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– Je vais bien, vraiment. Mais vous, vous allez avoir des ennuis si vous ne retournez pas faire des pompes.
– J’ai prévenu le coach, Doc.
– On est embauchés pour te raccompagner chez toi, Paige.
– Quoi ? Mais non ! Il y a match, ce soir, je dois être là pour vous.
– Paige…
– Doc…
– Vous vous rendez compte qu’aucun de vous n’est mon grand frère ? Ni mon père, d’ailleurs, ironisé-je. Ce n’est pas parce que vous êtes des mecs beaucoup plus grands que moi que vous devez me dire ce que je dois faire.
– Ordre du coach. C’est plus fort que la famille.
– Non !
Afficher en entierPartie I : Chapitre 4 :
Février
Paige
«… Emma remonte les manches de son cardigan avant de secouer la tête pour, j’imagine, se remettre les idées en place. Machinalement, je me rapproche d’elle afin d’entendre sa prochaine déclaration tout en mangeant des chips pour essayer d’éponger la tequila, sans grand succès.
— Il faut monter un plan !
— Un plan ?
— On l’appellera le « Méga Plan » !
— Le méga plan ?
— Dis, t’arrêtes un peu de répéter tout ce que je dis !
— Oups, désolée, dis-je en ricanant.
— Déjà, tu vas retourner chez le coiffeur, parce que ta coupe est dans tous les sens.
Je baisse la tête sur les larges boucles auburn qui tombent sur ma poitrine, et ne vois pas vraiment où est le problème. Je relève mon visage trop vite et le bar se met à tourner autour de moi.
— Ensuite, on va s’occuper de ta peau ! Tu as un joli teint, mais on doit faire quelque chose pour ces rougeurs causées par le froid. Et puis il faut qu’on fasse du shopping.
— Tu peux t’arrêter deux secondes ? Pourquoi tu dis tout ça ? Je comprends rien du tout.
— Bah, Paige, il ne faut pas que tu rates ta chance.
— Quoi ?!
Un air interloqué se plaque sur mon visage.
— Il faut te caser avec Pettersen, nunuche !
— Hein ?
— Bah, oui !
— Tu es une grande malade, en plus d’être une complète obsédée sexuelle.
— Oui, je sais, mais il n’empêche que j’ai raison !
— Non.
— Si !
— Non… parce que, encore une fois, tu oublies deux choses : déjà, je n’ai pas-le-droit. Et ensuite, même si les mecs de Queer Eye se pointaient chez moi demain matin, je resterais toujours insignifiante.
— Chut !... »
Afficher en entierLe barman me tend un shot et je l’avale d’un seul coup, sous les yeux médusés des Gatineau. L’alcool me brûle la gorge et ça fait un bien fou.
– Une autre, demandé-je.
– Doc !
– Quoi ?
– Tu bois comme un mec !
– Chéri, garde tes réflexions sexistes pour une autre occasion, lance alors Gina en avalant aussi son shot cul sec.
Thomas écarquille alors les yeux et je sens qu’il est à deux doigts de sauter sur sa femme. Ça me fait rire : ils sont tellement adorables, tous les deux !
J’ai à peine attrapé mon deuxième verre qu’une main se pose délicatement sur mon poignet pendant qu’une autre me débarrasse de l’alcool et le dépose sur le bar. Je jette un œil à côté de moi, mais je sais déjà de qui il s’agit.
Afficher en entierIl avance vers moi en se triturant les mains et je suis morte de trouille à l’idée qu’il s’approche. Dire qu’il respire l’élégance et le charisme est un euphémisme. Il est époustouflant, et je suis littéralement incapable de détourner le regard.
Je sens alors Thomas s’approcher derrière moi. Il me chuchote à l’oreille.
– J’en connais un qui va se trimballer avec une gaule d’enfer toute la soirée !
Je lui donne un coup de coude dans le ventre.
Afficher en entier– Doc ? T’es célibataire ?
– Mets-toi sur le ventre, s’il te plaît, je vais terminer par un massage, lui ordonné-je.
J’essaie de garder un tant soit peu de contenance parce que, d’un côté, parler de ma vie amoureuse ne me met pas super à l’aise, et de l’autre, devoir me confier sur ce moment irréel que j’ai vécu avec Soren ne pourra que me faire passer pour la dernière des puck bunnies5.
– Donc, tu es célibataire.
Je le regarde et indique la table d’un signe impérieux du menton.
– Allez, Gatineau, sur le ventre !
