Commentaires de livres faits par Celia_P
Extraits de livres par Celia_P
Commentaires de livres appréciés par Celia_P
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Le videur hausse ses sourcils percés, l'air amusé.
— Je ne veux pas de pépins dans ma boîte, ma petite dame. Vous ne comptez pas m'en causer, n'est-ce pas ?
Je lui rends son sourire narquois.
— Tout dépend de ce que vous entendez par « pépins ».
Son sourire s'élargit, et il croise ses énormes bras.
— Les petites brunes impétueuses qui se mettent en danger inutilement.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire à pleines dents.
— Alors tout va bien, parce que je vis pour éviter le danger.
— Bonjour, dit-il d’une voix virile et charmante (c’était trop pour moi). Je vous dépose ?
— Non merci, c’est très gentil mais j’aime bien marcher.
Mais quelle débile ! Tout moi ça. J’ai peur de passer pour une idiote alors je dis exactement le truc qui va lui faire penser que je suis bizarre… Il continuait de rouler à mon pas. Ce qui avait déjà agacé deux autres conducteurs qui avaient doublé en accélérant brusquement d’exaspération. Il y avait de nouveaux des voitures, pensai-je, les nouveaux services de police commençaient aussi à se mettre en place, peut-être la civilisation allait-elle refaire surface ? Non.
— Sauf que là vous ne marchiez pas, vous couriez, ce qui me laisse penser que soit vous avez rapidement besoin de soins médicaux soit vous êtes en retard…
Et avec de la répartie par-dessus le marché… Misère…
— Je vous promets que je suis un honnête homme. Il ne pourra rien vous arriver avec moi. D’ailleurs je travaille ici.
Je m’arrêtai et me penchai de nouveau dans son habitacle.
— Vraiment ? Je ne vous ai jamais vu pourtant…
Il fendit à nouveau son beau visage d’un sourire révoltant de beauté.
— Ha ! Donc vous travaillez là aussi, dit-il, je suis le petit nouveau. Aller montez, je vais me faire plein d’ennemis le premier jour en traînant comme ça en plein milieu…
J’ouvris la portière et me posai dans le siège passager avec la grâce d’un hippopotame. Et puis merde, de toute façon j’étais déjà grillée avec lui. « L’idiote qui aime marcher/courir ». Mais de quoi je parlais ? De toute façon il ne se serait jamais intéressé à moi. J’étais la fille lambda que tout le monde trouvait sympa mais bizarre.
— Ben Montgomery, dit-il en me regardant de plus près. On vous a frappée ?
— Moui.
Il fit une moue très gênante, comme s’il avait un costume de superman à l’arrière et qu’il réfléchissait au moyen de l’enfiler le plus vite possible pour voler au secours de la damoiselle en détresse.
— Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas en détresse, dis-je avec peut-être un peu trop de dédain. Je me suis juste fait bousculer hier en rentrant chez moi, rien qui ne sorte de l’ordinaire quoi…
Un peu trop de fatalisme cette fois… Il allait vraiment me trouver détestable, j’étais douée pour saper ma vie sociale. Ou peut-être que j’étais juste réellement détestable ? J’en étais là de mes réflexions quand il reprit :
— Je peux me garer là ?
— Oui, dis-je en revenant à la réalité. Mais vous devrez revenir le plus vite possible avec votre sticker de personnel soignant sinon les vigiles vont vous mettre une amende. Josie vous la fera sauter si jamais c’est le cas mais elle vous demandera un service en échange et vous aurez alors mis le doigt dans un engrenage qui vous dépassera sans aucun doute.
Il se mit à rire en descendant de la voiture. Fallait vraiment qu’il arrête de faire ça, ça me donnait furieusement envie de me jeter sur lui en criant « aime moi ! ».
— Vous ne m’avez pas dit votre nom, la bagarreuse ?
— Ah non ?
— Non, sourit-il encore…
Nous nous dirigeâmes vers l’entrée des urgences.
