Extraits

Si ne pas renverser le château de sable de son sommeil signifie mourir de chaud alors je veux bien mourir de chaud.

Au patron du Caffè Erica, je marmonne en italien que c'est vraiment bizarre, ces hurlements que j'entends parfois au réveil, que ça me fait peur, que moi qui ne crois pas tellement aux fantômes, ça me donne l'impression qu'un revenant vient me hanter, et je rougis certainement un peu en disant ça.

La pluie s'abat sur mes joues en feu et se mêle à

mes larmes brûlantes. J'ai chaud, si chaud, il n'y a personne dans les rues milanaises dans lesquelles je marche hagarde, et ces gouttes me font beaucoup de bien, ce sont les gouttes lourdes de fin avril, je les entends presque exploser une à une quand elles touchent le trottoir,

Elle enlève souvent ses sandales, d'un revers de cheville, pour conduire pieds nus. Elle a ensuite la plante des pieds noire d'avoir appuyé sur les pédales. Elle préfère prendre une douche le matin plutôt que le soir.

Elle part en tournée, avec son quatuor. Elle me laisse exsangue. Elle m'écrit rejoins-moi, je meurs sans toi

Elle ne porte que des strings. Presque jamais de soutien-gorge. Elle a, pour dormir, différentes nuisettes, dont une noire terriblement sexy, dans un tissu qui ressemble à de la soie

Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l'allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l'étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure.

Quand je rentre chez Isabella, la table est dressée près de la fenêtre, des couverts anciens et de beaux verres ciselés sont savamment disposés sur une grande nappe blanche en lin, des bougies éclairent la pièce. Elle rit de mon air effaré, elle pense certainement que je suis surprise et heureuse de la manière dont elle me reçoit, elle dit j'ai invité

quelques amis à dîner avec nous, elle ne sait pas que c'est tout ce faste qui me donne l'air ahuri, que je trouve ça opulent et grotesque, qu'il ne manque plus que des grappes de raisin disposées là pour qu'on y soit, chez les Romains décatis, et que les préparatifs majestueux me donnent la nausée. La nausée aussi devant la belle robe de soirée qu'elle revêt, qu'elle vient me montrer en minaudant, la nausée devant son profil fardé, la nausée en entendant les invités sonner

Je me souviens de ça, de la violence entre nous, des yeux verts et furibonds de Sarah, mais non, pas verts, ses yeux absinthe aux paupières tombantes, de sa bouche méchante, de ses gestes de folle.

Elle ne supporte plus rien, elle déteste que je sois fatiguée, que je veuille dormir tôt le soir, elle veut qu'on parle toute la nuit, qu'on fasse l'amour sans relâche. Elle dit je n'ai plus d'amour pour toi et le sol s'ouvre sous mes pieds.