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Extrait ajouté par myra44 2012-12-15T14:09:23+01:00

-N'oublie pas que nous sommes tous vulnérables. Surtout quand on aime.

-Tu as tord, répliqua la jeune fille en pensant à ses parents. C'est l'amour qui nous rend forts.

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Extrait ajouté par isane3 2012-08-14T18:48:06+02:00

- Léon, je ne sais pas ce que tu attends de moi.

En réponse à cela, il fit un pas de plus, jusqu'à ce que le bord de son chapeau se trouve juste au dessus du front de Gaia. Elle savait que, si elle levait la tête, ses yeux seraient tout proches.

- Qui a dit que je voulais quelque chose ? demanda-t-il en ôtant son chapeau.

Gaia sentit la chaleur lui monter aux joues et elle garda les yeux baissés. Léon réduisit la distance qui les séparait et glissa son bras autour d'elle et du bébé. Quand ses lèvres chaudes se posèrent sur la peau sensible de la cicatrice sur sa tempe, elle sentit quelque chose fondre en elle. Elle tourna un peu la tête, rapprochant sa bouche de la sienne, puis les lèvres de Léon touchèrent les siennes dans un baiser lèger, tendre. Elle inspira brièvement et il l'embrassa à nouveau. Une douleur monte dans sa gorge et elle leva le menton pour trouver ses lèvres plus directement. Dehors, de grosses gouttes tombèrent bruyamment sur les buissons et le trottoir. Un jour, elle s'était demandé si quelqu'un l'embrasserait jamais et si elle saurait quoi faire. A présent, elle arrivait à peine à réfléchir. La main de Léon se déplaça à l'arrière de sa tête et son baiser devint plus profond. Elle sentit le monde basculer puis sa soeur eut de nouveau un hoquet.

Gaia recula. Léon l'observait sous de lourdes paupières.

- Tu es si douce, si douce, dit-il tendrement.

- Tu n'es pas censé m'embrasser.

Elle fut surprise d'entendre à quel point sa propre voix était devenue basse.

- Permets-moi de ne pas partager ton avis.

Ses lèvres touchèrent à nouveau les siennes.

Elle eut du mal à retrouver ses esprits.

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Extrait ajouté par isane3 2012-08-14T18:37:43+02:00

(Gaia & Léon)

[...]

- Si tu ne ressors pas, j'irai te chercher à l'intérieur. Si tu es à court de possibilités, monte plus haut, vers le toit de la tour. Ils ne s'y attendront pas. Je commencerai à te chercher en haut et redescendrai jusqu'en bas.

C'était là, entre eux... Cette question inexprimée. Pourquoi l'aiderait-il cette fois-ci ? Le sergent Bartlett avait trouvé un moyen de la faire sortir du Bastion. Pourquoi Léon n'avait-il pas agi de même ?

- J'emmène quand même la corde, dit-elle.

- D'accord. Mais ne te brise pas le cou. Je suppose que tu ne me laisserais pas y aller à ta place.

Elle fit non de la tête. Elle ne lui faisait pas confiance pour faire ce qu'il fallait.

- C'est bien ce que je pensais. Même si tu penses que j'ai de la force dans les bras.

Etonnée, elle leva les yeux et vit qu'il l'observait.

- Je ne l'ai pas vraiment dit comme un compliment.

- Non ?

La braise s'affaissa dans le four, produisant un bref flamboiement mais, hormis cela, tout était immobile. Gaia ne savait que penser de lui, ni que ressentir, mais elle était plus troublée encore lorsqu'il l'examinait d'un eir curieux, attentif.

- Tu me taquines ? demanda-t-elle.

Un sourire se dessina lentement sur ses lèvres.

- Je devrais ?

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Extrait ajouté par anonyme 2013-10-22T13:24:10+02:00

" Au grand désarroi de Gaia, le Protecteur la saisit soudain par le menton, la tira en avant et la fit trébucher, le visage bien exposé à leurs yeux scrutateurs.

-Tu voudrais de ça ? siffla-il à son fils.