— Je suis vraiment mal élevée… À ma décharge je n’ai pas été élevée du tout...
Rose a secoué la tête.
- Je ne sais pas, mais je suis convaincue que tout vas bien se passer. On se serre les coudes, comme d'habitude.
J'en avais vraiment ras le bol de les entendre dire que tout irait bien. Pourquoi chantaient-elles ce refrain? Elles avaient accepté que leur vie se résume à cette prison, ce qui était un cauchemar éveillé. Quelque chose en moi s'est mis à bouillonner et je me suis levée d'un bond, en rage.
- Rose, putain, regarde autour de toi! On est enfermées dans la cave d'un taré. Comment est-ce que tu peux dire que tout va bien se passer? Réveille-toi, bordel!
- Du calme, Lilas. Il nous entend peut-être, a-t-elle répondu d'une voix basse, mais pressante.
J'ai pris une profonde inspiration et je n'ai pas relevé le fait qu'elle m'ait appelée Lilas. Lilas n'était qu'un pantin dans le monde de malade inventé par ce fou : ce n'était pas moi.
- Réfléchis un peu, Rose. On ne perçoit rien jusqu'à ce que la porte s'ouvre. Tu crois vraiment qu'il nous entend? Au lieu de jouer l'épouse de ce taré, est-ce que tu pourrais te comporter comme une personne normale? Il nous a kidnappées."
— Qu’est ce que je fais ? m’interrogeai-je à voix haute.
— Rien du tout tant que je serai là pour t’en empêcher.
Avec un hurlement, je laissai retomber le store et fis volte-face. Le cœur battant, j’examinai la haute silhouette qui se découpait sur le seuil de ma chambre, occupant tout l’espace. Une fois que je l’eus identifiée, mon cœur s’enballa de plus belle.
— Nom d’un bébé démon ! J’ai failli avoir une crise cardiaque. »
Je continuai de courir.
Que pouvais-je faire d’autre ?
Je pris néanmoins un peu de vitesse, pour me mettre à sprinter carrément. Il me restait un pâté à parcourir.
Les phares du véhicule m’enveloppaient littéralement, et je voyais bondir mon ombre devant moi. Mon cœur battait déjà de l’effort que je produisais mais une sueur froide me perlait à présent sur le front et dans le cou. Elle se répandit bientôt sur mes épaules et mon dos, et je me mis à claquer des dents.
Je m’arrêtai.
À une trentaine de mètres de la maison. Je me retournai pour scruter la voiture qui venait elle aussi de s’arrêter et se trouvait à présent en face de moi. Puis j’entendis la vitre s’abaisser, et quelqu’un se pencha à l’extérieur.
— Qu’est-ce que vous voulez ? lançai-je, à la fois agacée et inquiète.
Des cris hilares me répondirent.
Les poings serrés, je bondis en avant.
— Tu es complètement idiote, lança alors la voix de Mason.
Alors que, rassurée, je partais d’un grand rire nerveux, un crachat s’échappa de ma bouche pour venir se coller sur ma jambe. Ce qui ne m’arrêta pas pour autant. J’étais tellement soulagée…
— C’est vous, les idiots !
Logan passa la tête par la fenêtre passager.
— Hé, mec, on pourrait être des violeurs en série, tu sais !
Posez vos stylos, j'ai dit, les mains sur la tête, face contre la table, personne ne bouge !
Parce que j'en ai marre de ces élèves qui se décident à écrire à la toute dernière minute !
Mon sourcil s'est soulevé.
— Bien, comment ça se fait ? On est de si bons amis depuis...
J'attendais un peu et offrais mon propre rire forcé.
— Oh, c'est vrai. On n'est pas amis. »
I will never again apologize for surviving.
And yet —
I’m startled at once by the sound of a door slamming open. I silence a gasp, spin around, and, by force of habit, rest my hand on the hilt of a semiautomatic hung from a holster at my side.
