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Ce n'était pas bien loin, à environ cinq pâtés de maisons de l'avenue D. Ce n'étaient pas non plus les beaux quartiers, loin de là, mais il faut bien reconnaître que nous n'étions pas nous-mêmes du genre très recommandable, ou très fréquentable. Je gardais les yeux grands ouverts et restais en alerte, les sens aussi aiguisés que ceux d'un lapin sentant la présence du loup. Cela dit, soyons justes, j'étais un « lapin » avec des crocs pas mal aiguisés ! Sans parler de l'art de décocher de sacrés coups de latte. Cette fois cependant, je pus rentrer sans croiser en chemin des créatures griffues aux yeux rougeoyants assoiffées de sang (le mien). Une nuit calme, selon mes critères. Niko et moi vivions dans la conciergerie d'un vieil immeuble d'habitation, passablement délabré sans que ce soit non plus le parfait taudis. Enfin, tout dépend naturellement de votre définition du taudis. À une époque, la porte d'entrée principale avait dû être bien fermée, je suppose, mais maintenant elle pendait sur ses gonds, entrebâillée de quelques bons centimètres, tel le sourire édenté d'un vieux crado. Je pris l'escalier pour grimper au septième en pestant. Il n'y avait pas d'ascenseur. Apparemment, notre propriétaire n'envisageait pas la lecture du code immobilier comme un impératif. Non que cela importât. S'il y en avait eu un, il n'aurait sans doute pas fonctionné et dans le cas contraire, rien de tel qu'un ascenseur pour se faire piéger en beauté. Une vraie petite boîte de métal garantie mortelle pour des fuyards comme nous, rappelait Niko occasionnellement. Et comme mon frère n'avait strictement aucun don naturel pour l'exagération, j'avais tendance à fuir les ascenseurs de toute façon.

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Pourtant, si quatre-vingt-dix-neuf pour cent de son apparence était désormais artificiel, elle n'en avait pas moins eu au départ un physique de rêve. Fantasmer dessus me permettait de trouver le temps moins long et moins pénible en achevant la corvée du nettoyage des divers fluides corporels. Au fond, récurer l'établissement dès la fermeture ne me gênait pas plus que ça. Après avoir passé la nuit à tenir le bar, se retrouver dans un cocon de silence, seul, avec tout l'espace à soi, c'était plutôt cool. Je commençais à me dire que jouer les barmen était en train de gâcher mon sens de la fête. Les ivrognes perdaient nettement de leur charme à mes yeux. Je ne les trouvais même plus drôles, bordel. Voir et revoir un type complètement déchiré tomber de son tabouret haut pour se fendre le crâne au sol finit par ne plus vous amuser du tout. Ou du moins, ça peine à ramener le sourire sur vos lèvres.

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Fourrant de nouveau le balai à franges dans le seau cabossé, je le fis tourner une fois dans l'eau grisâtre et malodorante avant de l'écraser de plus belle sur le parquet scarifié.

Vous seriez étonné de voir la quantité de vomi que des ivrognes agglutinés dans un bar peuvent produire. Au début, j'étais sidéré. À présent, j'étais juste consterné du temps que ça prenait à nettoyer, tout ça. Qu'avec la carte d'identité bidon me vieillissant de deux ans (j'en avais en fait dix-neuf), j'en sois réduit à laver les régurgitations de soûlards au lieu de me payer moi-même des cuites à gerber, voilà qui ne manquait pas d'ironie.

