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Sa main trembla comme elle ouvrait sa boite aux lettres dans le petit hall de son immeuble. Sous quelques prospectus de publicité, elle vit immédiatement l’épaisse enveloppe rose. Normal, c’était l’anniversaire de Lauren. Le 27 mars, l’enveloppe était bleue, pour l’anniversaire de Tim. Aussitôt, sa gorge se noua, et elle sentit sa poitrine se tétaniser. Elle savait que tant qu’elle ne l’aurait pas ouverte, elle ne pourrait plus respirer librement. Elle reprit l’ascenseur d’un pas lourd, et rentra chez elle. Après avoir verrouillé sa porte, elle s’installa à la table de sa cuisine, et regarda longuement l’enveloppe rose. Quoi de plus anodin, de plus inoffensif qu’une simple carte d’anniversaire ?
Afficher en entierLeanne Brookes habitait dans un petit immeuble sans prétention d’East Boston, sur Cottage Street. Son seul luxe était sa localisation, à deux pas de la promenade qui longeait le port. À pied, elle pouvait aller se promener jusqu’au Piers Park, et admirer la haute silhouette des buildings sur les quais de North Boston, de l’autre coté du bras de mer. Son loyer restait peu élevé parce que l’immeuble n’était pas tout jeune. La proximité avec l’aéroport jouait aussi, bien que le bruit des avions qui décollaient ou atterrissaient ne représentait pas une telle nuisance, finalement, dans le brouhaha général de ce quartier populaire.
Afficher en entierÀ la gare, il acheta un billet de train pour Chicago. Avec un peu de chance, les caméras de surveillance étaient en train de le filmer. Le prochain départ était dans quinze minutes. Il monta dans le premier wagon, et remonta les compartiments jusqu’au bout du train. Il avisa un manteau, un bonnet et une écharpe qu’un passager avait posés sur la glissière prévue à cet effet, au dessus des sièges. Il fit semblant de s’installer à une place, puis se releva pour fourrer son propre anorak à coté du manteau. Quelques minutes après, il se leva de nouveau, comme s’il avait oublié quelque chose dans son anorak, et prit les autres affaires d’un air dégagé, avant de se diriger vers les toilettes du wagon. Il enfila le manteau, et enfonça le bonnet jusqu’aux oreilles. L’écharpe termina de cacher le bas de son visage. Les épaules rentrées, les mains dans les poches, il redescendit du train, et remonta le quai. Aux arrêts de bus, il prit le 268. Celui qui allait à Sawyer Street. Là où habitait Jeff.
Afficher en entierD’un bond, il se leva. Personne ne trouverait bizarre de voir un patient déambuler avec une potence à perfusion. Mais il fallait qu’il fasse vite. Il prit immédiatement l’ascenseur pour descendre de quelques étages, au hasard, et vit sortir un patient de sa chambre, qui raccompagnait sa famille venue lui rendre visite. Ils avaient à peu près la même taille. Il se débarrassa de sa perfusion, et se précipita pour ouvrir le placard de la chambre. Il avait de la chance. Il arracha sa blouse de soin, et ignorant la douleur presqu’insupportable de ses côtes cassées, enfila à la hâte le jean, le pull, et les chaussures. Elles étaient trop petites, et lui comprimèrent douloureusement les orteils, mais tant pis. Il saisit l’anorak sur le cintre, et ressortit de la chambre juste à temps. Du bout du couloir, l’occupant légitime de la chambre revenait. Avec un peu de chance, il n’ouvrirait pas son placard tout de suite.
Afficher en entierIl avait été passé à tabac par les autres prisonniers, une fois de plus. Ce devait être pire que d’habitude, car le médecin du pénitencier avait demandé cette fois qu’il soit transféré à l’hôpital pour faire un scanner. Le toubib devait craindre un traumatisme sévère pour demander un tel examen. D’ordinaire, les soins dispensés aux prisonniers étaient plutôt sommaires. Mais bon, un prisonnier qui claquait par faute de soins, ça faisait quand même mauvais genre. Ce n’était pas bon pour les statistiques de l’établissement pénitentiaire concerné.
Afficher en entierPendant ce temps, Margie ramassa les longues mèches de cheveux, ainsi que ses vêtements, pour les porter dans le jardin derrière la maison. Elle fourra le tout dans un vieux fût, avant de l’arroser d’alcool, et d’y mettre le feu. Puis Margie la fit grimper dans son vieux pick-up. Elle ne savait pas où Margie l’emmenait. Cela aussi faisait partie des précautions que prenait l’association. Elle devait accepter de faire un grand saut dans l’inconnu, pour sa propre sauvegarde.
Afficher en entierElle regarda les bleus sur son visage dans le miroir. Ce n’était pas la peine d’essayer de les cacher sous un maquillage épais.
Cette fois serait la dernière fois.
Les gens de l’association l’avaient prévenue, comme toutes celles qu’ils aidaient. Il fallait partir sans un regard en arrière. Ne rien prendre avec elle qui puisse la relier avec cette vie. Ni photos, ni souvenirs, ni vêtements. Uniquement de l’argent liquide.
L’association lui fournirait de nouveaux papiers, une nouvelle identité.
Une nouvelle vie.
Elle regarda une dernière fois autour d’elle. Que pourrait-elle regretter de celle-ci ?
Afficher en entierC'est pratique un mort. Ça ne vous contredit pas.
Afficher en entierLe bonheur, disait sa mère, c'était fait de petites bulles de rire, de confiance, de légèreté.
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