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L'argent. Le fric.
En dépit de sa valeur, il pesait si peu.
Elle posa la sacoche sur la table, l'ouvrit avec un léger déclic et, d'un geste vif, rejeta le rabat en arrière. Il y avait là des douzaines de billets verts répartis en grosses liasses entourées d'élastiques. Des centaines et des centaines de dollars.
Puis elle prit la liste. Trois noms - tous des gosses ou presque : Sebastian Grey, Carlitos Macharelli et Jerome Johnson.
Afficher en entierLa nouvelle Clara aurait présenté à la perfection les modèles dernier cri. Elle était devenue une vraie beauté : élégante, raffinée jusqu'au bout des ongles et rayonnante d'une intelligence qui lui conférait une séduction singulière, bien rare chez une fille de dix-huit ans. Quant à son visage, il aurait été celui d'une déesse si son mascara n'avait pas un peu coulé.
Afficher en entier"Il n'y a rien de pire, songeait-elle, que de partager un lit avec un être qui vous tourne le dos et ne veut pas vous prendre dans ses bras. C'est bien pire que d'être seule dans un lit ; cela vous rappelle tout ce que vous avez eu un jour et que vous pouvez perdre à jamais."
Afficher en entierIl appuya sur une touche noire, et un son s’éleva pour retentir avec force dans le silence pesant de l’appartement.
— Je suis cette touche-ci, déclara-t-il.
Puis il déplaça son doigt légèrement sur la droite et appuya sur une touche blanche.
— Et tu es cette touche-là, ajouta-t-il. Ça ne dérange personne de voir toutes ces notes blanches et noires côte à côte sur un clavier, mais ce n’est pas ainsi que va le monde.
Afficher en entierDerrière la bâtisse, dans la cour de terre battue, quelques plaques d’herbe achevaient de s’étioler. Gloria s’avança vers la palissade de bois et chercha à tâtons, du côté gauche, la planche branlante sur le bas de laquelle courait une esta-filade brun foncé. Elle la trouva bientôt, l’écarta facilement et se faufila à travers une brèche juste assez grande pour laisser passer une personne. Du moins une personne ultra-mince, à la limite de la maigreur, qui ne mangeait pas tous les jours à sa faim.
De l’autre côté de la clôture il y avait une cour très semblable à celle qu’elle venait de quitter, à cette différence près que l’herbe y était encore plus rare. Quelques femmes a la peau sombre qui prenaient le frais, assises sur des chaises devant la porte de service, causaient de choses et d’autres en s’éventant. Quand Gloria gravit les marches du perron, elles lui jetèrent bien un petit coup d’œil mais sans souffler mot.
À l’intérieur, elle trouva une poignée d’enfants noirs en train de dévaler l’escalier, mais c’est à peine s’ils lui prêtèrent attention lorsqu’elle monta. La jeune fille ouvrit la porte de l’appartement et la referma derrière elle. Après quoi, elle se débarrassa de son manteau, de son chapeau et de ses gants, qu’elle jeta n’importe où. La routine à laquelle elle devait se plier chaque jour pour rentrer dans son logis devenait de plus en plus irritante avec le temps. Et dangereuse. Pendant tout l’hiver les cours des maisons étaient restées vides, mais à présent il y avait des gens partout, et ce déguisement n’allait plus abuser personne très longtemps. Il fallait être une drôle de cinglée pour porter un long manteau noir en plein mois de juin à New York !
C’était pourtant à ce seul prix que Gloria et Jerome pouvaient rester ensemble. Étant en cavale, ils n’avaient certes pas besoin du genre d’attention qu’une femme blanche et un homme de couleur vivant ensemble sans être mariés étaient susceptibles d’attirer.
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