Extraits

Meg senti le coude de Phil dans ses côtes.

Oh, Rouquine ! On se pose où ?

Elle se toucha le ventre, toujours endolori depuis son affrontement contre l'empuse.

Cependant, si la volonté de Meg de pénétrer dans son domaine l'avait fait bouillonner, il avait aussi été intrigué. Sa précieuse servante l'avait trahi et s'était enfuie avec cette armoire à glace sans cervelle. Elle avait gâché un projet sur lequel il planchait depuis dix-huit ans. Rien que pour cela, son âme aurait dû flotter pendant l'éternité dans les eaux du Styx. Au lieu de ça, c'était lui qui avait dû se frayer un chemin dans le tourbillon du fleuve tandis que ces êtres abjects s'accrochaient à ses basques et l'imploraient d'avoir une seconde chance.

Hadès n'accordait pas de seconde chance, évidemment. Ne l'avaient-ils pas compris, depuis le temps ?

- Ne fais pas ça.

- Faire quoi ?

- Douter de toi, dit Phil en escaladant le banc à côté d'elle pour la regarder droit dans les yeux. J'ai eu des apprentis héros qui ont douté d'eux. Ce sont ceux qui ont échoué. Il faut du courage et de la confiance pour accomplir ce genre de quête.

Un dieu s'avança. Au-dessus de ses yeux renfoncés, sa tête était enveloppée d'une flamme bleue. Il sourit et révéla des dents tranchantes comme des dagues.

- Bonjour, ma petite Mega-d'amour. Je suis content que tu sois bien arrivée.

- Hadès, murmura Meg.

- En chair et en os ! Enfin presque, dit le dieu des Enfers avec une petite courbette. Et toi aussi, d'ailleurs. Pour le moment.

Cela n'aurait pas dû être possible. Elle avait conclu un pacte avec le diable, et il était venu chercher son dû. Elle crut qu'elle allait s'évanouir.

Meg retint un soupir pour ne pas offenser la déesse qui se tenait devant elle. Qu'est-ce que je veux ? se demanda-t-elle. J'ai des sentiments pour Hercule, mais nous nous connaissons à peine. Est-ce que je veux vraiment passer l'éternité avec lui ? Comment savoir si je ferais une déesse acceptable ? C'est un sacré engagement. Et je n'ai jamais été très douée pour les engagements.

- Bien ! s'exclama Athéna avec un hochement de tête. Enfin, nous avançons. Tu ne pourras jamais comprendre où aller sans savoir d'où tu viens.

- Je suis une grande fille. Je sais lacer mes sandales toute seule.

- Oui, je l'aime, déclara fermement Meg.

Héra frappa dans ses mains et afficha un grand sourire.

- Merveilleux ! Alors, il n'y a qu'une seule solution : toi, Megara, tu dois devenir une déesse.

Meg n'était pas sûre d'avoir bien compris.

- Pardon, vous pouvez répéter ?

- Tu dois devenir une déesse, insista Héra, comme si c'était aussi simple que d'acheter des figues au marché du coin. C'est la seule solution logique à ce problème.

Meg étrécit les yeux. Les dieux n'offraient pas l'immortalité ainsi sans raison.

- On ne pleurera pas, Megara, dit sa mère en repoussant une mèche rebelle derrière son oreille. Nous sommes mieux sans lui. Tu verras. Souviens-toi : ne laisse jamais un homme obscurcir ta lumière. Dans ce monde, tu ne peux compter que sur toi.

Je ne pouvais pas imaginer un monde sans toi. J’ai prié tous les dieux pour que tu guérisses. Spoiler(cliquez pour révéler)Hadès est le seul à m’avoir répondu.

Parfois, ta tête te guidera. D’autres fois, ce sera ton cœur.