Extraits

Que fait-on, sous l’eau, lorsqu’on ne peut ni remonter, ni descendre plus bas et qu’on risque d’étouffer si on reste sur place?

"La dernière chose dont j'ai conscience avant de plonger entièrement dans le noir, c'est que je suis au-dessus des toilettes, la bouche ouverte par un sanglot muet, vaguement conscient de voir une quantité anormale de rouge dans la cuvette. Et je me dis alors, avec une clarté surprenante vu les circonstances : au moins, ça, je l'aurai réussi."

"[...] je recule pour observer mon reflet dans son ensemble.

Et elle m'apparait.

J'effleure ma mâchoire, elle la sienne. Je la regarde entrouvrir la bouche de surprise et, pour la première fois depuis longtemps, elle ne fronce pas les sourcils. Elle cligne lentement des yeux. Moi aussi. Parce qu'elle, c'est moi."

Peut-être que c'est cela, la vie : survivre à ce qu'on ne peut pas contrôler, se raccrocher à ce que les vents déchaînés apportent de bon.

Que fait-on, sous l’eau, lorsqu’on ne peut ni remonter, ni descendre plus bas et qu’on risque d’étouffer si on reste sur place?

Mes émotions restent de plus en plus souvent emprisonnées à l'intérieur de moi, où elles pourrissent. Je n'arrive pas à les évacuer, à libérer la tension.

J'ai quelques certitudes : je ne suis pas gay. Je ne suis pas hétéro. Je ne suis pas fait pour me lier avec d'autres êtres humains de cette façon, et je ne suis pas sûr que ce sera un jour le cas. Je suis tous simplement détraqué.

Ses joues s'empourprent et il mime des ciseaux avec ses doigts. La gorge nouée, j'approche, presque par réflexe, mes mains de mon entrejambe. Même si j'étais attaché à ce qui s'y trouve, l'idée qu'Eric puisse penser à mon corps en ces termes, en parler ainsi, me donne envie de disparaître. Je ne suis pas un cas médical ou un être hybride qu'on peut segmenter, je suis une personne.

Peut-être que je n'ai pas envie d'être réduit à un objet sexuel, or j'ai l'impression, vu de l'extérieur, que c'est tout ce que le monde me laisserait être.

Indiana Jones n'a pas eu besoin d'avoir cette conversation, quant à Godzilla, il n'avait pas d'identité sexuelle - il se contentait d'écrabouiller des voitures sous ses pattes et de carboniser des bâtiments avec ses flammes radioactives. Quelle vie de rêve...