Buffy contre les vampires, tome 20 : Les sirènes démoniaques

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L'Observateur, qui depuis trois ans avait appris à reconnaître les humeurs de sa protégée, se préparait à changer de sujet quand un craquement, puis un bruit sourd retentirent dans la salle à manger.

- Ariel, c'est pas vrai!

Il sortit de la pièce plus vite que Buffy ne l'avait jamais vu faire... Sauf en cas d'attaque de vampires, bien sûr. Curieuse, elle le suivit, et le découvrit à quatre pattes, tentant de sortir la gamine d'un placard.

- Combien de fois te l'ai-je répété? Non! Allez, ouste!

La selkie se débattit, puis se retourna et fit à Giles une grimace satisfaite.

La Tueuse frissonna, comme si une main gluante et froide venait de passer sur son dos. L'odeur de l'eau salée, le contact des écailles...

- Sean nithe! dit Ariel.

- Oui, je sais, ce sont des vieux trucs, grogna Giles. Voilà pourquoi je les range à l'abris... Et pourquoi tu ne dois pas y toucher.

La conversation semblait classique, et d'après Buffy, Giles n'avait aucune chance de gagner.

- Bienvenue dans le monde merveilleux de la responsabilité parentale, dit Buffy. Ma mère pourrait vous donner des conseils.

- Non, merci! dit sèchement Giles.

Histoire de lui gâcher ses effets, Ariel sauta sur ses genoux pour lui faire un gros câlin.

Le coeur de Buffy se serra. Cette fois, ça n'avait rien à voir avec son cauchemar. Elle aussi avait grimpé sur les genoux de son père, se blottissant dans ses bras pour oublier ses soucis.

Mais il y avait si longtemps... Ses soucis ne disparaissait pas quand une voix masculine lui assurait que tout allait bien. Même quand la voix appartenait à Giles. Pourtant, il se débrouillait pas mal...

- Papa phoque de substitution? demanda-t-elle en souriant.

- En effet. (Il posa gentiment Ariel à terre.) Elle s'intéresse beaucoup à moi.

- Vous la rassurez, dit Buffy sans avouer qu'elle partageait le même sentiment. Le tweed a la même fonction que la peau de phoque.

Elle regarda Ariel, qui se faisait un nid dans les couvertures du divan. Une idée lui vint... Essayant d'émerger...

Ah. Oui. Bien sûr!

- Vous dites qu'elle parle une sorte de vieux dialecte Irlandais?

- Le gaélique, Buffy. Mais elle ne comprend pas mon accent. D'ailleurs, mon gaélique est bien moins ancien que son peuple. Et Willow n'a pas réussi à trouver un site utile.

- Pourquoi ne pas demander à Angel? Il est vieux, il est Irlandais... Et il s'en tirera peut-être mieux.

Giles se rembrunit en entendant le nom d'Angel... Puis il réfléchit à la proposition de Buffy.

- Je crois que la version de gaélique des selkies a dû disparaître bien avant la naissance d'Angel. Mais son accent sera meilleur... Excellente suggestion.

- Vous ne m'avez rien donné à tuer. Il faut que j'utilise mon cerveau.

- Très bien. La prochaine fois que tu verras Angel, demande-lui.

- Je devrais le retrouver ce soir. D'ici là, nous aurons peut-être découvert qui prend la plage pour un fast-food?

Pourquoi Buffy choisit-elle ce moment pour se tourner vers Ariel? La selkie plongea ses yeux dans les siens, une innocence infinie dans le regard.

Tu parles! Ou peut-être que si. L'innocence, peut-être... J'aimerais la comprendre... et me comprendre...

- Giles?

- Hein?

Non. Giles a peut-être raison, en ce moment, tout ce qui sort de l'eau doit me terrifier. Après tout, monsieur je-sais-tout, c'est lui.

Mais j'ai mes instincts de Tueuse!

À moins que...

Buffy essaya de censurer la pensée qui venait de lui traverser l'esprit.

Peut-être suis-je jalouse parce que Willow et Giles consacrent tant de temps à Ariel.

Elle se crispa.

Difficile à admettre, hein? Que la Tueuse soit jalouse d'une mignonne petite fille parce que celle-ci a mis son Observateur et sa meilleure amie dans sa poche.

Jalouse d'une enfant. Buffy détestait se voir dans ce rôle.

- Rien. Laissez tomber.