“J, we’ve got a serious problem.”
Kenji is staring at me — eyes narrowed — his hands on his hips, T-shirt taut across his chest. This is angry Kenji. Worried Kenji. It’s been sixteen days since we took over Sector 45 — since I crowned myself the supreme commander of The Reestablishment — and it’s been quiet. Unnervingly so. Every day I wake up, half terror, half exhilaration, anxiously awaiting the inevitable missives from enemy nations who would challenge my authority and wage war against us — and now, finally, it seems that moment has arrived. So I take a deep breath, crack my neck, and look Kenji in the eye.
“Tell me.”
He presses his lips together. Looks up at the ceiling. “So, okay — the first thing you need to know is that this isn’t my fault, okay? I was just trying to help.”
I falter. Frown. “What?”
“I mean, I knew his punkass was a major drama queen, but this is just beyond ridiculous —”
“I’m sorry — what?” I take my hand off my gun; feel my body unclench. “Kenji, what are you talking about? This isn’t about the war?”
“The war? What? J, are you not paying attention? Your boyfriend is having a freaking conniption right now and you need to go handle his ass before I do.”
I exhale, irritated. “Are you serious? Again with this nonsense? Jesus, Kenji.” I unlatch the holster from my back and toss it on the bed behind me. “What did you do this time?”
“See?” Kenji points at me. “See — why are you so quick to judge, huh, princess? Why assume that I was the one who did something wrong? Why me?” He crosses his arms against his chest, lowers his voice. “And you know, I’ve been meaning to talk to you about this for a while, actually, because I really feel that, as supreme commander, you can’t be showing preferential treatment like this, but clearly —”
Kenji goes suddenly still.
At the creak of the door Kenji’s eyebrows shoot up; a soft click and his eyes widen; a muted rustle of movement and suddenly the barrel of a gun is pressed against the back of his head. Kenji forms shaking fists as he stares at me, his lips making no sound as he mouths the word psychopath over and over again.
The psychopath in question winks at me from where he’s standing, smiling like he couldn’t possibly be holding a gun to the head of our mutual friend. I manage to suppress a laugh.
“Go on,” Warner says, still smiling. “Please tell me exactly how she’s failed you as a leader.”
“Hey —” Kenji’s arms fly up in mock surrender. “I never said she failed at anything, okay? And you are clearly overreact —”
Warner knocks Kenji on the side of the head with the weapon. “Idiot.”
Kenji spins around. Yanks the gun out of Warner’s hand. “What the hell is wrong with you, man? I thought we were cool.”
“We were,” Warner says icily. “Until you touched my hair.”
“You asked me to give you a haircut —”
“I said nothing of the sort! I asked you to trim the edges!”
“And that’s what I did.”
“This,” Warner says, spinning around so I might inspect the damage, “is not trimming the edges, you incompetent moron —”
I gasp. The back of Warner’s head is a jagged mess of uneven hair; entire chunks have been buzzed off.
Kenji cringes as he looks over his handiwork. Clears his throat. “Well,” he says, shoving his hands in his pockets. “I mean — whatever, man, beauty is subjective —”
Warner aims another gun at him.
“Hey!” Kenji shouts. “I am not here for this abusive relationship, okay?” He points at Warner. “I did not sign up for this shit!”
Warner glares at him and Kenji retreats, backing out of the room before Warner has another chance to react; and then, just as I let out a sigh of relief, Kenji pops his head back into the doorway and says
“I think the cut looks cute, actually”
and Warner slams the door in his face.
Welcome to my brand-new life as supreme commander of The Reestablishment.
Warner is still facing the closed door as he exhales, his shoulders loosing their tension as he does, and I'm able to see even more clearly the mess Kenji has made. Warner's thick, gorgeous, golden hair - a defining feature of his beauty - chopped up by careless hands.
A disaster.
"Aaron", I say softly.
He hangs his head.
"Come here."
