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Stefano vit Allegra se raidir, les doigts figés sur les boutons de son manteau. Elle ne se tourna pas vers lui et resta de profil, la tête baissée, offrant à son regard l’angle parfait de sa mâchoire, la courbe gracieuse de son cou et de son épaule. Une fine mèche d’or sombre, échappée de son chignon, bouclait contre sa peau délicate.
Il s’était arrangé pour obtenir de l’obséquieux George Mason une invitation de dernière minute au mariage de sa fille uniquement parce qu’il savait qu’Allegra y serait. Seules l’intéressaient ses compétences professionnelles et l’aide qu’elle pouvait apporter à Lucio. Il ne voulait pas repenser au passé.
Mais maintenant qu’il l’avait devant lui, il se rendait compte que leur histoire ne pouvait être balayée si facilement. Il allait falloir régler cela très vite, sans heurt. Il s’avança vers elle, et son souffle fit trembler la fine boucle de cheveux qui effleurait son cou.
– Tu ne pars pas déjà, n’est-ce pas ?
Lentement, avec précaution, elle se retourna. Il vit ses yeux s’agrandir comme si, même après avoir entendu sa voix, elle restait surprise, ou effrayée, de le voir. Il sourit et, d’un geste rapide, lui ôta son manteau.
– Cela faisait longtemps…, dit-il.
Les souvenirs resurgissaient entre eux, faisant palpiter l’air de mille émotions secrètes. Allegra le regardait de ses grands yeux lumineux, si semblable à la jeune fille qu’il avait connue des années plus tôt. Un éclair de douleur le traversa – ou était-ce de la colère ? Il chassa cette image de son esprit. Il ne devait penser qu’à Lucio. Pas à Allegra. Surtout pas à Allegra. Il se força à sourire.
– Tu viens à la fête avec moi ?
Allegra savait qu’elle aurait un choc en le revoyant, mais ne s’attendait pas à se sentir aussi bouleversée, troublée. Aujourd’hui encore, après toutes ces années, elle était frappée par la beauté de ce corps mince et musclé, par sa grâce féline. Il la fixait, magnifique dans son costume italien de soie bleu marine, un demi-sourire aux lèvres.
– Bonsoir, Stefano, dit-elle, en s’efforçant de reprendre le contrôle de ses sens. Cela fait longtemps, en effet. Mais j’étais en train de partir.
Elle avait maintes fois imaginé ces retrouvailles avec Stefano, et selon les scénarios l’avait imaginé furieux, indifférent ou simplement dénué de remords. Jamais elle ne se l’était figuré ainsi, souriant, aussi à l’aise avec elle qu’avec une vieille connaissance, et ne demandant rien de mieux que de savoir ce qu’elle était devenue.
Mais peut-être était-ce précisément ce qu’ils étaient aujourd’hui : de vieilles connaissances. Sept ans, c’était long : ils avaient évolué, avaient mûri. Et puis, Stefano, lui, n’avait pas de regrets, n’avait pas eu le cœur brisé.
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