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De ma vie, de toute ma courte vie, je n'ai jamais eu le cœur aussi vide, de toute ma vie. Sais-tu ce qu'est le Désert où tu m'as abandonné? C'est une étendue de glace à perte de vue. Le ciel y est sombre et sans astre comme une immense mer d'encre au-dessus de ma tête. Il n'y a pas de bruit, de trace, d'odeur, hormis celles de mes larmes et l'empreinte de mon corps enseveli sous la neige. Hormis les claquements de mes genoux et mes dents. Mes doigts endoloris n'existent plus. J'ai un immense trou béant dans la poitrine où l'hiver infiltre en moi ses morceaux de glace aussi tranchants que des éclats de miroirs. A chaque battement de mon cœur, ils me déchirent les artères. Tu m'as laissé dans un désert sans la moindre oasis où me réfugier. Tu m'as laissé dans un désert où je vais disparaître. Je t'en prie, viens me chercher. Viens me chercher.
Afficher en entierChapitre 6 - Fraternité
Je m’approche de lui, il lève la tête et ses mèches blondes dévoilent les nombreuses marques qu’il porte au cou. Des suçons. Mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines. Je lui enlève sa clope de la bouche et tire une longue taffe.
— C’est comment avec un mec ?
Je manque de m’étouffer avec la fumée et me tourne vers lui, je ne suis pas sûr d’avoir bien entendu.
— Qu’tu baises un mec, c’est comment ?
J’ouvre le frigo et sors le jus de pomme, il est complètement défoncé. Je lui réponds avec ironie.
— J’en ai pas la moindre idée.
— Te fous pas de ma gueule, on peut en parler non ? T’as honte ?
— Non.
— Alors tu peux me dire comment c’est ?
— Ces mecs n’étaient rien pour moi. J’ai rien à dire là-dessus.
— Okééééééé… De toute manière, moi c’est une fille qui m’intéresse ! Tu voudrais pas m’expliquer quelques trucs pour être un bon coup ?
Je lui jette un regard sévère tout en buvant dans la bouteille, il bondit de sa chaise et vient vers moi en parlant fort.
— C’est bon, on peut parler sexe, je suis plus un gosse ! En plus t’as une méga expérience ! Tu peux bien me filer quelques tuyaux !
Une sensation de vide creuse ma poitrine, ça commence toujours de cette manière. Je remets la bouteille dans le frigo.
— Les préliminaires par exemple, quand t’es avec une fille…
Il perd l’équilibre et se rattrape à la table. Arrête, vraiment ce n’est pas le moment de me tester. Il se redresse, il tient à peine debout !
— Va te coucher.
— Naaaaan ! Je veux parler de sexe !
Et merde j’ai envie de baiser ! Tout un film de cul se joue au devant de mes rétines ! Je suis tétanisé ! Je dois me reprendre ! Je secoue la tête et prends un air autoritaire.
— Sale gosse, monte dans ta chambre immédiatement !
La situation est presque comique.
— Je suis pas un gosse BORDEL DE MERDE !
Il perd à nouveau l’équilibre, je le rattrape. Je n’ai pas le choix, je vais devoir l’y traîner ! Je le tire, il se laisse tomber de tout son poids sur le carrelage !
— J’AI PAS SOMMEIL ! THOMAS ! JE VEUX PAS DORMIR !
Je le saisis par la taille et le soulève comme une plume, il remue, je le pose sur mon épaule et me dirige vers l’escalier. Il n’arrête pas de bouger, il essaye même de me donner des coups de genoux ! Johann, arrête de me donner des coups. Arrête, ça m’excite encore plus ! Mon esprit se met à délirer, je sens que la tension est en train de monter, pas maintenant, pas maintenant ! Je serre, je serre ma putain de laisse, je ne veux pas briser ma chaîne, je suis un clébard bien dressé.
Afficher en entier"-Je souhaite voir le jour où à ton tour, tu te lamenteras, tu ramperas aux pieds d'un humain,, tu souffriras la torture de savoir qu'il est éphémère et que tu le perdras. Quand un humain t'arrachera le coeur au nom de tous ceux que tu as broyés sans le moindre respect pour la vie qu'ils abritaient. Je veux te voir te démener comme un désespéré et supplier, trembler de terreur devant l'inévitable jour de sa mort.
Il me libère. Je m'effondre au sol. Je respire bruyamment , je tremble, l'Enfer est un pays semblable à l'Antarctique pendant la longue nuit. Je relève la tête, il est parti."
Afficher en entierJe me lève, aperçois mon corps dans le miroir, je m'en approche, ce corps me parait trop grand, trop brutal, trop tagué pour être humain. Je revois ces lignes de points couper le visage en deux, trois lignes incarnées qui passent au dessus de l’arête du nez et qui disparaissent dans la chevelure longue et noire. J'ai l'image des grands fauves d'Afrique, je sais enfin à quoi me fait penser ce corps, ce n'est pas un homme mais une bête.
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