– Ne m’appelle pas Gatineau, on dirait le coach. Pourquoi tu ne m’appelles pas « Big G », comme les autres, ou « lapin », comme ma femme ?
– Le prends pas mal, mais je ne te trouve pas vraiment des airs de lapin… On va s’en tenir à Thomas.
– C’est toi, le doc, Doc !
– Sur le ventre…
Il s’exécute en rigolant. J’ouvre mon flacon, verse une bonne dose de crème au creux de ma main et réchauffe le produit. Alors que je commence à masser ses trapèzes, il revient à la charge.
– On pourrait organiser un truc. S’il est célibataire, bien sûr, mais ce serait dingue, non ? T’imagines les journaux : la jeune thérapeute trouve l’amour auprès de la nouvelle star des Rangers et…
– T’as fini de raconter n’importe quoi ! m’écrié-je. On dirait une adolescente ! Tu te rends compte ?
– Ouais, je sais, Doc. Je me suis déjà donné comme mission de trouver la future femme de Clark, mais je peux carrément te mettre sur mon agenda. Mon épouse dit que c’est mon côté féminin. Je ne peux pas m’empêcher de m’occuper des histoires de cœur des autres.
Je laisse échapper un éclat de rire, car Thomas Gatineau n’a absolument rien de féminin en apparence. Il est immense, mesure près d’un mètre quatre-vingt-dix, ne doit pas être loin du quintal, tout en muscles, et il exhibe une magnifique barbe de bûcheron. Alors, l’entendre dire qu’il adore jouer les entremetteurs ne peut que me faire sourire.
Afficher en entierJ’ai à peine mis un pied dans les vestiaires que je tombe nez à nez avec un Soren dégoulinant d’eau, une serviette autour des hanches. Ce n’est pas comme si je n’avais jamais vu de joueurs dans leur plus simple appareil, mais là, il s’agit de Soren, pas d’un autre. Il a un corps d’apollon qui me fait tout de suite un effet de dingue. Je détourne vivement le regard, cache mes yeux d’une main et me répands en excuses.
– Oh, merde, Soren, je ne savais pas que tu étais encore là, vraiment désolée.
Je retire ma main et regarde le mur.
– Pas grave, Paige, rit-il. Attends, je mets un caleçon et tu pourras faire ce que tu veux.
– Je peux partir si…
– Non, tu vois, c’est bon. Je suis décent.
Je lui fais face à nouveau et j’essaye à tout prix de ne pas le regarder. En fixant mes pieds, je me dirige vers l’immense bac, au milieu de la pièce, où les joueurs ont plus ou moins réussi à lancer leur tenue sale. Comme d’habitude, le vestiaire est un vrai chantier et, alors que je commence à ramasser les bas qui traînent par terre, Soren se précipite vers moi.
– Attends, je vais t’aider.
– Non, c’est bon… C’est mon boulot, je vais…
Et là, je fais l’erreur de me relever en posant les yeux sur lui. Soren n’a pas pris la peine d’enfiler autre chose que le simple boxer qui moule avantageusement ses hanches. Ma réaction ne se fait pas attendre et je vire à l’écarlate. Je ne sais plus où me mettre, et mes gestes trahissent certainement mon état, car Soren bat précipitamment en retraite vers son banc.
– Je vais peut-être m’habiller.
Afficher en entierMince, alors… on dirait bien que je l’ai trouvé, mon Mark Darcy, en fin de compte ! Et sans le pull à tête de cerf !
Afficher en entier- Tu m'aimes et je t'aime.
- Encore.
- Tu m'aimes et je t'aime.
- Encore...
Il me demande de répéter inlassablement notre vérité, celle qu'on s'est refusée pendant si longtemps, puis qu'on s'est dite en secret, avant qu'elle éclate et mette notre histoire en danger.
Afficher en entier" J'ai tellement rêvé de nous , Paige."
Soren
Afficher en entierThomas me regarde, un sourire tendre sur le visage. Il tend alors son poing vers moi.
– BFF forever ?
J’éclate de rire.
– Best friend forever forever ? Putain, Big G, t’en tiens une couche, s’amuse Jude. Entre les neurones qui te manquent et ton côté cucul la praline, je me demande vraiment comment t’as fait pour emballer ta femme !
– Elle ne doit pas être au courant de tout, se moque Isaac.
– Hé ! Attention à ce que vous dites !
Les deux lèvent les mains en signe d’excuse.
– Je préfère ça. Bon, Doc, BFF… F ?
Je frappe mon poing contre le sien en rigolant.
– BFF… F.
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