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— Puis-je vous aider ?
Maddie sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine, mais elle réussit à garder une attitude polie et professionnelle face à cet étranger qui la dévorait du regard.
Elle lui plaisait, et il ne faisait rien pour le cacher, son expression en disant long sur son envie de la mettre dans son lit.
Comme tant d’autres…
Maddie avait l’habitude de provoquer ce genre de réaction chez les hommes, et elle détestait cela. En revanche, celui-là ne lui inspirait aucun rejet. Bien au contraire. L’espace d’une seconde, elle éprouva même une crispation familière au creux de son ventre.
— Je ne demande pas mieux, lança l’inconnu d’une voix grave.
— Il me semble que vous vous trompez d’endroit. Ici, vous êtes au rayon des produits de beauté pour femmes. Ceux pour hommes se trouvent du côté opposé.
Pour toute réponse, il prit le premier pot exposé devant lui.
— Et ça, c’est quoi ?
Maddie lui présenta l’étiquette.
— Une crème de nuit régénérante pour sexagénaires traumatisées par les outrages du temps, lâcha-t-elle sèchement sans réfléchir.
Ce commentaire lui valut un sourire amusé.
— Curieuse façon d’accueillir les clients !
— Je doute que ce style de cosmétiques vous intéresse.
Elle rougit, mais soutint le regard bleu marine qui la dévisageait. Hors de question de céder aux avances de ce type arrogant et bien trop beau pour être honnête ! Elle avait appris, à ses dépens, à se méfier des apollons trop sûrs d’eux. Une leçon qu’elle ne risquait pas d’oublier de sitôt.
Afficher en entierConfortablement installé sur la banquette arrière de sa voiture stationnée à une distance prudente, Leo Conti s’accorda quelques minutes pour contempler l’édifice qui dominait cette avenue arborée de Dublin. Un emplacement privilégié, une superficie parfaite… et tous les signes indiquant que l’existence du grand magasin ne tenait plus qu’à un fil.
Franchement, les choses se présentaient sous les meilleurs auspices.
Voilà donc le commerce que son grand-père avait passé la majeure partie de sa vie à tenter d’acquérir. Celui qu’il avait convoité durant plus de cinquante ans et qui n’avait cessé d’échapper à son emprise. Malgré l’immense patrimoine immobilier que Benito Conti avait bâti au fil des décennies et les centres commerciaux géants qu’il avait ouverts aux quatre coins du globe, il n’avait jamais réussi à mettre la main sur cet établissement bien spécifique.
Élevé par ses grands-parents depuis l’âge de huit ans, Leo avait toujours du mal à comprendre l’obstination de son aïeul, même s’il admettait qu’être dupé par son meilleur ami ne pouvait que laisser un goût amer.
Cela en disait long sur les relations de confiance !
— Il préférerait le laisser tomber en ruines plutôt que de me le vendre, fulminait souvent Benito. Toujours et encore cette fichue fierté ! Mais quand l’immeuble s’effondrera, et il finira par s’effondrer puisque Tommaso a dilapidé toute sa fortune dans le jeu et l’alcool, je serai le premier à en rire ! Cet individu n’a aucun sens de l’honneur.
La fierté, songeait Leo tandis qu’il examinait d’un œil critique la façade délabrée, était un sentiment irrationnel qui n’amenait jamais rien de bon.
— Vous avez quartier libre, James, annonça-t-il à son chauffeur. Profitez-en pour vous offrir un repas correct. À force de manger n’importe quoi, vous allez finir par devenir obèse ! Je vous appellerai pour que vous veniez me rechercher.
— Vous avez l’intention d’acheter cet immeuble aujourd’hui, patron ?
Quand le regard de Leo croisa celui de James dans le rétroviseur, l’ombre d’un sourire apparut sur son visage. James Cure — chauffeur dévoué, garde du corps professionnel et, accessoirement, délinquant repenti — était l’une des rares personnes auxquelles Leo aurait confié sa vie.
— Non, aujourd’hui, je me contenterai d’inspecter les lieux incognito afin d’estimer l’offre financière qui me permettra de parvenir à mes fins sans me ruiner. D’après ce que je sais, l’ancien propriétaire est mort criblé de dettes et le nouveau, qui qu’il soit, aura certainement envie de le céder avant que la rumeur d’une vente au rabais ne circule parmi les requins des affaires.
De qui s’agissait-il ? Leo n’en avait pas la moindre idée. En réalité, il n’aurait même pas appris le décès de Tommaso Gallo si son grand-père ne lui avait pas demandé de rentrer séance tenante de Hong Kong pour racheter ce magasin avant que quelqu’un d’autre ne se mette sur les rangs.
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