Ajouter un extrait
Liste des extraits
-Les êtres humains ont une tare naturelle pour ce qui est du passage du temps et de la mémoire. On oublie le passé, ou l'on croit que les mauvaises choses ne se reproduiront pas, et les gens s'engluent dans les problèmes du présent. Ce qui a affligé les grands-parents de leur grands-parents est lointain, un souvenir flou, pas aussi important que les soucis du présent, aussi triviaux fussent-ils.
Afficher en entierKarigan grimaça en contemplant le guéridon qu’elle avait broyé.
— Monsieur, je…
— Surtout ne vous en faites pas. Elle date seulement du Deuxième Âge, et fut confectionnée par l’un des maîtres-artisans mineurs.
Du Deuxième Âge ? Cela signifiait que l’objet datait de centaines d’années ; elle était maintenant plus que désolée : elle était mortifiée
Afficher en entierElle avait intensément réfléchi à la question et, ayant abouti à la conclusion que tout le monde ne l’aurait pas aidée à sauver Fergal, elle avait compris que c’était la chose à faire. Si cela pouvait encourager le capitaine à aider d’autres personnes dans le besoin, ce serait déjà bien.
L’homme toucha le rebord de sa casquette.
— Merci, m’sieur, et bon vent à vous.
— Je vous en prie. M’dame.
Cetchum, surpris, cligna des paupières et se gratta le crâne sous son couvre-chef. Karigan et Fergal s’éloignèrent au son des rires francs des rameurs qui moquaient leur capitaine.
Afficher en entierSeule la présence de Braymer et Styles l'empêcha de tomber, tête la première, dans du crottin. Pas étonnant que l'on considère les femmes comme faibles ; c'était la faute des vêtements !
Afficher en entierLa vieille femme avait beau être chagrinée de la trahison de Jérémiah et d’avoir dû le mettre à mort, les informations qu’Immerez lui communiqua lui remontèrent le moral.
Le sang de Jérémiah ne serait pas gâché, il allait aider sa cause, et cela aussi lui faisait plaisir. Son bol à l’aspect ordinaire allait garder le sang chaud et frais jusqu’au moment où elle en aurait besoin. Sa joie s’accrut à mesure que le liquide cramoisi remplissait le bol, jusqu’à ras bord.
Afficher en entierLa pire étape était les baleines du maudit corset dans lequel Tégane l'avait sanglée et serrée (...)Il faisait remonter sa poitrine rien moins que remarquable et en faisait quelque chose de ... miraculeux. (...) Mais qu'avait donc pu penser son père pour lui envoyer une robe comme celle-là ? Eh bien, apparemment, il souhaitait impressionner Braymer Coyle grâce aux... hum... ruses féminines de sa fille.
Afficher en entierLe Cavalier Vert courait et les hautes graminées lui fouettaient les jambes. Il lançait des regards terrifiés par-dessus son épaule, son souffle rauque et saccadé ponctué par le son sourd des sabots derrière lui. Un de ses orteils se prit dans un trou et il tomba de tout son long. Il s’accrocha désespérément aux tiges et tira pour se remettre debout et reprendre sa fuite.
Et le bruit des sabots le suivait toujours, leur cadence régulière et mesurée ne faiblissait jamais, jamais ne ralentissait, ils s’approchaient de lui inexorablement, avec obstination.
Un cri de triomphe étranglé jaillit de la gorge du Cavalier lorsqu’il aperçut son salut juste devant lui. Il se rua entre les planches de la clôture et s’étala aux pieds de son capitaine.
— Bon, ça ne s’est pas très bien passé, hein ? dit Larenne Stèle.
De l’autre côté de la barrière, ce qui terrifiait Ben le regarda de ses grands yeux bruns et renâcla.
— Et tu es content de toi, je suppose, dit Larenne à Rouge-Gorge.
Le hongre remua les oreilles et secoua les rênes avant de plonger son museau dans l’herbe.
Larenne baissa les yeux vers Ben qui peinait à respirer, d’effroi plutôt qu’à la suite de l’effort fourni, songea-t-elle. Il faudrait qu’un jour il surmonte sa peur irrationnelle des chevaux ; il le fallait ! Qu’était un Cavalier Vert sans monture ? Un Vert Piéton ? Elle n’avait aucune idée d’où pouvait bien venir la peur du jeune homme. En tant que guérisseur, il traitait les plaies les plus délicates et les plus sanglantes sans hésitation, mais des animaux intelligents en pleine santé lui inspiraient de la terreur. La plupart des Cavaliers adoraient les chevaux.
Karigan traversait le pré d’un pas tranquille sur les traces de Ben, en tirant les épillets au passage. Lorsqu’elle fut près de Rouge-Gorge, elle attrapa les rênes et, d’une secousse, lui tira le nez des graminées. De la bave verte gouttait du mors.
— Ça s’est mieux passé, aujourd’hui, dit-elle. Ben a bel et bien réussi à mettre un orteil dans l’étrier.
Larenne se dit que ce devait être un progrès, mais elle ne se sentait pas aussi optimiste que Karigan semblait l’être. Elle s’habituait à avoir la jeune femme à ses côtés pour lui donner un coup de main pendant que Mara, récemment promue Cavalière Principale, poursuivait sa convalescence, à la suite des atroces brûlures reçues lors de l’incendie qui avait détruit les baraquements durant l’été. Karigan tenait les comptes et les emplois du temps, et lui venait en aide pour installer les nouveaux Cavaliers qui apparaissaient, désormais à une cadence hebdomadaire, sur le pas de sa porte. Larenne ne put retenir un sourire, en songeant que cet apport allait étoffer leurs rangs.
— On se débrouillait bien, continua Karigan en regardant sévèrement Rouge-Gorge, jusqu’au moment où celui-là a décidé de déséquilibrer Ben.
Une mouche se posa sur l’épaule du cheval, qui tapa du sabot, l’air candide. Larenne le regarda du coin de l’œil, pas dupe un seul instant ; « pourchasser » Ben semblait l’avoir bien amusé.
— Je crois que tu en as fini pour aujourd’hui, dit Larenne à Ben. Tu peux aller t’annoncer à Destarion pour l’après-midi.
Le soulagement de Ben était palpable.
Afficher en entierQuelque chose, dans l'air, l'avait poussée à utiliser son pouvoir. Elle observa de nouveau la vallée, et il était là, l'étalon, irradiant de noirceur devant ses yeux, contre l'arrière-plan gris et désolé. Il piaffa, et tous ses muscles jouèrent sous sa robe lisse comme de la soie couleur d'ébène. Il niait la lumière, il était fait d'une absence de lumière, tel le ciel nocturne, tels les cieux. Et lorsqu'il bougeait, les herbes, autour de lui, tournoyaient comme un derviche, même si ses longs crins demeuraient immobiles.
Afficher en entierZacharie devait vraiment être habitué à se trouver en compagnie d'autres personnes, même si elle sentait que cela ne lui plaisait pas plus qu'à elle. En fait, ils étaient tous deux entourés en permanence d'autres gens, si bien qu'ils étaient rarement en mesure de s'adresser la parole, et encore moins en privé. Ils ne parviendraient jamais à faire connaissance avant leur nuit de noces. À supposer qu'à ce moment-là, les foules les laissent en paix.
Afficher en entierPersonne ne choisissait de devenir un Cavalier Vert ; on était appelé à servir. Un appel de la magie, d'après ce qu'elle avait compris. Un appel irrésistible, inflexible, qui pouvait briser l'esprit de la personne qui n'en tenait pas compte.
Afficher en entier