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Extrait ajouté par partemps 2020-03-26T02:43:18+01:00

Reste que l’on ne saurait oublier tous ceux qui ont cherché, quelles que soient les circonstances, à « faire jaillir la source du rocher3 », pour reprendre les mots de Pierre Reverdy. Que celui-ci y ait splendidement réussi, c’est d’être persuadé comme Ignaz Paul Vital Troxler qu’« il y a un autre monde mais [qu’] il est dans celui-ci4 ».

Il n’est pas de meilleure justification pour refuser l’ordre des choses. Elle dit l’irruption de l’éventuel et la beauté susceptible d’y apparaître. Comme celle qui déchire soudain l’opacité ténébreuse de 1984 par la façon dont une jeune amoureuse arrache ses vêtements dans « un geste magnifique qui semblait anéantir toute civilisation5 ». Beauté se confondant avec la poésie qui, à être « de rien et de nulle part », est aux yeux de Reverdy « la manifestation du besoin irrépressible de liberté qui est dans l’homme »6. C’est cette certitude qu’Ossip Mandelstam alla jusqu’à payer de sa vie, en rappelant : « Ce qui distingue la poésie de la parole machinale, c’est que la poésie justement nous réveille, nous secoue en plein milieu du mot. »

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Extrait ajouté par partemps 2020-03-26T02:41:29+01:00

Cette beauté, qu’il écrit alors sans majuscule, vient de loin, de très loin. Son génie est d’avoir cherché à la saisir au plus près de sa violence première, de courir au-devant d’elle à travers les « déserts de l’amour », de se heurter à elle dans « l’azur qui est du noir », quitte à la reconnaître quand il ne se reconnaît plus. Mais pour affirmer en même temps que « Je est un autre » et ouvrir alors à chacun la souveraineté de tous les royaumes du singulier.

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Extrait ajouté par partemps 2020-03-26T02:40:39+01:00

Du coup, en quoi s’interroger sur la beauté et sur ce qui la menace de toutes parts permettrait-il d’échapper à ce désespérant tableau ? Si personne ne saurait la définir, chacun en a un jour connu les pouvoirs d’éblouissement, jusqu’à ce que soit soudain donné sens à ce qui semblait n’en pas avoir. Pas plus que l’éclair, elle ne se laisse assujettir. Et, pour cette seule raison, il vaut de ne jamais oublier son flamboiement, même si, après ou avant les innombrables remises en cause de la notion de beauté, il y a Rimbaud écrivant au tout début d’Une Saison en enfer : « Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. – Et je l’ai trouvée amère. – Et je l’ai injuriée. »

Lignes qu’on ne peut lire, sans se demander ce qui les relie ou non à celles qui viennent les contredire dans la dernière partie de ce voyage au bout de soi-même : « Cela s’est passé. Je sais aujourd’hui saluer la beauté. »

Que s’est-il donc produit entre avril et août 1873, le temps de cette « saison en enfer » ?

Longtemps, cette question m’a poursuivie, jusqu’à ce que, notre situation s’aggravant, j’en vienne à me demander si ce retournement de Rimbaud, au milieu du plus sombre des temps, ne représentait pas pour nous un recours.

Comme si après avoir pris tous les risques pour déserter les voies éclairées par la Beauté reconnue comme telle, Rimbaud avait soudain vu qu’il est une beauté toujours autre, une beauté, qui est, comme l’amour dont il rêvait, toujours à réinventer.

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Extrait ajouté par partemps 2020-03-26T02:39:05+01:00

Quelque chose que l’on croirait impossible de rattraper semble désormais courir devant les hommes. Ce n’est pas plus leur avenir que leur présent, ce sont leurs rêves qui leur échappent. Et tout se passe comme si l’on ne savait plus ni saisir, ni dire, ni penser l’écart qui se creuse de plus en plus entre ce que nous vivons et les discours censés en rendre compte. Au point que la critique sociale, si rigoureuse soit-elle, finit par n’être plus qu’une musique d’accompagnement, sans aucune efficience, réduite à donner bonne conscience à ceux qui la partagent.

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Extrait ajouté par partemps 2020-03-26T02:37:59+01:00

C’est pourquoi il serait trop simple de penser après Stendhal que si « la beauté n’est que la promesse du bonheur2 », la laideur devient une promesse de malheur. À s’en tenir là, le risque est de ne pas voir comment cette nouvelle « esthétisation du monde », dont la plupart se félicitent, encadre exactions et dévastations, pour aggraver, du haut en bas de l’échelle sociale, une désensibilisation sans précédent, par ailleurs induite depuis longtemps – de théâtre en musée, de centre d’art en fondation – à travers des mises en spectacle, performances ou installations où, de plus en plus, le cynisme va de pair avec l’indifférence.

La conséquence en est l’installation d’un ordre du déni éhonté, qui n’est pas sans remettre en cause tous les modes de représentation, les uns finissant par dévaloriser les autres au cours d’implosions en chaîne qui entraînent autant de désincarnations. Tant et si bien que chaque être, peu à peu dépouillé de ce qui le reliait sensiblement au monde, se retrouve aussi seul que démuni.

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Extrait ajouté par partemps 2020-03-26T02:35:22+01:00

Qu’on le veuille ou non, c’est une affaire politique d’importance. Car s’il est impossible de définir la beauté vive, toujours bouleversante de recomposer le monde à sa lumière inédite, les deux totalitarismes du XXe siècle ont pareillement traqué les œuvres qui en étaient chargées, pour imposer une terreur sensible, dont les normes se sont révélées interchangeables entre le réalisme socialiste et l’art hitlérien. Jusqu’à affirmer l’un et l’autre la même immoralité du même kitsch moraliste, où le corps humain aura pareillement été requis comme faux témoin du mensonge idéologique.

Qu’à l’exception de quelques-uns, la quasi-totalité des révolutionnaires n’ait guère prêté attention à cette similitude et se soit encore moins préoccupée d’en envisager les incidences n’est pas indifférent au fait que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la laideur a eu la voie libre.

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Extrait ajouté par partemps 2020-03-26T02:34:05+01:00

Nouvel exemple que tout se tient, même si l’actuelle précipitation des événements rend de plus en plus indiscernables les effets des causes. Ce qui va avec l’aggravation de ce « trop de réalité » que j’évoquais, il y a déjà dix-huit ans, comme la conséquence d’une marchandisation délirante, indissociable de l’essor informatique : trop d’objets, trop d’images, trop de signes se neutralisant en une masse d’insignifiance, qui n’a cessé d’envahir le paysage pour y opérer une constante censure par l’excès.

Le fait est qu’il n’aura pas fallu longtemps pour que ce « trop de réalité » se transforme en un trop de déchets. Déchets nucléaires, déchets chimiques, déchets organiques, déchets industriels en tous genres, mais aussi déchets de croyances, de lois, d’idées dérivant comme autant de carcasses et carapaces vides dans le flux du périssable. Car s’il est une caractéristique du siècle commençant, c’est bien ce jetable qu’on ne sait plus ni où ni comment jeter et encore moins penser.

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Extrait ajouté par partemps 2020-03-26T02:33:40+01:00

Voici donc venu le temps où les catastrophes humaines s’ajoutent aux catastrophes naturelles pour abolir tout horizon. Et la première conséquence de ce redoublement catastrophique est que sous prétexte d’en circonscrire les dégâts, réels et symboliques, on s’empêche de regarder au-delà et de voir vers quel gouffre nous avançons de plus en plus sûrement.

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