Les yeux de Rafael s'étrécirent comme il l'examinait lentement et qu'elle le dévisageait en retour d'un air de défi. Son regard vacilla, se posa brièvement sur Léon, puis par terre. Sa réponse était évidente: non.

Et, malgré tout, en dépit de tous les autres dangers plus grands qui la menaçaient, Gaia était toujours piquée au vif que quelqu'un, en particulier un garçons, la trouve laide. Elle brûla soudain de haine envers eux tous.

Le Protecteur le remarqua. Il esquissa un sourire.

-C'est bien ce que je pensais, dit-il en la relâchant avec mépris.

Il se retourna vers sa famille.

-Je ne peux la proposer à personne que je connaisse, quels que soient ses gènes. C'est un phénomène, pas un héros. Je préférerais élever Myrna Silk au rang de héros.

Léon avait suivi cet échange, tendu.

-Moi, je voudrais de Gaia, intervint-il, et sa voix basse résonna dans le hall.

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Extrait ajouté par myra44 2012-12-15T15:33:55+01:00

-Coopère avec les gardes. Pour ton bien, ajouta-t-il.

-Et vous, écoutez donc votre coeur, capitaine, dit-elle, amère. Si vous en êtes capable.

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Extrait ajouté par anonyme 2012-10-31T12:22:17+01:00

— Léon, dit-elle doucement. Je pourrais rentrer dans cette prison et ne jamais en ressortir. Je veux du pain.

Il rétrécit légèrement ses yeux bleus puis passa la langue sur sa lèvre inférieure.

Gaia avait du mal à respirer. Elle fut alors frappée de constater comme il pourrait être beau s'il s'autorisait un sourire et alors, naturellement, elk sentit ses lèvres commencer à se courber pour l'encourager.

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1

LE QUOTA

Dans la sombre masure, la mère se contracta pour pousser une dernière fois de toutes ses forces, et le bébé glissa dans les mains de Gaia prêtes à l'accueillir.

— Vous avez fait du bon travail, dit-elle. Superbe. C'est une fille.

L'enfant cria d'indignation et Gaia poussa un soupir de soulagement en vérifiant ses orteils, ses doigts et son dos parfait. C’était un beau bébé, en bonne santé et bien constitué malgré sa petite taille. Elle enveloppa l'enfant dans une couverture puis le tourna vers la lumière dansante du feu pour que la mère épuisée le voie.

Gaia aurait aimé que sa propre mère soit là pour l'aider, surtout pour examiner le placenta et donner les premiers soins au bébé. Elle savait que, en principe, elle n'était pas censée laisser la maman tenir l'enfant, pas même brièvement, mais celle-ci tendait les bras à présent et elle n'avait pas assez de mains pour tout faire.

— S'il vous plaît, murmura la jeune femme.

Ses doigts lui faisaient tendrement signe de lui confier l'enfant.

Les cris du bébé se calmèrent et Gaia le lui donna. Elle essayait de ne pas écouter les doux gazouillis de la maman tandis qu'elle nettoyait son entrejambe et se déplaçait avec légèreté et efficacité, comme sa mère le lui avait appris. Elle était tout excitée et assez fière. C'était son premier accouchement, sans assistance qui plus est. Elle avait aidé sa mère à de nombreuses reprises et savait depuis des années qu'elle voulait devenir sage-femme, mais c'était enfin devenu une réalité.

Presque fini. Se tournant vers sa sacoche, elle en sortit la petite bouilloire et les deux tasses que sa mère lui avait offertes pour ses seize ans, à peine un mois plus tôt. À la lueur du foyer, elle transvasa de l'eau d'une bouteille dans la bouilloire. Elle alimenta le feu ; une lumière jaune jaillit sur la mère et son bébé emmailloté.

— Vous vous en êtes bien sortie, fit Gaia. Combien d'enfants cela vous fait-il, déjà ? Quatre, m'avez-vous dit ?

— C 'est ma première, répondit la jeune maman d'une voix chaleureuse empreinte de plaisir et d'admiration.

— Quoi ?

