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Mon père est mort désagréablement.
C'est maman qui l'exprimait de cette façon. "Mon mari est mort", disait-elle, en laissant traîner la voix avant de conclure, "désagréablement".
Marcher pieds nus sur cette guêpe, c'est désagréable. Une gorgée de lait tourné, c'est désagréable. Ce qui est arrivé à papa n'était pas simple désagrément. C'était un meurtre. Et pas un joli petit meurtre propret, style maître d'hôtel dans la bibliothèque, avec revolver, sans effusion de sang, sans douleur, un jeu d'indices avec suicide bien élevé à la fin pour éviter l'échafaud.
Afficher en entierDonneurs de lumière d'avant la lampe à huile, avant la lampe à gaz, avant l'électricité, les porte-chandelles ne sont plus nécessaires et sont remisés au bric-à-brac du brocanteur de bric et de broc, abracadabra. De temps à autre, l'un d'eux peut encore se transformer occasionnellement en objet contondant et laisser une marque dans un mur ou faire couler un peu de sang. Voir le colonel Moutarde, dans la bibliothèque, ou maman, dans son boudoir.
Afficher en entierC'était la première fois que le coffre était mentionné en ma présence. Je jetai immédiatement un regard à Ford. Il se tenait tout raide, le visage blanc. Je n'avais pas besoin d'autre preuve : ce qu'elle voulait dire par torturer et fourrer papa dans un coffre était vrai. Ford avait prétendu précédemment que papa avait été découpé comme à la boucherie. J'étais abasourdie par la simple idée des deux femmes en train de couper la tête et les membres de papa.
Avant ce moment, le mot torture n'avait évoque que le fait de parler quand quelqu'un avait la migraine. A chaque fois que maman avait mal à la tête et que je prononçais deux paroles dans son champ d'écoute, elle s'écriait : "Calliope Carroll Dakin, tu tortures ta maman !"
Afficher en entier-Comme auraient dit Mamadee et maman- le vulgaire.Le rose de cette enveloppe ne pouvait être plus vulgaire.Le papier lui-même empestait d'une senteur qui l'était encore plus.Il me vint à l'idée que c'était une autre carte Saint-Valentin, de papa peut-être.Ou c'était Ford qui m'avait fait une blague,quelque chose qui allait me faire mal ou m'nvoyer un truc horrible à la figure.L'enveloppe ne portait pas d'adresse et n'était pas fermée.Elle contenait une feuille de papier de même couleur.L'inscription à l'encre vert disait :
Joe Cane Dakin est un homme Mort
Si vous nous donnez pas 1 Million de Dollars en Billets
Judy+Janice
Afficher en entierDans le vent froid du golfe, une femme grelottait, le dos voûté, les mains enfouies dans les poches d'un léger coupe-vent. Son visage avait l'air figé, comme sculpté dans un plastique à demi translucide, comme la Vierge Marie phosphorescente sur le tableau de bord de la Chevy Bel Air de Mr Quigley.
Afficher en entier"Je m'allongeai sur le sable et scrutai le ciel: c'était la moitié d'un tout, sans limites supérieures et, même en comptant les oiseaux qu'il contenait, essentiellement un gigantesque vide."
Afficher en entierElles détachèrent papa et le mirent sur le sol. Judy lui posa un oreiller sur le visage. Janice s'assit sur lui et appuya sur l'oreiller pour l'empêcher de respirer. Ses cent quatre-vingts kilos sur le torse de papa ecrasèrent tous ses organes internes avant même qu'il ne perde le souffle.
Et c'est ainsi que mon papa, Joe Cane Dakin, mourrut le mercredi des Cendres, en 1958, à La Nouvelle-Orléans. Le jour de mon septième anniversaire.
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