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Mille questions me passent par la tête.
Je suis où ?
Où est l’aveugle ?
Qui est-ce ?
Qu’est-ce qu’il veut ?
Qu’est-ce qu’il va me faire ?
Qu’est-ce que je vais faire ?
Je n’en sais rien.
Bon, alors, qu’est-ce que je sais ?
Je sais que je n’ai pas été blessé. Je suis toujours entier. Les jambes, les bras, les pieds, les mains. Tout est en état de marche.
Je sais que j’ai faim.
Et que j’ai peur.
Que je ne sais plus où j’en suis.
Et que je suis furieux.
On m’a vidé les poches. J’avais un billet de dix livres caché dans l’une de mes chaussettes et maintenant, il n’est plus là. Il a dû me fouiller.
L’ordure.
Afficher en entierQuand j’ai fini par comprendre que je n’étais pas mort, que je n’étais pas dans un cercueil, que la grosse boîte métallique était simplement un ascenseur, j’ai été tellement soulagé que pendant quelques secondes j’ai eu envie de rire.
Ça n’a pas duré longtemps.
Je me suis levé du fauteuil roulant et j’ai fait quelques pas hésitants dans le couloir, mais je ne suis pas sûr de ce qui s’est passé ensuite. Je me suis peut-être encore évanoui, je ne sais pas. Tout ce dont je me souviens vraiment, c’est que la porte de l’ascenseur s’est refermée et que l’ascenseur est remonté.
Afficher en entier10 HEURES DU MATIN.
Voilà ce que je sais. Je suis dans un bâtiment rectangulaire en béton passé au blanc. Le plafond est bas. L’ensemble fait à peu près douze mètres de large sur dix-huit mètres de long. Un couloir sépare l’espace en deux et ouvre sur un autre couloir, plus court, qui mène à la cage d’ascenseur. Il y a six petites chambres, trois de part et d’autre du couloir principal. De mêmes dimensions, trois mètres sur cinq, elles sont toutes meublées d’un lit de fer, d’une chaise à dossier droit et d’une table de chevet. Il y a une salle de bains à un bout du couloir et une cuisine à l’autre. En face de la cuisine, au centre d’un espace ouvert, une table rectangulaire, en bois, et six chaises, en bois aussi. Chaque angle est occupé par un divan en forme de L.
Il n’y a pas de fenêtres. Pas de portes. L’unique moyen d’entrer et de sortir, c’est l’ascenseur.
Afficher en entierPendant un moment, j'ai vraiment pensé que j'étais mort.
Tout ce que je voyais devant moi, à perte de vue, c'était une lumière blanche, très crue.
J'ai pensé que c'était le tunnel de la mort.
Je me suis cru enseveli dans un cercueil métallique.
Afficher en entier« Il y a des gens comme ça. Ils te donnent rien si tu ne demandes pas. »
Afficher en entierC'est dur de s'en foutre.
Dur au point de vous faire pleurer.
Afficher en entierMais quand même, j'aimerais avoir un dictionnaire. Un dictionnaire contient tous les livres jamais écrits, tous les livres qui seront écrits un jour. C'est quelque chose, ça, non ? Evidemment, les mots ne sont pas dans le bon ordre, mais quand même.
Afficher en entierDieu sait ce qui est arrivé depuis. Combien de jours j’ai perdus ? Ou gagnés ? Pour ce que j’en sais, aujourd’hui pourrait très bien être un mercredi, ou un lundi, ou un jeudi. Mais, comme je le disais, qu’est-ce que ça peut faire ? Lundi, mardi, mercredi… Ce ne sont que des mots, sans aucun sens réel. Ici, dans le bunker, c’est ici dans le bunker. Un jour est un jour. L’heure c’est maintenant. Il n’y a pas à chercher plus loin.
Afficher en entierLa peur sert à quelque chose. Elle ne sert pas seulement à regarder des films de zombies ou à faire du skate sur des crêtes. Elle existe pour une bonne raison.
Elle nous garde en vie.
Afficher en entierQuatre heures de chaleur à crever suivies de quatre heures de froid polaire. Puis encore la chaleur, et le froid, et la chaleur, et le froid…
Et encore du bruit à en faire éclater les tympans.
Rien à manger.
Survivre et supporter. Faire retraite à l’intérieur de sa tête, essayer de couper le contact, et attendre que ça passe.
Rien ne dure éternellement.
Tu peux l’endurer.
Endure.
Endure.
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