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Lane ne vit pas immédiatement Rachel, mais il l'entendit se déplacer derrière le paravent fleuri. Brusquement, elle tendit le bras au-dessus d'elle, offrant à Lane la vision d'une peau délicieusement satinée. Il fit un nouveau pas dans la pièce, mais le parquet gémit sous ses pieds. Il s'immobilisa.
- Delphie, pourrais-tu me passer mon peignoir ? Il est sur le lit.
Lane jeta un coup d'oeil à l'audacieux déshabillé de soie posé sur la couverture. Soudain, mû par son seul instinct, il se saisit du vêtement et marcha jusqu'au paravent sur la pointe des pieds.
Afficher en entierUne pointe de déception teintait sa voix.
— Mais vous ai-je au moins donné la preuve que vous vous trompiez ? ajouta-t-il alors qu’elle baissait les yeux.
Il lui était difficile d’admettre qu’il avait su l’enflammer. Gênée, elle changea de sujet :
— Je suis trop vieille pour ce jeu.
— Quel âge avez-vous ?
— Trente ans.
— Nous avons presque le même âge.
— Merci, Lane.
— Pourquoi ?
— De m'avoir rassurée. Vous m’avez donné à réfléchir.
Les yeux de Lane s’assombrirent.
— Vous, vous m'avez donné bien plus encore…
D un bond, il fut sur pied. Il rajusta sa veste.
— Il vaux mieux que je m’en aille.
— Je vous raccompagne jusqu’à la porte.
A son tour, elle se leva et l’escorta jusqu’au vestibule. Ils s’arrêtèrent dans l’obscurité, gardant un instant le silence.
— Mon chapeau ! s’écria Lane brusquement.
— Il est dans la véranda. Sur le fauteuil.
Il aurait dû s’en aller ; il ne bougea pas.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.
Sa question sembla le tirer de sa rêverie.
— Avez-vous une idée de la manière dont Chase réagira en me voyant ? Après tout ce temps…
— J'imagine qu’il sera ravi.
— Ne me dites pas cela pour me rassurer, Rachel.
Afficher en entierLa gouvernante s’arrêta, imitée par Lane. Et un jeune garçon à la crinière auburn sauta les deux dernières marches de l’escalier pour atterrir dans le couloir face à eux.
— Bonjour, monsieur, fit-il en se dirigeant vers Lane. Je suis Ty McKenna.
Le garçonnet lui tendit la main. Lane dissimula tant bien que mal sa surprise. Il était tout à fait naturel que Rachel ait eu un enfant avec son époux, mais elle n'y avait pas fait allusion.
Même dans la pénombre du couloir, il était évident que le petit garçon ressemblait plus à sa mère qu’à Stuart McKenna. Il avait les cheveux éclairés de reflets rouges et des yeux d’un bleu cristallin qui pétillaient de malice. Lane, qui n’avait guère l’habitude des enfants, se sentit mal à l’aise en lui offrant sa main.
— Je suis Lane Cassidy.
Ty McKenna l'étudia de pied en cap, puis glissa un regard sur son revolver.
Afficher en entierDix ans plus tôt, Rachel avait été son institutrice et sa seule amie. Elle l’avait accueilli lorsqu’il n’avait plus aucun endroit où aller, l’avait défendu après avoir tenté sans succès de lui apprendre à lire et à écrire. Et tout ce qu’il avait trouvé à faire pour la remercier avait été de se montrer insolent et buté !
Dix ans… une éternité !
Il hasarda un nouveau coup d’œil dans la direction de la jeune femme. Un coup d’œil gourmand. Elle avait toujours les yeux fixés sur le lampion comme si plus rien d’autre n’existait.
Sous la lumière de la bougie, sa peau avait pris la couleur de l’ivoire. Elle tenait un éventail qu’elle agitait nerveusement. La lumière jouait avec la dentelle noire de cet éventail, aussi noire que sa robe. Et elle était toujours aussi belle !
C’est alors qu’il comprit : elle portait le deuil. Elle était assise là, habillée de sombre, de son col ourlé de satin noir à ses chaussures couleur de jais, car elle portait le deuil ! Mais de qui ? Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, elle n’avait plus de famille quand il avait quitté Last Chance.
Le deuil… le tribut qu’une épouse réservait à son époux, une mère à son enfant. Aurait-elle été mariée ? Lane éprouva curieusement un pincement de jalousie.
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