He turns around, looking at me out of the corner of his eye like he's done something to be ashamed of. I clear the guns off the bed and make room for him beside me. He sinks into the mattress with a sad sigh.
"I look hideous", he says quietly.
I shake my head, smiling, and touch his cheek. "Why did you let him cut your hair?"
Warner looks up at me then ; his eyes round and green and perplexed. "You told me to spend time with him."
I laugh out loud. "So you let Kenji cut your hair?"
"I didn't let him cut my hair," he ays, scowling. "It was" - he hesitates - "it was a gesture of camaraderie. It was an act of trust I'd seen praticed among my soldiers. Anyways," he says, turning away, "it's not as though I have any experience building friendships."
"Well", I say. "We're friends, aren't we?"
At this, he smiles.
"And?" I nudge him. "That's been good, hasn't it? You're learning to be nicer to people."
"Yes, well, I don't want to be nicer to people. It doesn't suit me."
"I think it suits you beautifully", I say, beaming. I love it when you're nice."
"You would say that." He almost laughs. "But being kind does not come naturally to me, love. You'll have to be patient with my progress."
I take his hand in mine. "I have no idea whay you're talking about. You're perfectly kind to me."
Warner shakes his head. "I know I promised I would make an effort to be nicer with your friends - and I will continue to make that effort - but I hope I've not led you to believe I'm capable of an impossibility."
"What do you mean?"
"Only that I hope I wont disappoint you. I might, if pressed, be able to generate some degree of warmth, but you must know that I have no interest in treating anyone the way I treat you. This", he says, touching the air between us, "is an exception to a very hard rule." His eyes are on my lips now ; his hand has moved to my neck. "This", he says softly, "is very, very unusual."
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traduction personnelle :
Je ne me réveille plus en hurlant. Je ne me sens pas malade à la vue du sang. Je ne flanche pas avant de tirer une balle.
Je ne m'excuserai plus jamais d'avoir survécu.
Et pourtant-
Je me fais surprendre tout à coup par le bruit d'une porte qui s'ouvre. Je réprime une exclamation, regarde autour de moi, et, par habitude, pose ma main sur la crosse du semi-automatique accroché à un holster près de moi.
"J, on a un sérieux problème."
Kenji me fixe -les yeux plissés-, les mains sur les hanches, le t-shirt tendu sur sa poitrine.
Typique du Kenji en colère. Du Kenji inquiet. Cela fait seize jours que nous avons pris le Secteur 45 -depuis que je me suis couronnée Commandant suprême du Rétablissement- et tout a été calme depuis, ce qui est déconcertant. Je me réveille tous les matins, à moitié terrifiée, à moitié euphorique, attendant anxieusement les inévitables missives des nations ennemies qui pourraient défier mon autorité et partir en guerre contre nous -et désormais, il semble que ce moment est enfin arrivé. Par conséquent, je prends une profonde respiration, craque mon cou, et regarde Kenji dans les yeux.
"Dis-moi."
Il serre les lèvres. Lève les yeux au plafond. "Bon, ok : la première chose que tu dois savoir est que ce n'est pas de ma faute, ok ? J'essayais juste d'aider."
J'hésite. Fronce les sourcils. "Quoi ?"
"Je veux dire, je sais que ce crétin est un hystérique, mais cela va au-delà du ridicule-"
"Pardon - quoi ?" Je retire ma main du pistolet, sens mon corps se décrisper. "Kenji, de quoi parles-tu ? Ce n'est pas à propos de la guerre ?"
"La guerre ? Quoi ? J, tu ne fais attention à rien ? Ton petit-ami est en train d'avoir une sacrée crise de colère et tu as besoin de t'occuper de ses fesses avant que je ne le fasse."
J'expire, irritée. "Tu es sérieux ? Encore ces absurdités ? Bon Dieu, Kenji." Je détache le holster de mon dos et le jette sur le lit derrière moi. "Qu'est-ce que tu as fait cette-fois ci ?"