Les yeux de la femme luirent brièvement quand elle regarda Gaia et elle sourit. Embarrassée, elle lissa une boucle moite de sueur derrière son oreille.

— Je ne vous l'ai pas dit avant. J'avais peur que vous refusiez de rester.

Gaia s'assit doucement près de l'âtre, accrocha la bouilloire à une tige métallique et l'avança au-dessus du feu pour qu'elle chauffe.

Les premiers accouchements étaient les plus difficiles, les plus risqués, et, bien que celui-ci se soit déroulé sans encombre, Gaia savait qu'elles avaient eu de la chance. Seule une sage-femme d'expérience aurait dû s'occuper de cette naissance, non seulement pour le bien de la mère et de l'enfant, mais aussi pour ce qui allait suivre.

— Je serais restée, dit Gaia doucement, mais uniquement parce que personne d'autre ne pouvait venir. Ma mère était déjà partie à un autre accouchement.

La femme paraissait à peine l'entendre.

— N'est-elle pas magnifique ? murmura-t-elle. Et elle est à moi. Je peux la garder.

Oh, non, pensa Gaia. Son plaisir ainsi que sa fierté s'évanouirent et elle regretta, à ce moment-là plus que jamais, que sa mère ne fût pas présente. Ou même la vieille Meg. Ou n'importe qui, à vrai dire.

Gaia ouvrit sa sacoche ; elle en sortit une aiguille neuve et une petite bouteille d'encre marron. Elle secoua une boîte au-dessus de la bouilloire pour y faire tomber un peu de thé. L'arôme léger embauma doucement la pièce et la mère sourit à nouveau, lasse, détendue.

— Je sais qu'on ne s'est jamais parlé, dit la jeune maman. Mais je vous ai vues, vous et votre mère, aller et venir à travers la grand-place et monter jusqu'au mur. Tout le monde dit que vous serez aussi douée que votre mère pour le métier de sage-femme et, désormais, je peux en témoigner.

— Avez-vous un mari ? Une mère ?

— Non. Plus de ce monde.

— Qui était le garçon que vous avez envoyé me chercher ? Un frère ?

— Non. Un gamin qui passait dans la rue.

— Vous n'avez donc personne ?

— Plus maintenant. Maintenant j'ai mon bébé, ma petite Priscilla.

Ce n'est pas un bon nom, pensa Gaia. Et le pire, c'était que cela m'avait pas d'importance, car elle ne le garderait pas. La jeune fille versa le thé en silence dans les deux tasses après avoir saupoudré celle de la mère d'une pincée d'agripaume, réfléchissant à la meilleure façon de procéder. Elle laissa tomber ses cheveux pour dissimuler le côté gauche de son visage tandis qu'elle rangeait la bouilloire vide et encore chaude dans sa sacoche.

— Tenez, dit-elle en tendant le thé additionné d'agripaume à la jeune femme étendue sur le lit et en reprenant en douceur le bébé allongé à côté d'elle.

— Que faites-vous ? demanda la mère.

— Buvez. Cela apaisera la douleur.

Gaia but une gorgée de sa tasse pour donner l'exemple.

— Je n'ai plus vraiment mal. Juste un peu sommeil.

— C'est bien, dit Gaia en reposant sa tasse près de l'âtre.

Sans bruit, elle rangea son matériel et regarda les paupières de La mère devenir de plus en plus lourdes. Elle démaillota les jambes de l'enfant pour doucement en sortir un pied, puis elle le posa sur la couverture par terre près de la cheminée. Il ouvrit les yeux et les tourna vers les flammes : des prunelles sombres, ternes. Impossible de dire de quelle couleur ils seraient plus tard. Gaia essuya le fond de sa tasse de thé avec un bout de chiffon propre, absorbant ce qu'il restait du liquide chaud, puis le frotta sur la cheville du bébé pour la nettoyer. Elle plongea l'aiguille dans l'encre marron, la tint brièvement à la lumière puis, rapidement, comme elle l'avait déjà fait sous la supervision de sa mère, elle enfonça l'épingle dans la cheville du nouveau-né à quatre reprises. L'enfant cria.

