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En direction de la sortie, ils traversent le hangar des gestantes. Certaines sont dans des cages, d'autres sont allongées sur des établis, sans bras ni jambes.
Il détourne le regard. Il sait que dans beaucoup d'élevages on mutile celles qui tuent le fœtus en se cognant le ventre contre les barreaux ou en refusant de s'alimenter, bref en faisant ce qu'il faut pour que leur petit ne naisse pas et ne meure pas dans un abattoir. Comme si elles le sentaient, pense t-il.
Afficher en entierDemi-carcasse. Étourdisseur. Ligne d'abattage. Tunnel de désinfection. Ces mots surgissent et cognent dans sa tête. le détruisent. Mais ce ne sont pas seulement des mots. C'est le sang, l'odeur tenace, l'automatisation, le fait de ne plus penser. Ils s'introduisent durant la nuit, quand il ne s'y attend pas. Il se réveille le corps couvert de sueur car il sait que demain encore il devra abattre des humains.
Afficher en entierPour faire référence à ces humains qui ne seront jamais des personnes, mais toujours des produits, il utilise les termes techniques. Il parle de quantité de têtes à transformer, de lot en attente dans la bouverie, de ligne d'abattage censée respecter un rythme constant et rigoureux, d'excréments à revendre pour fabriquer de l'engrais, d'ateliers de découpe. Personne ne doit plus les appeler « humains » car cela reviendrait à leur donner une entité ; on les nomme donc « produit », ou « viande », ou « aliment ». Sauf lui, qui voudrait n'avoir à les appeler par aucun nom.
Afficher en entierHating everyone is the same as hating no one.
Afficher en entierHow many hearts need to be stored in boxes for the pain to be transformed into something else? But the pain, he intuits, is the only thing that keeps him breathing. Without the sadness, he has nothing left.
Afficher en entierSon père ne parle presque plus. Il émet des sons. Des plaintes.
Les mots sont là, mais sous cloche. Ils pourrissent sous la folie.
Afficher en entierElle avait le regard humain de l'animal domestiqué.
Afficher en entierIl aperçoit les Charognards avec des machettes, des bâtons, des couteaux, des cordes; ils massacrent les têtes qui allaient être livrées à l'abattoir. Il voit de la faim et du désespoir: il voit de la folie enragée, du ressentiment enkysté, des assassinats; il voit un Charognard couper le bras d'une tête encore vivante...
Afficher en entierEt tout en traînant le corps de la femelle jusqu'au garage pour terminer le sacrifice, il lui répond d'une voix tranchante, si blanche qu'elle fait mal: "elle avait le regard humain de l'animal domestique."
Afficher en entier"Elle avait le regard humain de l'animal domestiqué"
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