Extraits

- Quoi ? T'en es déjà au mariage ? Tu ne me connais que depuis quinze jours.

-Le propre des rêves, c'est de ne pas s'embarrasser de ce genre de détails, coupa-t-il. Ils ne sont pas faits pour être logiques, ils sont là pour t'empêcher de perdre la tête, de paniquer ou de vouloir te suicider.

C'était... Bah, qu'importe qui c'était puisque debout devant ses fourneaux, à s'occuper du couscous, il ne lui restait que 3 minutes à vivre.

Nous prenons des noms de fous car la folie est notre destinée.

Seul un dément ? (Rires.) Parce que vous trouvez que l'histoire de l'humanité en manque ?

-C'est toi? demanda Plath dans le vrai monde, même si, durant un instant, Keats crut bien que ça venait de son biobot.

-Je suppose.

-T'es meilleur que moi à ce jeu là, dit-elle, je te suis.

-Je me mets derrière vous, ajouta Wilkes.

Keats aurait voulu répondre que personne n'était meilleur que personne à ce jeu là, tout simplement parce qu'on ne pouvait y être que mauvais, avant de faire néanmoins avancer ses deux biobots et ses douze nanobots.

La cavalerie et l'infanterie, pensa-t-il. Les nanobots dans le rôle des fantassins, de vulgaires pions, qu'il pouvait se permettre de perdre et les biobots, beaucoup plus précieux, qu'il fallait protéger à tout prix. Les biobots, c'était les rois de cet échiquier. En perdre un seul et c'était la fin.

Un deuxième biobot de Plath apparut dans le cadre, suivi d'un troisième, le nouveau. Keats se demanda quelles étaient ses caractéristiques.

-Je ne serai peut-être bientôt plus en état de parler, dit Keats. Alors...Tant pis si ça te gêne que je te le dise, mais je t'aime, Sadie.

Hurler un nom connu avait visiblement plus d'effet que d'appeler à l'aide. Pour autant, si tout le monde regardait, personne n'offrait son assistance."

Ophélia aurait sûrement bien ri à l’idée que ce qui ne tue pas rend plus fort, elle qui n’avait plus de jambes. Une, amputée au niveau du genou, l’autre, quinze centimètres plus haut. Et elle n’était vraiment pas plus forte pour autant !

Pire, comme Vincent, elle avait perdu ses biobots. Eût-elle

été capable de pensée rationnelle, Ophélia aurait envisagé

la comparaison entre des jambes – des jambes proprement dites, de chair et d’os – et des biobots qui, après tout, ne faisaient pas partie de la panoplie standard de l’anatomie humaine.

Ses jambes avaient brûlé comme des chandelles, fondu comme de la cire, jusqu’à l’os. Ils avaient amputé les extrémités rôties aux urgences de l’hôpital Bellevue. À ce moment-là, cela faisait longtemps que ses biobots étaient morts, carbonisés dans le terrible désastre du siège des Nations unies. Le temps que les médecins commencent à s’occuper de ses moignons, il ne restait déjà plus grandchose de son cerveau.

Vincent sentit le fou rire enfler, telle une accumulation de vapeur sous le couvercle d’une Cocotte-Minute, tel un volcan sur le point d’entrer en éruption. Il allait être écartelé.

Ses bras étaient menottés à deux locomotives Diesel qui sifflaient, soufflaient et fumaient. Des nuages de fioul brûlé

montaient de sous le châssis. Les locos chauffaient à tel point que la carrosserie était en train de fondre.

Il était là, debout au milieu des rails.

Les chaînes étaient longues. Les engins auraient le temps d’accélérer.

– Ha ha ha ha ha !

Il riait à gorge déployée. Parce que ça serait marrant quand ses bras seraient arrachés du tronc, quand ses chairs se déchireraient et que ses articulations sauteraient comme les ailes d’un poulet cuit à cœur et que…

– Allez, mon gars, allonge-toi. Détends-toi. Allonge-toi sur le lit.

Tchou-tchou. Tchou-tchouuuuu!

– Tout va bien se passer, Vincent.

PIÈCE VERSÉE AU DOSSIER

À : Nijinski

De : Lear

Pendant l’absence de Vincent, tu prends les commandes de la cellule de New York, Nijinski. Tu n’es pas l’homme de la situation. À toi de le devenir.

PIÈCE VERSÉE AU DOSSIER

À : Lear

De : Nijinski

Wilkes, saine et sauve, est de retour parmi nous.

Ophélia est vivante malgré la perte de ses deux jambes sous le genou.

Keats et Plath vont bien et s’en tirent à merveille.

Vincent souffre d’une profonde dépression suite à la perte d’un de ses biobots. Le second a été gravement endommagé, mais il se remet. Vincent est en soins intensifs. Issue très incertaine.

Nous n’avons pas atteint notre objectif principal.

Attendons instructions.