— Que faites-vous ? demanda la mère, bien réveillée à présent.

Gaia emmaillota de nouveau le bébé qu'elle avait tatoué et le prit fermement dans un bras. Elle glissa la tasse, l'aiguille et l'encre dans sa sacoche. Puis elle s'avança, saisit la seconde tasse à côté de la mère, et souleva son bagage.

— Non ! cria la mère. Vous ne pouvez pas ! On est le 21 avril ! Personne n'avance jamais de bébé si tard dans le mois !

— Ça ne dépend pas de la date, dit Gaia doucement. Ce sont les trois premiers bébés de chaque mois.

— Mais vous avez déjà dû en mettre au monde une demi-douzaine ce mois-ci, hurla la femme en se levant.

Elle parvint tant bien que mal à déplacer ses jambes jusqu'au bord du lit.

Gaia recula d'un pas, s'armant de courage.

— C'est ma mère qui les a mis au monde. Celui-ci est mon premier. Ce sont les trois premiers bébés de chaque sage-femme.

La mère la dévisagea, le choc et l'horreur se succédant sur son visage.

— Vous ne pouvez pas, murmura-t-elle. Vous ne pouvez pas prendre mon bébé. Il est à moi.

— Je le dois, dit Gaia en reculant. Pardonnez-moi.

— Mais vous ne pouvez pas, souffla la femme.

— Vous en aurez d'autres. Vous en garderez certains. Je vous le promets.

— S'il vous plaît, supplia la femme. Pas celui-ci. Pas mon seul enfant. Qu'ai-je fait ?

— Pardonnez-moi, répéta Gaia.

Elle avait maintenant atteint la porte. Elle vit qu'elle avait laissé sa boîte de thé près de la cheminée, mais il était trop tard pour retourner la chercher.

— On prendra bien soin de votre bébé, fit-elle, se servant des phrases toutes faites qu'elle avait apprises. Vous rendez un grand service à l'Enclave, et vous serez dédommagée.

— Non ! Dites-leur de garder leur sale dédommagement ! Je veux mon bébé !

La mère s'élança à travers la salle, mais Gaia s'y attendait et, en un instant, elle sortit de la maison pour descendre promptement la sombre ruelle. Au deuxième coin de rue, elle dut s'arrêter car elle tremblait si fort qu'elle avait peur de tout lâcher. Le nouveau-né émit un murmure inquiet et Gaia replaça sa sacoche sur son épaule droite afin de réconforter de ses doigts tremblants le petit enfant emmailloté.

— Chut, murmura-t-elle.

Loin derrière elle, elle entendit une porte s'ouvrir, puis une plainte déchirante.

— S'il vous plaît ! Gaia ! appelait la voix

Le cœur de la jeune fille se serra.

Elle renifla fort et tourna son visage vers le sommet de la colline. C'était bien pire que ce qu'elle avait imaginé. Redoutant d'entendre un autre cri dans la nuit, elle reprit sa marche et gravit rapidement la colline en direction de l'Enclave. La lune diffusait une clarté bleue sur les sombres bâtiments de bois et de pierre qui l'entouraient ; elle trébucha sur un caillou. Contrastant avec le sentiment d'urgence qui la faisait avancer, un silence profond et paisible régnait. Elle avait fait ce trajet à de multiples reprises pour sa mère mais, jusqu'à cette nuit, il ne lui avait jamais semblé si long. Elle savait que tout irait bien pour le bébé, même mieux que bien. Elle savait que la mère en aurait d'autres. Mais avant tout, elle savait que la loi exigeait d'elle qu'elle livre cet enfant ; si elle ne le faisait pas, elles pourraient toutes deux le payer de leur vie.

