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Comme s'il estimait que le sujet était clos, Lysander tenta de l'embrasser, mais Blue détourna la tête.
- On doit se battre côte à côte.
- Hors de question, gronda-t-il, je vais prendre soin de toi, à présent! Tu ne t'approcheras plus jamais d'un champ de bataille et on ne te fera plus jamais souffrir, conclut-il, en caressant du pouce l'ourlet inférieur de son nouvel oeil.
Lysander était possessif jusqu'à en devenir idiot, et trop passionnément mâle pour se rendre compte que ces paroles, loin de lui plaire, lui brisaient au contraire le coeur.
Son ange essayait de lui couper les ailes qu'elle ne possédait même pas.
- Je refuse!
Les doigts de Lysander s'enfoncèrent profondément dans la chair de ses bras tandis qu'elle essayait d'échapper à son emprise.
- Tu ne peux plus faire machine arrière, trancha-t-il, d'un ton si calme qu'il en devenait menaçant.
Elle frissonna, puis essaya de dompter ses spasmes de fureur qui agitait ses petites poings. Leur rapport amoureux venaient de se transformer en rapport de force, et elle comptait bien gagner.
- Je ne suis pas une petite chose fragile que tu dois protéger! Je suis puissante, et lors de cet affrontement, tu auras besoin de moi à tes côtés!
Lysander ne tenta même pas de nier.
- J'ai surtout besoin que tu restes en vie.
Blue encaissa le coup et détourna la tête. Son Ange ignorait qu'elle n'était qu'une femme en sursis. Se méprenant sur les raisons de son mutisme, Lysander poussa un grognement de triomphe - une victoire célébrée avec bien trop de préméditation.
- Tu n'es pas encore assez forte pour affronter mon oncle et ma tante, Blue.
Elle riposta en sifflant :
- Si tu m'écarte, je ne te le pardonnerais jamais! Je refuse d'être traitée comme une invalide plus longtemps!
Lysander recula de trois pas en secouant la tête.
- Soit raisonnable Blue. S'il te plaît. Et met toi à ma place.
Puis sans lui laisser la moindre chance d'argumenter, il s'en alla.
- Je n'ai pas dit mon dernier mot, mon ange! s'écria-t-elle dans le vide.
Non, elle ne l'avait pas dit. Pas encore. Blue allait se battre. Contre les tendances protectrices de Lysander, qui tentait de la museler et de la reléguer au rang abject de demoiselle en détresse. Contre le destin, qui l'offrait en sacrifice à la fatalité. Et contre quiconque se mettrait en travers de son chemin. Elle n'allait pas mourir. Elle n'allait pas abdiquer. Ce combat était aussi le sien et elle ne permettrait à personne de l'oublier.
Afficher en entierTu es prêt à tuer pour elle, et à la tuer pour sauver le monde, mais la véritable question, c'est : et toi, Black, es-tu prêt à mourir s'il le fallait ?
Afficher en entier- C'est Red qui m'a balancée, n'est-ce pas ? soupira Blue d'un ton maussade, la main crispée sur la lanière de son minable baluchon, lorsqu'elle vit Lysander émerger des ombres et lui bloquer le passage qui menait aux escaliers.
[...]
- Elle a débarqué comme une furie dans la Salle du Conseil, enragée, et a menacé mes bijoux de famille de représailles très douloureuses si je ne me bougeais pas les fesse. Il paraît que suis un mauvais petit-ami.
Ses yeux pétillèrent, mais Blue était trop remontée pour goûter à la plaisanterie.
- Petit-ami ? C'est ainsi que tu te définirais, si on te demandait de mettre une étiquette sur notre relation ?
Afficher en entier— Mais retiens-moi, bordel ! finit-elle par s’écrier, la main sur la poignée de la porte, à deux doigts de la faire tourner. Empêche-moi de partir ! Oblige-moi à rester !
Lysander semblait abasourdi.
— Ce n’est pas ce que tu veux…
Sa voix tenait à peine du souffle, l’esquisse fantomatique d’un chuchotement.
— Au diable mes rêves idéalistes de jeune fille ! Au diable mes fantasmes bienheureux d’une vie de couple idéalisée ! Tu as pris entièrement possession de mon être, de mon cœur, et je refuse que tu me le rendes si facilement, comme si je ne valais rien ! Je mérite que tu te battes pour moi ! Je mérite que tu souffres pour me garder !
Afficher en entierTu fais erreur : nous sommes comme le jour et la nuit. Le soleil et la lune. L'eau et le feu. Tu es la mort, la cruauté personnifiée dans un corps certes semblable au mien, mais nos âmes sont à l'exact opposé l'une de l'autre. Je suis tout ce que tu ne seras jamais !
Afficher en entierLa Vie doit donner la vie pour la garder
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