauta et Billy lui envoya une grosse poignée de boue dans les yeux. Il se releva d'un bond tandis que le loup retombait en couinant, essayant d'enlever la boue sur ses paupières à grands coups de pattes.

Un éclat de rire retentit dans la tête de Billy, lui glaçant le sang. Un rire démentiel. Puis un ordre.

Tue-le!

Billy se rua sur le loup, leva la lame de son couteau dans la nuit et frappa une fois. Deux fois. Dix fois. Cent fois. Avant de reprendre conscience, à bout de souffle, la masse en charpie du loup à ses genoux.

Il écarquilla les yeux et scruta la lame minuscule de son couteau suisse sans comprendre. Avait-il réellement réussi à tuer la créature avec ça?

Elle était encore là. Elle était toujours là.

Eva.

La jeune Belkin se tenait debout dans l'encadrement, mais il ne s'agissait plus d'une porte. Elle effleura l'une des centaines de roses blanches qui ornaient l'arche en bois au-dessus d'elle et sentit son parfum sans détaché son regard de Billy. Deux billes vertes et dorées absolument splendides sur un visage rond, presque angélique. Il la voyait telle qu'elle devrait être maintenant, avec trois ans de plus. Était-ce vraiment un mirage?

L'adolescent se retourna. Sa mère avait disparu. Il se trouvait dans un jardin inconnu.

-Cet endroit est plus paisible, dit Eva en sortant du couvert des roses.

-Où es ma mère?

-Tule sais parfaitement, Billy...

Il pinça les lèvres, furieux.

-Il s'agissait de mon rêve, tu n'avais pas le droit d'y entrer.

-J'y ente parce que tu me le demandes, repliqua-t-elle avec douceur.

-C'est faux. Je veux que tu disparaisses.

Les yeux de la jeune Belkin s'arrondirent. Ces yeux qui trahissaient la dureté de leur propriétaire, sa tristesse omniprésente aussi, comme s'il fallait souffrir pour exister.

-Je ne peux pas disparaître, admit-elle.

-Quoi? Comment ça?

-Il m'oblige...

Elle leva brusquement ses magnifiques yeux bicolores, laissant sa phrase en suspens. Le ciel au-dessus d'eux s'obscurcit d'un coup.

-Qui t'oblige à faire quoi? cria Billy en lui empoignant les épaules.

-Mes forces me quittent, Billy.

Son ton devint suppliant. Des bourrasques de vent firent s'envoler sa longue chevelure noire et des mèches se plaquèrent contre son visage soudain en sueur.

-Il me tuera, tu sais. Même sans le vouloir.

-Qui? Dis-moi qui te fait du mal!

Biily dut lutter pour tenir debout malgré la force du vent. Il avait beau se dire qu'Eva n'était qu'un rêve, il avait beau essayer de l'oublier, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour elle, de ressentir de la compassion à son endroit.

-Il n'en est pas conscient, ajouta-t-elle. La folie le pousse à agir. Mais si tu ne viens pas, il me tuera, c'est certain.

-Eva...

Elle porta ses mains à sa poitrine, se plia en deux et toussa. Du sang s'échappa de ses lèvres.