Elle savait tout cela mais, l'espace d'un instant, elle aurait aimé qu'il en aille autrement. En dépit de tout ce qu'on lui avait appris, elle aurait aimé ramener le bébé à sa mère et lui dire : « Tenez, reprenez la petite Priscilla. Partez pour le désert et ne revenez jamais. »

Elle tourna à un dernier croisement et se retrouva dans la lumière qui tombait sur les portes de l'arche Sud, une seule ampoule qui brillait au centre d'une lanterne dont les miroirs réfléchissaient l'éclairage sur les portes et la terre battue. Deux soldats en uniformes noirs se tenaient devant deux imposantes portes en bois. Elle laissa glisser ses cheveux pour couvrir sa joue gauche et, instinctivement, garda ce côté du visage dans l'ombre.

— Tiens ! Ne serait-ce pas une petite livraison ? demanda le plus grand des hommes.

Il ôta son chapeau à large bord d'un ample geste du bras et le cala sous son coude.

— Tu nous apportes un des bébés de ta mère ?

Gaia s'avança doucement, le cœur cognant contre ses côtes. Elle dut s'arrêter pour reprendre son souffle. Elle pouvait presque entendre les gémissements plaintifs de la mère derrière elle et elle craignait qu'elle ne l'ait suivie sur ses jambes pâles et tremblantes. Un oiseau passa au-dessus d'eux dans un rapide battement d'ailes. Gaia fit un pas de plus en avant et entra dans la lumière rassurante de la lanterne.

— C'est le mien, annonça Gaia. Mon premier.

— C'est vrai ? dit le second garde, apparemment impressionné.

— Sans assistance, répondit-elle, incapable de réprimer la lueur de fierté dans ses yeux.

Elle posa un doigt sur la couverture, sous le menton de l'enfant, jetant un regard satisfait à ses traits réguliers, au parfait sillon au-dessus de sa lèvre supérieure. La grande porte s'ouvrait ; elle leva les yeux et vit une femme vêtue de blanc s'avancer dans sa direction. Elle était petite, avec le tour de taille replet de ceux qui mangent à leur faim. Son visage reflétait maturité, compétence et, si Gaia ne se trompait pas, empressement. Elle ne la reconnut pas, mais elle avait déjà vu d'autres femmes de la nursery comme elle.

— Le bébé est-il parfait ? lui demanda-t-elle en s'approchant.

Gaia acquiesça.

— Je n'ai pas eu le temps de le laver, s'excusa-t-elle.

— Ce n'est rien. Il n'y a pas eu de problème avec la mère ?

Elle hésita.

— Non, elle était ravie de servir l'Enclave.

— Quand a eu lieu la naissance ?

Gaia tira sur la chaîne qui pendait à son cou et sortit sa montre de gousset de l'encolure de sa robe.

— ll y a quarante-trois minutes.

— Excellent. N'oublie pas de vérifier le nom de la mère et son adresse sur la grand-place demain matin pour t'assurer qu'elle soit dédommagée.

— Je le ferai, répondit Gaia en glissant la montre dans sa robe. La femme tendit les bras vers le bébé mais ses yeux se levèrent vers la jeune fille et elle s'arrêta.

— Montre-moi ton visage, mon enfant, demanda-t-elle doucement.

Gaia leva légèrement le menton et lissa ses cheveux derrière son oreille gauche à contrecœur. Elle se tourna face à la lampe qui brillait au-dessus de la grande entrée pour être en pleine lumière. Comme de fines flèches invisibles, six yeux convergèrent vers sa cicatrice et s'y attardèrent dans une curiosité muette. Elle s'efforça de ne pas bouger et de supporter leur regard insistant.

Le plus grand des gardes se racla la gorge et porta son poing aux lèvres pour toussoter.

— C 'est du bon travail, Gaia Stone, finit par dire la femme, lui adressant un sourire avisé. Ta mère sera fière de toi.

— Merci, massœur, fit la jeune fille.

— Je suis massœur Khol. Dis-lui bonjour de ma part.

— Oui, massœur.

