Caprice de milliardaire

— Je ne vous cache pas que je vais de ce pas téléphoner à mon chef de service. J’ai la ferme intention de l’informer de ce qui se passe ici.

— Si vous estimez que c’est votre devoir de le faire, libre à vous. Tenez… profitez-en donc pour prévenir votre supérieur hiérarchique que vous passez la nuit ici, dans cette suite. Tout compte fait, cela me paraît être la solution la plus sûre. Et je serai tranquille ainsi jusqu’à demain matin.

— Je vous demande pardon ?

Les joues brûlantes de gêne, de honte et d’indignation, Claudia se précipita pour retenir son geôlier. Trop tard. Déjà la porte se refermait derrière Ellis Lefèvre. Un quart de seconde plus tard, la clé tourna dans la serrure avec un petit bruit caractéristique. Horrifiée, elle secoua la poignée, tambourina sur le battant clos. En vain. Lasse d’appeler sans recevoir de réponse, Claudia retourna tête basse dans le salon. Elle composa le numéro du secrétariat d’une main mal assurée. Mais elle avait tort de céder à la panique, bien sûr. Judy ferait le nécessaire pour la sortir de là. Personne ne pouvait exiger d’une secrétaire qu’elle se plie à de telles exigences !

Hélas… Claudia dut déchanter rapidement. Judy l’écouta avec sa bienveillance habituelle, mais se contenta de rétorquer d’un ton léger :

— Je suis désolée, mon petit, mais il vous faudra prendre votre mal en patience. Il était effectivement prévu que vous resteriez enfermée dans sa suite pendant tout le temps où il aurait recours à vos services. Il s’agit d’un travail ultraconfidentiel, comme vous avez déjà dû vous en rendre compte. Et s’il y avait des fuites, le cours des actions Lefèvre-Bernard pourrait subir des fluctuations importantes. Il semble qu’un indiscret éventuel pourrait gagner une fortune en Bourse, s’il parvenait à connaître les intentions de M. Lefèvre avant que son discours soit prononcé. Voilà pourquoi il est contraint de prendre des précautions aussi draconiennes.

— Mais enfin, Judy ! Je n’ai jamais vu ça ! C’est insensé ! Et pourquoi ne m’avoir rien dit puisque vous étiez au courant ?

— Bah… Je ne voulais pas vous effrayer. Et je pensais que M. Lefèvre saurait vous expliquer les choses tellement mieux que moi ! Avouez que vous auriez pu tomber plus mal ! Ce n’est pas tous les jours que nous voyons défiler des clients avec un physique pareil ! Le genre ténébreux, avec un demi-sourire ravageur, une belle voix sombre et…

— Judy, pour l’amour du ciel ! Toutes les conversations téléphoniques sont enregistrées !