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Eh ouais, je l'avais vu au moins une fois par mois. « Il » m'observait. Il n'y avait pas de « petits tête-à-tête père-fiston», pas d'invitations à venir voir mes monstres de cousins, aucune interaction de la sorte. II y avait juste une ombre rôdant dans une allée, quand je passais par là. Ou peut-être une silhouette aux lignes onduleuses et aux dents aiguisées se reflétant sur la vitre de ma fenêtre la nuit. Bien sûr, ce n'est pas comme si cette ombre portait une étiquette « Papa » ou me laissait des cadeaux d'anniversaire entourés d'un gros ruban qu'auraient noué des doigts griffus d'une longueur anormale. Rien ne me prouvait qu'il s'agissait de mon donneur de sperme démoniaque, mais bon, allons. Quand votre propre mère s'empresse de vous traiter de monstre, d'abomination qui aurait dû finir avortée sur le carrelage bon marché de la salle de bains, vous êtes bien obligé de réfléchir... Pour quelle autre raison ce monstre se serait-il mis en tête de me harceler sinon ? Étrange, non? Ce monstre s'intéressait plus à moi que ma propre mère.

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Rares sont les gosses qui croient longtemps aux contes de fées. À l'âge tendre de six ou sept ans, ils ont déjà relégué aux oubliettes Cendrillon et son fétichisme de la chaussure, Les Trois Petits Cochons et leur violation des codes du bâtiment, Miss Muffet et sa jolie houppette, tout cela oublié ou écarté. Rien que de très normal, sans doute. Pour survivre en ce monde, il faut bien renoncer à celui des rêves, du fantastique, de l'illusion. Le problème, c'est que tout ça n'est pas illusoire. Certains aspects des contes de fées ne sont que trop réels, trop véridiques. Il n'existe peut-être pas de Petit Chaperon rouge, mais le Grand Méchant Loup, lui, il existe. Pas de Blanche-Neige non plus, mais une Méchante Belle-mère, ça, absolument. Pas de mignons petits bambins blonds, mais une sorcière doublée d'une ogresse raffolant des enfants au déjeuner...

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Naturellement, il ne décampa pas. Très peu pour les héros, ça, la fuite. Et les grands frères non plus, apparemment, ne se défilent pas. Avant même que je puisse faire mine d'armer mon bras pour lui en col er une, il m'avait empoigné à bras-le-corps et hissé en travers d'une épaule. Comme s'il me restait assez de forces pour opposer une quelconque résistance. Côté présomptions, difficile de faire mieux! Mon frère s'élança en me secouant comme un prunier au gré de ses longues foulées. Derrière nous, je voyais les monstres bouil ir de frustration en se ruant sur des portes. . infranchissables. Car cette fois, elles étaient fermées pour de bon, et ils le savaient. Dans un bel ensemble, toutes ces trognes anguleuses se tournèrent dans notre direction, les yeux luisant comme la braise, brillant d'une haine féroce, infiniment noire et toxique, d'une soif sanguinaire. Ils nous menaçaient à la façon d'une lame de fond meurtrière. Les monstres supportaient mal le désappointement. J'étais bien placé pour le savoir: j'en étais un.

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Tout comme mes forces vives diminuaient à la vitesse grand V. Des brumes matinales dissipées par le soleil levant. Un oiseau brisé tombant en flèche du haut des cieux. Une ombre fuyant la lumière du jour. Et merde, j'aurais dû prendre des notes. L'agonie faisait naître le poète tapi en moi.

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Mes genoux se dérobèrent et je m'affalai, achevant de glisser le long de la lame, pas plus compliqué que ça. Après le baiser mordant du métal, un vide béant. Lâchant la main de mon frère, je couvris ma plaie à l'abdomen. Étrange comme le sang était chaud alors que je m'effondrais, pratiquement transi jusqu'aux os. Je relevai les yeux vers ceux qui brillaient d'une même couleur que les miens, un gris clair comme un ciel d'hiver. Et, commissure des lèvres relevée d'un côté, je lui fis un demi-sourire.

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―Les gens... ils font de ces trucs de ouf.

Ouais, je sais, je sais. Ce n'est pas la plus élégante des formulations qui soit pour ce genre d'observation. Mais si on considère que j'avais un couteau planté dans le ventre, je me décerne les félicitations du jury. Encore qu'il me faille bien reconnaître que ça faisait moins mal que ce que j'aurais cru.

Et en fait, non, même pas mal. Juste une sensation de froid... d'ankylose, un peu comme si je venais de me remplir le ventre d'eau glaciale.

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