Gaia libéra ses cheveux de son oreille. Elle n'était pas surprise que la femme de l'Enclave connaisse son nom. Trop souvent, elle rencontrait des gens pour la première fois et apprenait qu'ils avaient entendu parler d'elle, la fille de Bonnie et Jasper Stone, l'enfant au visage brûlé. Elle ne s'étonnait plus qu'on la reconnaisse mais n'aimait pas beaucoup ça. Massœur Khol tendait les bras avec une impatience contenue ; Gaia se pencha doucement pour éloigner le nouveau-né de la chaleur de son épaule gauche et le lui donna avec précaution. Ses paumes s'en trouvèrent légères, vides et froides un moment.

— Elle s'appelle Priscilla, annonça Gaia.

Massœur Khol la regarda curieusement.

— Merci. C'est bon à savoir, dit-elle.

— Tu vas être bien occupée dans les temps à venir, fit le soldat de haute taille. Et tu n'as que dix-sept ans, pas vrai ?

— Seize ans, le corrigea Gaia.

Elle se sentit soudain mal, sans raison, comme si elle allait vomir. Elle leur adressa un bref sourire, changea sa sacoche d'épaule et fit demi-tour.

— Au revoir, dit massœur Khol. J'enverrai ton indemnité chez ta mère, dans le Secteur Ouest Trois, d'accord ?

— Oui, cria Gaia.

Elle redescendait déjà la colline, les jambes flageolantes. Elle ferma brièvement les yeux puis les rouvrit et s'appuya au sombre bâtiment à côté d'elle pour retrouver son équilibre. La clarté de la lune paraissait moins vive maintenant qu'elle s'était avancée dans la lumière de la lanterne et, elle avait beau cligner des yeux, elle ne put les accommoder immédiatement à l'obscurité. Elle dut attendre, debout, juste au coin de la rue donnant sur la porte à la lanterne. Dans le silence, elle entendit pleurer quelque part, non loin, des pleurs discrets et solitaires. Son cœur cessa de battre. L'espace d'un instant, elle fut certaine que la mère de Priscilla n'était pas loin, dans l'ombre, prête à la supplier à nouveau ou à l'accuser. Mais personne n'apparut et l'instant d'après, quand les pleurs cessèrent, Gaia parvint à descendre la colline, s'éloignant du mur en direction de sa maison.

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Extrait ajouté par Pamie 2011-10-08T22:21:43+02:00

C'est l'amour qui nous rend forts.

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Extrait ajouté par myra44 2012-12-15T15:57:38+01:00

Il est des actes qui, une fois commis, ne peuvent jamais être remis en cause parce que, dans le cas contraire, on ne pourrait pas aller de l'avant. Et nous le devons, chaque jour.

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Extrait ajouté par Helgrind 2013-11-15T23:19:26+01:00

- Que sais-tu du sergent Bartlett ? demanda-t-elle.

- En dehors du fait qu'il t'a aidée à t'échapper ? Ca a tout fichu en l'air, tu sais.

- Tout dépend du point de vue.

- Vous êtes amis ? demanda Léon.

- En quelque sorte. Quel genre d'homme est-il ?

Léon se leva et prit une babiole sur le manteau de cheminée : un tout petit batteur à œufs qui ressemblait plus à un jouet qu'à un ustensile. Il fit tourner la petite roue.

- Jack est un garçon comme beaucoup d'autres. Il travaille dur. C'est un bon tireur. Je crois qu'il aime chanter. Pourquoi ?

Gaia aurait aimé avoir le temps de le connaître.

Léon fit tourner la roue si fort que l'un des fouets se cassa. Il jura et ramassa la pièce.

- Oublie-le, Gaia. Ce n'est pas ton genre d'homme.

- Et comment pourrais-tu savoir quel est mon genre d'homme ?

- Ce n'est pas Jack, c'est tout.

- Pourquoi, parce qu'il est gentil avec moi ?

Il poussa les petites pièces du batteur à œufs cassé vers elle.

- Tu peux le réparer ?

- C'est mon frère, d'accord ? Jack Bartlett est mon frère, Odin Stone.

Léon se rassit, médusé.

- Jack est ton frère ? Mais il ne te ressemble pas le moins du monde.

- Merci. Brillante remarque. Très utile.

- D'accord, pas la peine de t'énerver.

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