"Tu vois ?" Kenji me montre du doigt. "Tu vois comme tu juges toujours aussi rapidement, princesse ? Pourquoi assumes-tu que je suis celui qui a fait quelque chose de mal ? Pourquoi moi ?" Il croise les bras sur sa poitrine, baisse la voix. "Et, tu sais, j'avais l'intention de t'en parler depuis un moment, en réalité, parce que je sens que, en tant que Commandant suprême, tu ne peux pas faire des traitements de faveurs comme ça, mais clairement-"
Kenji s'interrompt soudainement.
Les sourcils de Kenji se lèvent tandis que la porte grince ; un léger cliquetis et ses yeux s'élargissent ; un bruit discret et soudain le canon d'un pistolet est pressé derrière sa tête. Kenji serre les points alors qu'il me fixe, ses lèvres ne formant aucun son pendant qu'il m'articule le mot "psychopathe" en boucle.
Le psychopathe en question me fait un clin d’œil de là où il se tient, souriant comme s'il ne tenait pas un pistolet contre le crâne d'un de nos amis communs. Je parviens à réprimer un rire.
"Continue, dit Warner, toujours en souriant, dis-moi exactement en quoi elle t'a déçue en tant que que leader.
- Hey (les bras de Kenji se lèvent dans une capitulation moqueuse), je n'ai jamais dit qu'elle a raté quoique ce soit, ok ? Et tu es clairement en train d'exagér-"
Warner frappe Kenji sur le côté de la tête avec l'arme. "Idiot".
Kenji tourne la tête. Arrache le pistolet de la main de Warner. "Qu'est-ce qui cloche avec toi, mec ? Je croyais qu'on était cool.
- On l'était, dit froidement Warner, avant que tu ne touches mes cheveux.
- Tu m'as demandé de te faire une coupe-
- Je n'ai jamais dit ça ! Je t'ai demandé de me faire les bords !
- Et c'est ce que j'ai fait.
- Ça, dit Warner en tournant sur lui-même pour que je puisse constater les dégâts, ce n'est pas faire les bords, espèce d'imbécile incompétent-"
Je pousse une exclamation de surprise. L'arrière du crâne de Warner est une pagaille irrégulière de cheveux ; des segments entiers ont été retirés.
Kenji grince des dents lorsqu'il regarde son œuvre. Se racle la gorge. "Eh bien, il dit, fourrant les mains dans les poches, je veux dire, on s'en fout, mec, la beauté, c'est subjectif-"
Warner pointe un autre pistolet dans sa direction.
"Hey ! crie Kenji, je ne suis pas là pour subir cette relation abusive, ok ? "
Il pointe le doigt en direction de Warner.
"Je n'ai pas signé pour cette merde !"
Warner lui lance un regard noir et Kenji bat en retraite, sortant de la pièce avant que Warner aie une autre chance de réagir, et, pile au moment où je pousse un soupir de soulagement, la tête de Kenji surgit dans l'embrasure de la porte et il dit :
"Je pense que cette coupe est mignonne, en réalité."
et Warner lui claque la porte au nez.
Bienvenue dans ma toute nouvelle vie de Commandant suprême du Rétablissement.
Warner fait toujours face à la porte fermée tandis qu'il expire, ses épaules perdant leur tension, et je suis capable de voir plus clairement la pagaille que Kenji a provoquée. Les cheveux épais, magnifiques, dorés de Warner -une caractéristique de sa beauté- coupés par des mains négligentes.
Un désastre.
"Aaron", dis-je doucement.
Il tourne sa tête.
"Viens par là."
Il se tourne, me regardant du coin de l’œil comme s'il avait fait quelque chose dont il devrait avoir honte. Je débarrasse les pistolets du lit et fais de la place à côté de moi pour lui. Il s'enfonce dans le matelas avec un soupir triste.
"J'ai l'air horrible", dit-il doucement.
