Ajouter un extrait
Liste des extraits
–Tu prêtes toujours crédit à toutes sortes de ragots, en ce qui me concerne je n’en prends qu’un peu et laisse le reste.
–Veux-tu te taire Edwina, je te prie. Quelle insolence !
Edwina se tut, piquée au vif, ne désirant pas faire de scandale devant les militaires, mais ses yeux de jade brillaient d’une lueur mauvaise pour sa mère.
Tout le monde se regardait, gêné. Pourtant, aussi brusquement qu’elle était venue, sa fureur la quitta, car elle pensa soudain à son père. Et au bout d’un moment, elle dit d’un ton grave :
–Père n’est pas coupable de ce qui est arrivé et il va peut-être le payer de sa vie.
–En effet, affirma le caporal Vanders, mais Fils d’Aigle, lui, est persuadé du contraire. Il faut le comprendre, les soldats du fort sont devenus ses ennemis et votre père, madame Anderson, plus que quiconque est visé, car le chef indien l’estimait énormément. C’était son ami. Pour lui c’est une trahison.
Les quatre femmes échangèrent un regard attristé, se retrouvant dans un réciproque sentiment d’amour envers le général Douglas.
Leslie songeant à son fiancé, émit d’une voix inquiète :
–Ils vont peut-être être tous tués, nous ne les reverrons plus, c’est affreux !
–Ne sois pas si pessimiste, ma chérie, répondit doucement Sharon qui se voulait rassurante, les hommes ne sont pas très nombreux au fort, dans les deux cents environ, mais ils disposent d’un armement récent et d’une quantité suffisante de munitions qui mettront fin rapidement et radicalement aux assauts de ces sauvages, n’est-ce pas caporal ?
Afficher en entierÀ chaque explosion, la jeune femme avait l'impression que c'était en elle que cela sautait. Dans les flammes elle laissait tout, des êtres chers morts atrocement, sa race, sa religion, des amis, son passé d'enfant, sa vie luxueuse dans la belle propriété de Casper, et surtout : la liberté. Elle perdrait jusqu'à son identité. Il lui semblait se consumer, se désagréger avec la fumée qui s'élevait noire et épaisse au-dessus du fort. Mourir, si seulement elle pouvait mourir, l'avenir était si obscur. Cet univers inconnu vers lequel elle se dirigeait, cette existence primitive qu'elle devrait partager avec ces sauvages. "Leur mœurs sans douceur" lui avait confié Alvin la nuit dernière, tout comme Sharon, qui lui avait fait entrevoir leur inhumanité. Elle n'y avait pas cru et l'avait mal pris, cependant aujourd'hui, elle avait pu le vérifier. Alors, quel sort le réserverait-on à toutes les deux ?
Et lui, ce jeune chef impétueux, orgueilleux de sa victoire, comment allait-il la traiter ? Elle lui appartenait, elle était sa prisonnière, du reste il le montrait clairement en la tenant lui-même en laisse comme un animal.
Afficher en entier