Ajouter un extrait
Liste des extraits
— Comme vous voudrez.
Il avait détaché ses mots un à un, pour bien en faire comprendre la signification. Le Cramé le fixait d'une manière qui vous aurait fait quitter la ville, le pays et le continent dans la minute, en emportant votre femme, vos gosses, votre chat et votre chien ; quant à votre maison, il aurait été inutile d'essayer de la vendre, vous saviez qu'elle finirait brûlée. Vous saviez aussi que votre vie ne serait plus qu'une longue cavale jusqu'à la délivrance, jusqu'à la mort. Car juste avant vous auriez vu périr votre femme, vos gosses, votre chat et votre chien dans d'atroces souffrances.
Afficher en entierLa lieutenante de la BRB venait de lui envoyer un coup de botte dans le bas-ventre. Le jeune se plia en deux pendant qu'elle se jetait sur le deuxième et lui attrapait la tête pour la fracasser contre une des tables. Elle répéta son geste quatre ou cinq fois, jusqu'à ce qu'il ait le nez éclaté, la bouche en sang et les bras ballants. Son pote reprit ses esprits et se jeta sur elle par-derrière, le couteau en avant. Elle eut juste le temps de pivoter. La lame pénétra sous son blouson et lui trancha la peau sous l'aisselle. Elle lui coinça le bras, le tordit et lui démit le coude. Le garçon poussa un hurlement, couvert par la musique. Le DJ passait un remix des Clash, « London Calling » version techno. « C'est quoi, cette merde ! » Ça la rendit encore plus enragée.
Afficher en entierLa Bête se calme. Elle sent monter en elle le soulagement tant attendu. Non pas le plaisir, il n'y a aucun plaisir. Juste le bien-être de la douleur enfuie.
Afficher en entierElle était passée exprès au garage de la préfecture et avait mis une pression de plusieurs tonnes sur Jeanjean, le chef de quart, afin qu'il la laisse emprunter une des voitures saisies dernièrement à un groupe de trafiquants. Manouche adorait les virées en bagnole, de celles qui vous poussent dans le dos comme le vent sur un vélo, avec le bruit du moteur qui ressemble au feulement d'un jaguar. Tracer la route, filer, quitter la ville et rejoindre un palace à Cabourg.
Afficher en entierÇa ne servait à rien. Manouche posa la bouteille sur le comptoir et tourna les talons. Lise se resservit une large rasade, qu'elle but d'un coup. Sa peau blanche de Bretonne commençait à rougir sur les joues. Elle repoussa sa longue chevelure noir corbeau plantée très bas sur le front, dégageant ses yeux d'un bleu de porcelaine pour jeter un regard assassin vers la barmaid d'une vingtaine d'années. Avec ses vingt-huit ans, Lise se sentait déjà vieille. Perrine fulminait. Elle se rapprocha de sa concurrente et se planta à quinze centimètres de son visage.
Afficher en entierLa musique, la chaleur et les lumières rouges réchauffèrent immédiatement son corps. Lise avança dans le petit couloir pour arriver dans la boîte bondée. Un bar d'homos, garçons et filles. Les corps se frottaient, les enceintes balançaient un remix de « Personal Jesus » de DM avec pas mal de basses dessus. Ça lui fouetta le cerveau. Elle alla s'accouder au comptoir. La serveuse, une minette de vingt ans habillée comme un personnage de manga avec sa jupe à volant rose et ses chaussettes à mi-cuisse, laissa tomber sa joie de vivre en voyant la flic.
Afficher en entier— SORS DE LÀ ! Sors de ce putain de trou !
— Non, m'dame, pitié, je sais que vous allez me démonter.
Lise en avait marre d'avoir le nez collé au bitume. Ça puait la pisse et la merde, et pas que de chien. Elle se redressa et reprit un bol d'air glacé. Pas loin de vingt-deux heures, le quartier était désert et les lampadaires faisaient des trous d'ombre dans cette ruelle du bas Ménilmontant. Elle se pencha entre les containers à poubelles. Ce con de Marcus avait réussi à se glisser dessous et avait trouvé une excavation dans le bas du mur. Il s'y était fourré comme un putois dans son terrier.
Afficher en entierN'attendant pas de réponse à sa déclaration, Raskolnikov s'agenouilla près du cadavre et posa son carnet sur la terre. Il palpa le corps, souleva la robe, remarqua les chaussures manquantes et s'attarda longuement sur la béance qui ouvrait la gorge de la jeune nonne.
Le major demanda d'une voix grave :
— Quel âge avait-elle ?
— Si c'est bien la moniale, vingt-deux ans.
Dimitrovsky accrocha le regard de Raskolnikov. Son diplôme de médecine donnait à Raskolnikov le grade de lieutenant, mais il restait sous les ordres du major. Il hocha la tête et leva à nouveau la robe. Son supérieur le regarda tirer la culotte vers le bas et ouvrir les cuisses de la jeune fille pour en effleurer l'hymen de ses doigts gantés de plastique. Le lieutenant reporta à nouveau ses yeux sur Dimitrovsky.
Afficher en entierLE LIEUTENANT RASKOLNIKOV dégagea les feuilles du visage de la morte. Le sang avait coulé et séché dans ses narines, formant comme des petits bouchons de cire rouge. Des croûtes sombres s'étaient formées sur ses yeux où se baladaient les fourmis.
Malgré la boue et les feuilles qui recouvraient le corps, on reconnaissait les vêtements de moniale.
Afficher en entierAu loin devant lui, la lumière d'une torche furète contre les murs des caves. Des tas de détritus, des restes carbonisés, une odeur de pourriture, de merde et de vomi qui pique et étrangle... Le Monstre se sent bien. Au fond du couloir, la lumière a disparu.
Une odeur d'essence, puis l'illumination d'un feu sort de l'entrée d'un box en même temps que des éclats de rire. Le Monstre n'a plus que quelques pas à faire. Il ne pense à rien, il respire les mouvements des hommes dans la petite pièce, certains assis, d'autres debout à s'échanger une bouteille, ils parlent une langue inconnue. Ils crieront dans une langue inconnue.
Afficher en entier