Extraits

"C'est ça, l'amour...Le moindre détail, un geste attentif que fait l'autre, un message mignon, peuvent réussir à égayer une journée. Mais comme le dit le dicton, l'amour rend aveugle. Il peut faire pardonner l'impardonnable."

- Alors, je vais t’embrasser, et si tu ne veux vraiment pas avoir affaire à moi, repousse-moi. Mais je t’en supplie, ne m’évite plus, parce que ça me tue, murmure-t-il en collant son front contre le mien.

- On va enfin avoir notre discussion. On va parler de tout ce dont nous avons besoin de parler, et pas seulement de ce putain de baiser, annonce-t-il. Je veux savoir qui t’écrit ces lettres de menace. C’est qui, ce mec ? Il me connaît ? C’est quoi, cette histoire, Blue ? Et pourquoi il t’appelle J, comme Anabella l’autre jour ? J’ai envie de connaître ton passé, Blue. Maintenant, ça me concerne aussi. Tu es en train de me rendre complètement dingue. Je ne te comprends pas, c’est tellement frustrant !

- Je t’en supplie, Blue, regarde-moi. Parle-moi, frappe-moi, je ne sais pas, mais fais quelque chose.

Je lève lentement les yeux vers lui, ne laissant paraître aucune émotion. Son regard s’ancre dans le mien, il est triste et fatigué, cela se voit, mais je ne flanche pas et garde un visage fermé.

- Lâche-la tout de suite ! ordonne-t-il au garçon qui tient mon bras.

- Rey, ça faisait longtemps ! s’exclame l’autre.

- Lucas, si tu ne veux pas que ça finisse comme la dernière fois, je te conseille de la lâcher tout de suite, le menace-t-il en s’approchant de nous.

- Depuis quand tu défends les filles, Nathan ? demande le fameux Lucas.

Nathan ne répond pas et pousse Lucas avant de passer son bras autour de mes hanches. Il m’attire contre lui, et nous marchons rapidement jusqu’à la voiture.

- Je connais ta faiblesse, maintenant, Rey !

- Qu’est-ce que tu caches, Blue Stevens ? me demande-t-il.

'Beaucoup de choses, Nathan, trop même.' Je retire sa main de mon genou et me rends compte que nous sommes arrivés. Avant de descendre de la voiture, je vois qu’une enveloppe est accrochée à ma porte. Nathan l’a remarquée, lui aussi.

- Qu’est-ce que c’est ?

- Rien, je réponds. Maintenant, sors de ma vie et ne pose plus de questions à Anabella à propos de moi, j’ajoute sèchement.

- J’ai rêvé de papa cette nuit, m’annonce mon frère.

Sous le choc, le couteau m’échappe et tombe au sol. Je me dépêche de le récupérer. Nathan me lance un regard plein de questions, je vois qu’il est surpris par ma réaction. Je tends la tartine à mon frère et mets le couteau dans le lave-vaisselle.

- Il faisait quoi, ton papa, dans ton rêve, bonhomme ? demande Nathan.

- Il sauvait Blue du vilain garçon, répond Kylian.

Heureusement, Kylian fait son apparition dans la cuisine.

- Y a un truc pour toi, déclare-t-il en me tendant l’enveloppe.

C’est encore l’une de celles que Nathan m’envoie. Je l’ouvre.

[Je croyais que tu n’aimais pas faire la fête. Avant, tu faisais tout pour éviter d’aller en soirée.]

Une boule se crée dans mon estomac. « Avant » ? Comment Nathan peut-il connaître mes anciennes habitudes ? Je comprends alors que ce n’est peut-être pas lui qui m’a envoyé toutes ces lettres. Si la personne qui les écrit fait référence à « avant », ça veut dire que c’est quelqu’un que j’ai connu dans le passé. Est-ce que ça pourrait être Anabella ? Ou, pire, si c’était Lui qui m’avait retrouvée ? Je commence à paniquer, le rythme de mon cœur s’accélère.

Alors que je me tourne sur le ventre, mes yeux se posent sur une enveloppe placée sur mon oreiller. Elle est de la même couleur que celle de l’autre jour. Perplexe, je sèche mes larmes et l’ouvre. C’est la même écriture.

[Le pauvre petit Kylian, il a pleuré parce que papa Stevens est parti. J’espère que toi aussi, tu vas pleurer toutes les larmes de ton corps, ainsi que toute ta famille.]

La méchanceté de cette lettre est écœurante. Pourquoi Nathan m’écrit-il un mot pareil ? C’est comme ça qu’il veut me prouver qu’il peut être gentil ? Je savais qu’il pouvait être réellement méchant, mais je ne pensais pas qu’il pouvait l’être à ce point. Et puis, comment pouvait-il être au courant, pour mon père ?

Même si je commençais à découvrir Nathan sous un nouveau jour, je me rends compte qu’il est fidèle à sa réputation, en fait. Ma décision est prise. Sous le coup de la colère, je saisis mon téléphone et écris un message à Rey.

[Ne m’adresse plus jamais la parole.]

Je n’ai pas le temps de me poser plus de questions, puisque nous arrivons enfin à l’aéroport. Je marche lentement, voulant repousser le plus possible les adieux. Les yeux de Kylian sont déjà humides, alors j’essaye de ne pas montrer mes émotions. Ma mère serre la main de mon père de toutes ses forces. Aucun d’entre nous ne parle. Une boule se forme dans ma gorge, qui m’empêche de dire le moindre mot. Elle est présente à chaque départ de papa.