Commentaires de livres faits par Bluenn
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Zeera s’était approchée de la fenêtre. Celle-ci donnait sur un autre secteur de la base. Un alignement de hangars se dressait devant elle. L’un d’eux ouvrait ses grandes portes face à un hovercraft qui faisait demi-tour, dirigé par un type minuscule dont la casquette et l’énorme cache-oreilles lui donnaient un air ridicule. Zeera s’appuya nonchalamment contre le rebord et regarda la manœuvre. Sur la piste, un appareil de la Fédération était en train de se poser. Ses réacteurs faisaient un boucan d’enfer qu’on entendait malgré le double vitrage.
— Des surhommes, docteur Kingsley, continuait cependant Aryan Turner. Pas de simples augmentés comme vous et moi, non, mieux que ça…Des Hommes parfaits. Créez-m'en un, et vous serez engagée.
Deux.
Trois.
— Moi, je vois un autre chemin.
C’est trop tard pour elle.
Elle a dépassé le croisement et s’est enfoncée dans les ténèbres, jusqu’à un point de non-retour.
Mais ça ne l’est pas pour moi, non…
Je vais le massacrer.
Pourtant, aujourd’hui n’a pas été différent de d’habitude.
J’ignore pourquoi je me sens aussi étouffée, aussi enragée, mais j’ai décidé de devenir maîtresse de ma vie. Je suis prête à sauter le pas, à changer, à me battre.
Mais, pour ça, j’ai besoin d’elle…
— T’avais pas à t’en mêler !
— Je fais encore ce que je veux avec mon sang !
Un échange sibyllin qui prit brutalement fin au moment où le battant en bois rencontra violemment le mur de pierre.
Les deux vampires tournèrent d’un même mouvement la tête vers le nouveau venu et clignèrent des yeux, interdits, en détaillant le négligé de sa tenue. Il avait l’air de sortir du lit, sauf que techniquement, Nechtaàn prenait toujours au moins deux heures pour se préparer.
— J’hésite entre vous arracher les cordes vocales pour que vous la boucliez, susurra-t-il, ou vous demander si, par miracle, il y a une bonne raison à tout ce BRUIT !
Il tonna le dernier mot d’une voix gutturale, qu’il n’employait pas d’habitude. Cela eut pour effet de motiver le prince de Valachya à expliquer son problème.
— Tu peux, si tu veux.
Ses doigts s’égarèrent sur ses jambes frêles, remontant de sa cheville jusqu’à son genou. Seuls son index et son majeur la touchaient, provoquant un frisson d’horreur mêlée à de l’excitation. Arrivé près de ses cuisses, il pressa sa peau pour l’enjoindre à les écarter. Mue par un élan irrésistible, elle obéit. Il caressa alors chacune de ses cicatrices et elle aurait aimé voir les émotions défiler sur son visage. Seuls ses yeux brillaient dans l’obscurité, deux billes émeraudes, comme dans ses rêves. Elle aurait pu jurer qu’il lui souriait.
— C’est beau.
— Quoi ?
— Les dessins sur ta peau.
Elle rêvait, cette nuit-là. Un songe qui tournoie dans son esprit, des images diverses, éparses, qui n’ont aucun sens mais qui bercent l’innocente. Puis une ombre apparait. Juste là. A côté de son lit. Elle ouvre les yeux mais est incapable de bouger. Elle ne voit que sa silhouette dans la pénombre et un morceau de son visage, éclairé par la demi-lune. Des yeux verts émeraude et des gouttelettes rouges sur ses joues. Sur son front. Dans son cou.
— Lison. Lison. Joli cœur.
Il fredonne, comme un enfant.
— Lison. Lison. Ma belle Lison.
Il approche son index et caresse sa joue. Quelque chose d’humide la marque.
— Pas encore. Mais bientôt. Tu m’attendras, Lison ? Lison…Lison…Joli cœur. Tu m’attendras, n’est-ce pas ? Tu es à moi.
La lune dévoile un sourire tendre et l’instant d’après, le songe s’efface.
Elle s’éveille en sursaut, porte la main à sa joue où subsiste la froideur de la caresse. Elle regarde ses doigts. Rouges.
Elle hurle.
Mais c’est trop tard.
Il agita les doigts et des ombres entourèrent le bébé pour l’emmener jusqu’à lui, tandis que d’autres sortaient de la pièce jusqu’à trouver les biberons improvisés. L’enfant gazouilla pendant que Nechtaàn lui gratouillait le ventre.
— Qui c’est le joli petit corps de papa ? gagata-t-il. Mais oui, c’est toi.
— C’est glauque.
— Mais non. Alors, qui c’est qui va manger pour grandir vite hein ? Mais ouiii c’est toi.
— D’où le sol en béton, cette fois. Suis un peu, soupira Nechtaàn.
Après un ricanement bref, Aleksandr attrapa sa veste en cuir, qu’il jeta négligemment sur une de ses épaules.
— Je préfère fuir un peu ton entourage immédiat cette nuit et chercher de mon côté. Tu noteras ma dévotion à ta cause.
Son petit sourire condescendant donna à l’Ar’narakhe l’envie de lui arracher les yeux, avec une tendresse toute particulière.
— Ta foi n’a aucune limite.
— Mon amour pour l’immortalité non plus. Essaie de relativiser, quand tu auras échoué.
Sans mauvais jeux de mots.
— Ton ingratitude me blesse, Nechtaàn.
— Pauvre chéri, tu veux un bisou pour me faire pardonner ?
— Proposé si gentiment, rétorqua le vampire avec un sourire carnassier.
En guise de réponse, Abygaël poussa un hurlement en se tenant le ventre à deux mains, tandis que le cambion qui y grandissait pendant plus de huit mois se frayait un chemin à coups de dents dans sa chair.
— Je ne t’avais jamais raconté cette histoire, n’est-ce pas ?
— Raphaël ! coupa Abygaël en haletant. Quand je t’ai demandé de faire quelque chose je voulais dire pour cette foutue monstruosité qui me bouffe de l’intérieur !
— Oh… Pourtant j’ai l’impression que mon histoire est plus intéressante, répondit-il, une moue boueuse plantée sur ses lèvres fines.