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Que, souvent, elle s'était demandé à quoi ils ressemblaient, ces gens qui écrivaient des histoires aussi torturées. Menaient-ils une vie normale ? Avaient-ils eu des enfances perturbées pour accoucher de telles horreurs? Leurs œuvres n'étaient-elles que la manifestation de leurs pensées les plus sombres? Maintenant, elle savait. Elle connaissait leurs démons, et ils étaient terribles.

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Il faut que vous compreniez que ces gens-là élèvent l’art et la transgression au-dessus de tout. Ils n’ont aucune pudeur, aucun tabou, leur monde est différent du nôtre. La vérité, excusez-moi pour la rudesse de mes propos, c’est qu’il y a des personnes qui aiment se faire pisser dessus et s’envoyer de la merde à la tronche… Cette fille, en l’occurrence, elle prend son pied, et tous ceux qui sont présents aussi.

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Tu nous prends pour des monstres, hein ? Tu n’es pas la seule. On nous juge, on nous hait, parce que nos œuvres sont brutales, immorales. Mais qui lit mes livres ? qui entre dans les musées pour s’extasier devant des peintures de violence pure ? Qui s’entasse dans les salles de cinéma pour se complaire, deux heures durant, à regarder des tueurs qui torturent leurs victimes ? Qui se délecte de l’abject et fait semblant d’être extérieur à tout ça ?

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[…] elle était sa page blanche sur laquelle il déversait ses obsessions maladives. Une invisible, voilà ce qu’il avait fait d’elle.

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J'espère que vous avez du temps. Ce que je vais vous raconter, c'est comme ouvrir un roman à suspense particulièrement sombre et en prendre pour cinq cents pages de montagnes russes.

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Elle ne pouvait pas y croire et, en même temps, elle savait cet homme assez dérangé pour faire ça.

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Six mois s’étaient écoulés depuis leur dernière rencontre… Six mois pendant lesquels il avait peut-être fait construire cette pièce, tapissé ces murs de mousse… Six mois pour penser au moindre détail et mûrir sa vengeance…

Julie en percevait d’ailleurs déjà les vibrations, comme les prémices d’un tremblement de terre…

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Aucun doute, la personne qui avait souscrit à ce service en s’appropriant son identité était aussi celle qui avait noté l’adresse sur le papier kraft et qui, logiquement, avait glissé l’enveloppe au fond de la boîte postale. Mais quand ? Et surtout, pourquoi ? Lysine parcourut les pages du contrat : règlement en liquide, cadre correspondant au numéro de portable vide. Autrement dit, elle n’avait aucun moyen de remonter à son usurpatrice.

Elle déchira l’enveloppe et en tira une clé de petite taille ainsi qu’un boîtier circulaire, en plastique noir, sur lequel était scotchée une étiquette avec un numéro de téléphone. Dessus, toujours la même écriture : « Film H. C. »

Avec appréhension, elle en souleva le couvercle.

À l’intérieur, une bobine de pellicule.

Un film 8 mm.

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- Véra au Vieil Ours…

Une voix grave lui parvint en retour. André Lambert alignait soixante-dix bougies. Ancien garde forestier de cette partie du parc régional, il vivait dans un chalet à peine plus confortable que le sien et tout autant isolé. Elle n’était allée chez lui que deux fois. Excellent marcheur, c’était toujours lui qui se déplaçait, soit parce qu’il chassait dans le coin, soit parce qu’il venait chercher ou rapporter les livres qu’il lui empruntait. Mais, depuis l’automne, elle ne l’avait plus vu. Désormais, le seul lien qui subsistait entre eux, c’étaient ces communications.

- Ouais, gamine, j’suis là. Bien le bonjour, en ce 13 février, jour des Héloïse, en l’honneur de la bienheureuse Héloïse, ermite bénédictine morte je ne sais plus quand.

Véra sourit et arracha la feuille de son éphéméride. C’était André qui le lui avait donné.

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Le parking était bondé. Les hôpitaux, comme les cimetières ne désemplissaient jamais.

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