Extraits

— Écoute ça.

Gavin attrapa le bras de Mason et l’attira vers lui. Il abaissa sa bouche vers l’oreille de Mason pour parler.

— Tu entends ? Écoute comme le piano et la guitare jouent ensemble. C’est presque comme s’ils se battaient en duel, mais tout en travaillant ensemble. Tu entends comment l’un des deux diminue quand l’autre prend le dessus, et vice versa ?

Gavin adorait ça, adorait la musique et la façon dont elle le faisait se sentir en vie. Pour la plus grande partie de sa vie, ça avait été la seule chose à avoir cet effet-là sur lui.

— J’entends, répondit Mason à son oreille.

Mais il ne l’entendait pas comme Gavin entendait. Si ça avait été le cas, il y aurait eu plus de vie dans sa voix.

— Ferme les yeux, lui dit Gavin.

— Quoi ?

— Ferme les yeux, putain. Allez, avant que ça soit terminé.

Mason fronça les sourcils, mais fit ce qu’on lui demandait. Gavin fonctionnait complètement à l’instinct, sans vraiment savoir pourquoi il avait besoin que Mason entende ce qu’il entendait. Il se glissa derrière lui et enroula ses bras autour de Mason.

— Essaie de bloquer tout le reste et d’écouter.

— Gav…

— Chut. Écoute.

Gavin battit le rythme avec ses pouces sur la poitrine de Mason, tapant plus fort quand le volume montait, et se faisant plus léger quand il diminuait. Sans même s’en rendre compte, il avait fermé les yeux lui aussi. Il tenait Mason par-derrière et écoutait avec lui.

— Piano, chuchota-t-il à son oreille.

Gavin laissa la musique l’emplir, espérant être capable d’en emplir Mason également.

— Guitare, ajouta-t-il quand celle-ci prit le dessus.

Il aimait les groupes qui jouaient avec un piano. Ça ajoutait tellement de dimension à la musique. Son pouce jouait toujours la mélodie sur la poitrine de Mason. Il se concentra sur le rythme, essayant de le suivre, de le faire absorber par Mason.

— Les deux. C’est la guerre, quand ils sont tous les deux à fond.

Mason s’appuya en arrière contre lui. Ils se fondirent l’un dans l’autre ; il y avait des gens tout autour d’eux, qui les touchaient, mais c’était comme s’ils étaient seuls.

— Tu entends ? demanda-t-il.

Il sentit les mots de Mason plus qu’il ne les entendit, sentit leur vibration dans ses mains posées sur sa poitrine.

— Oui, j’entends.

Et puis la chanson fut terminée. Gavin laissa retomber ses bras, mais ne s’en alla pas. Mason tourna la tête et l’inclina vers lui. Gavin vint placer son oreille contre sa bouche.

— Bon sang, c’était sexy. Je crois que je n’avais jamais entendu la musique comme cela auparavant.

— C’est parce que tu n’écoutais pas vraiment. Tu n’es jamais seul si tu as la musique.

Mince, ça sonnait bien plus désespéré qu’il n’en avait eu l’intention.

— Ce n’est pas…

— Allons-y, Musicien.

Mason attrapa sa main et entraîna Gavin à travers la foule. Ils continuèrent à avancer jusqu’à ce qu’ils soient en lisière d’un champ. Ils entendaient toujours la musique, mais ils pouvaient parler sans être obligés de crier et il n’y avait pas plein de monde autour d’eux.

— Assieds-toi, lui dit Mason, et Gavin fit ce qu’il dit.

Mason s’assit à son tour et s’installa entre ses jambes.

— Recommence. Fais-moi sentir la musique.

Et c’est ce qu’il fit. Il entoura Mason de ses bras. Il plaça sa bouche contre son oreille, fredonnant ou murmurant le tempo des chansons. Il tapotait contre la poitrine de Mason, jouant de la musique sur lui. C’était incroyablement érotique. Mais pas seulement.

Il aimait vraiment beaucoup ce mec, et il ne savait pas trop quoi en penser.

Braden termina les œufs au bacon pendant que Wes s’occupait enfin du pain. Ensuite, ils s’assirent à table et mangèrent ensemble. Ce n’est que quand Braden posa sa fourchette dans son assiette et la poussa vers le centre de la table que Wes parla enfin :

— Il faut que je commence à trier les affaires de Chelle.

Est-ce que tu peux m’aider ? Est-ce que tu peux rester ?

Bien sûr, ces questions ne sortirent pas. Ça aurait voulu dire qu’il savait rendre les choses faciles, qu’il pouvait ouvrir la bouche et dire ce qu’il fallait dire sans s’inquiéter d’être vulnérable. Mais Braden comprit. Il comprenait Wes.

Il hocha la tête, se leva et dit :

— Allons-y, alors.

Ce n’était pas la première fois qu’il surprenait Wes, qu’il lui montrait qu’il y avait plus chez lui que ce qu’on voyait à la surface. Ce n’était pas la première fois qu’il pensait que Braden était juste un grand cœur généreux. Enfin, un grand cœur, et des chevilles enflées.

Son cerveau avait beau essayer de lui dire qu’il ne voulait pas de ça, qu’il ne voulait rien, pour la première fois depuis des années, son cœur lui disait quelque chose de différent. Lui donnait envie d’essayer parce qu’il se sentait bien avec Braden. Il avait l’impression d’être à sa place, et que peut-être, l’autre se sentait à sa place avec Wes aussi. Il était honorable et attentionné et Wes ne pouvait pas l’imaginer se barrer comme l’avaient fait son père ou Alexander.

Alors, quand Braden sourit et inclina la tête vers la chambre de Chelle, Wes prit une grande inspiration, entrelaça un de ses doigts avec celui de Braden, et ouvrit le chemin pour mettre en carton la vie de sa sœur.

Noah s’agenouilla devant lui.

— Qu’est-ce tu fous ? paniqua-t-il.

Peu importait que Noah n’ait encore rien fait.

— Je sais pas.

Il y avait dans sa voix une confusion semblable à celle que ressentait Cooper.

Noah tendit la main et toucha celle de Coop, posée sur son genou. Celui-ci baissa les yeux et vit qu’elle était rouge, enflée d’avoir cogné dans le mur. Mais ce n’est pas ce qui retint son attention. Il regarda Noah tracer le contour de ses muscles. Regarda une main qui faisait la même taille que la sienne être carrément en train de le caresser .

Il avait envie de frapper Noah.

Envie de s’enfuir.

Envie de continuer.

Noah explorait davantage et remontait vers son bras. Ce n’était pas comme s’il n’y avait jamais eu de contact entre eux auparavant, mais ça, c’était différent. C’était intime, même si Cooper avait l’impression que c’était un mot stupide pour ce qu’ils étaient en train de faire, mais il n’en voyait pas d’autre.

Les doigts de Noah suivirent les contours des siens, comme s’il voulait les dessiner. Et puis… lentement, ils remontèrent vers son bras.

Putain, mais pousse-le !

Cooper savait que c’était ce qu’il aurait dû faire, mais il observa, fasciné, et se contenta de ressentir.