Extraits

Je me retiens de rire. Des points n'y changeront rien. Ils ne réparent que les blessures superficielles. Moi, c'est à l'intérieur que je suis blessé.

— Tu croyais que c'était pour t'impressionner ?

— Je pensais que tu m'avais menti.

Elle tourne le dos vers Seth, qui s'amuse à soulever des petits haltères en balançant les hanches et en chantant les paroles de la chanson qui est diffusée.

— Non, j'aime vraiment ça.

— Prouve-le.

Je balaie son corps frêle du regard. Elle pose les mains sur ses hanches pour se donner un air plus dur. Moi, tout ce que je vois, c'est son soutien-gorge.

— Est-ce que je t'ai fait mal ?

— Un peu. Tu as l'air mignonne, comme ça, mais pour peu qu'on te donne la permission de frapper, tu deviens impitoyable.

— J'ai une question à te poser, Kayden. Est-ce que Callie compte beaucoup pour toi ?

Je hausse les épaules.

— Je ne sais pas. Elle est gentille et... différente des autres. Pourquoi tu me demandes ça ?

— J'ai croisé Seth, tout à l'heure. Il m'a dit que Callie avait appris que tu étais au bal avec Daisy.

— Est-ce qu'elle était en colère ?

— Je ne sais pas. Mais lui, oui. Il m'a hurlé dessus pendant dix minutes.

Daisy me bloque le passage, le sourire aux lèvres et un gobelet à la main.

— Je savais que tu viendrais !

— Dégage, Daisy.

Vexée, elle pose une main sur mon torse pour m'empêcher d'avancer.

— Qu'est-ce qui t'arrive, bébé ?

— Il a réalisé à quel point tu étais conne, lance Luke en lui soufflant la fumée à la figure.

Callie est prête à déguerpir. Je le vois dans ses yeux. Seth avance vers Daisy, menaçant.

— Tu es mal placée pour faire la maligne. Si on t’enlevait ton soutif rembourré, ton autobronzant, tes cheveux peroxydés, tes jolies fringues et ton nez raboté, tu ne ressemblerais pas à grand-chose.

— Bon, d’accord… Je choisis le nounours rose, celui qui a l’oreille arrachée.

Le forain la regarde comme si elle était folle.

— Tu es sérieuse ?

— Tout à fait sérieuse. Je ne plaisante jamais avec les nounours.

J’aurais aimé qu’elle arrête de prendre des photos. Ce jour resterait gravé dans ma mémoire à jamais. Pas besoin de l’immortaliser davantage.

— Fais un vœu, ma puce.

Faire un vœu ?

J’ai regardé le gâteau recouvert de glaçage rose avec « Joyeux anniversaire Callie » tracé dessus. Un ballon flottait au-dessus de la table, montant, descendant, montant, descendant.

— Allez, Callie. Fais un vœu.

Faire un vœu ?

Faire un vœu ?

Le ballon a éclaté.

Les vœux, cela n’existe pas.

Kayden passe son bras sur mes épaules.

— « Un seul et unique hasard nous unit et, pendant quelques instants, nos cœurs battent à l’unisson ». Dis donc… je suis impressionné. C’est super-beau.

Je lui tends la bombe et, quand il la saisit, ses doigts effleurent les miens.

— J’ai écrit ça il y a longtemps, dis-je à voix basse pour que seul Kayden m’entende. Juste après l’incident avec ton père.

— C’est pour ça qu’il fallait que je t’en parle, Callie. Les émotions et moi, ça fait deux. Il m’arrive souvent de me replier sur moi-même et de faire des conneries. Il… il faut que tu restes loin de moi.

Je m’attends à ce qu’elle m’obéisse et s’en aille mais, au lieu de cela, elle se rapproche de moi et enroule ses bras autour de mon cou. Elle pose la tête sur mon épaule. Son odeur et sa chaleur me calment, et je glisse une main en bas de son dos.

Apaisé, je ferme les yeux et la serre contre moi, bien décidé à ne plus jamais la lâcher.