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Il tire dans la fosse. La terre s’éboule sur nos têtes. Mme Rimas pousse un cri perçant. Komorov nous enjoint de la fermer. Il continue à décrire sans fin des cercles autour du trou, marmottant que nous ne sommes que des porcs, de répugnants porcs, jusqu’au moment où, soudain, il shoote dans le gros tas de terre. Il shoote en riant à gorge déployée. Vite, vite, de plus en plus vite. La terre tombe d’abord sur mes pieds, puis sur ma robe, puis sur ma poitrine, m’ensevelissant peu à peu. Il shoote toujours comme un forcené sans cesser de pointer son arme sur nos visages. Si je m’assois, il me tirera dessus. Si je ne m’assois pas, je serai enterrée vivante. Je ferme les yeux. Une lourde masse s’abat sur mon corps. Et pour finir, c’est sur mon visage qu’il se met à pleuvoir. BANG ! Nouvel éboulement. Komorov nous jette des mottes à la figure en riant comme un dément. J’en ai le nez couvert. J’ouvre la bouche pour respirer mais je ne réussis qu’à m’étrangler. J’entends Komorov glousser avant de tousser d’une toux sèche. Il rit et tousse, tentant de retrouver son sang-froid, comme s’il s’était vaincu lui-même. Kretzky dit alors quelques mots. BANG ! Le silence tomba. Nous gisions là, ensevelies dans la fosse que nous avions nous-mêmes creusée à la sueur de notre sang. Je perçus un grondement assourdi : c’était le camion qui s’éloignait. J’étais incapable d’ouvrir les yeux. Une voix se fit alors entendre au-dessus de nos têtes. Kretzky. Mère se redressa et se mit à m’essuyer frénétiquement la figure avant de me hisser jusqu’à elle. Je la serrai dans mes bras, refusant de la lâcher. Mme Rimas déterra la Grincheuse. Elle respirait difficilement et crachait de la terre en toussant.
– Ça va aller, ma chérie, dit Mère en me berçant contre elle. Il essaye juste de nous effrayer. Il veut qu’on signe ces documents. J’étais incapable de pleurer. Je ne pouvais même pas parler.
– Davaï , dit Kretzky d’une voix étrangement douce en tendant la main. Je levai les yeux et regardai son bras tendu sans pouvoir me décider. Il le descendit un peu plus bas. J’empoignai son avant-bras. Il attrapa le mien. Plantant alors mes orteils dans la terre, je le laissai me tirer hors de la fosse. Et soudain, je me retrouvai sur le bord du trou, face à face avec Kretzky. Nous nous dévisagions.
Afficher en entierLe bruit de ses sanglots entrecoupés m'avait fait mal. Physiquement mal.
Afficher en entier- Je ne vois pas ta mère travailler la terre...
- Non, répondit Andrius en se penchant vers moi. [...] Et sais-tu pourquoi ?[...]
Parce qu'ils l'ont menacée de me tuer si elle n'acceptait pas de coucher avec eux. Et le jour où ils seront fatigués d'elle, rien ne les empêchera de me tuer si ça leur chante. Dis-moi un peu, Lina, que ressentirais-tu si ta mère pensait qu'elle devait se prostituer pour te sauver la vie ? [...] A ton avis, que ressentirait mon père s'il savait ça ? Et que ressent ma mère quand elle doit coucher avec les gens qui ont assassiné son mari ?
Afficher en entierIl n'y a pas plus puissante arme que l'amour : quelle que soit la nature de cet amour, il nous révèle la force miraculeuse de l'esprit humain.
Afficher en entierCertains êtres manifestent leurs bonté avec une certaine gaucherie. Mais ils sont beaucoup plus sincères dans leurs gaucheries que tous ces hommes distingués dont il est question dans les livres.
Afficher en entierLa terre tombe d'abord sur mes pieds, puis sur ma robe, puis sur ma poitrine, m'ensevelissant peu à peu. Il shoote toujours comme un forcené sans cesser de pointer son arme sur nos visages. Si je m'assois, il me tirera dessus. Si je ne m'assois pas, je serai enterrée vivante.
Afficher en entierToutes les cinq minutes, j'entendais leurs bottes marteler le quai. Je ne pouvais trouver le sommeil. Je me demandai si la lune était apparue dans le ciel et à quoi elle ressemblait. Un jour, Papa m'avait dit que, d'après les conjonctures des savants, la Terre vue de la Lune paraissait bleue. Ce soir-là, je le croyais, je voulais bien le croire. Je l'aurais volontiers représentée ainsi : bleue et pleine de larmes.
Afficher en entierCe jour-là, je plantai une semence de haine dans mon coeur, jurant qu'elle deviendrait un arbre gigantesque dont les racines les étrangleraient tous.
Afficher en entierIl n’y avait que deux issues possibles en Sibérie : ou bien survivre, c’est-à-dire réussir, ou bien mourir, autrement dit échouer. J’avais choisi la vie. J’avais choisi de survivre.
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Vous êtes-vous jamais demandé ce que vaut une vie humaine ? Ce matin-là, mon petit frère ne valait pas plus qu'une montre à gousset.
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