Je secoue la tête, souriante, et touche sa joue. "Pourquoi l'as-tu laissé couper tes cheveux ?"
Warner lève les yeux vers moi, ses yeux ronds et verts et perplexes. "Tu m'as dit de passer du temps avec lui."
Je ris. "Donc tu as laissé Kenji couper tes cheveux ?
- Je ne l'ai pas laissé couper mes cheveux", dit-il, l'air renfrogné. "C'était.. -il hésite- c'était un geste de camaraderie. C'était un acte de confiance que j'ai vu pratiqué parmi mes soldats. De toute manière", dit-il, me tournant le dos, "ce n'est pas comme si j'avais de l'expérience en matière d'amitié".
"Et bien, dis-je, nous sommes amis, n'est-ce pas ?"
En entendant ça, il sourit. "Et ?" Je le pousse du coude. "C'est bien, non ? Tu apprends à être plus gentil avec les gens.
- Oui, et bien, je n'ai pas envie d'être gentil avec les gens. Ça ne me va pas.
- Je pense que ça te va merveilleusement bien", dis-je, radieuse. "J'adore quand tu es gentil."
Il rit presque.
"Mais être sympa ne me vient pas naturellement, chérie. Tu devras être patiente avec mes progrès."
Je prends sa main dans la mienne. "Je ne vois pas de quoi tu parles. Tu es parfaitement sympa avec moi."
Warner secoue la tête. "Je sais que j'ai promis de faire un effort pour être plus sympa avec tes amis -et je continuerai à faire cet effort- mais j'espère que je ne t'ai pas fait croire que je suis capable de l'impossible.
- De quoi parles-tu ?
- Seulement que j'espère ne pas te décevoir. Je pourrais, si je suis poussé, être capable de générer un certain degré de cordialité, mais tu devrais savoir que je n'ai aucun intérêt à traiter quelqu'un d'autre de la façon dont je te traite. Ceci, dit-il, touchant l'air entre nous, est une exception à une sévère règle." Ses yeux sont sur mes lèvres maintenant ; ses mains ont bougé jusqu'à mon cou. "Ceci, dit-il doucement, est très, très inhabituel."
J’enfilai une petite robe, bête noire de ma direction : le côté immaculé associé à un léger décolleté et à une longueur très mini hérissait un tantinet mes supérieures. Elle ne convenait pas à une Banshee, selon mes chefs. Elles cherchaient donc à me l’interdire, sans succès pour le moment : elle restait malgré tout de la bonne couleur et mon pacte ne spécifiait rien de plus. On pouvait me forcer à obéir, mais pas à le faire bien !
Fin prête, je me détaillai rapidement dans le miroir : ma robe me parut irrévérencieuse au possible et, avec mon teint presque diaphane de Banshee et ma chevelure incolore, je ressemblais à un triste tableau monochrome. Une personne un peu mesquine – ou suicidaire – aurait pu me traiter d’albinos et ce ne sont pas mes yeux carmin qui l’auraient détrompée.
Sans y penser, mue par l’habitude, je modifiai subtilement le tout, rendant ma peau plus rosée et mes cheveux d’un blond scandinave très pâle, moins choquant qu’un blanc pur. En même temps, la couleur de mes iris migra vers un bleu légèrement délavé. En bref, n’importe qui m’aurait confondue avec une Suédoise.
- Tu n’as pas écouté un mot de ce que je t’ai dit, pas vrai ? murmura-t-il en fermant les yeux.
- Je n’ai pas peur, affirmai-je.
Je mentais : Mab me terrifiait d’avance et, plus que tout, je redoutais ce qui m’attendait à la cour Unseelie. Toutefois, il me semblait que, si Ash était avec moi, tout irait bien.
- Tu es incroyablement butée, déclara ce dernier d’un air exaspéré en se passant la main dans les cheveux. Je ne sais pas comment je vais pouvoir te protéger alors que tu n’as pas le moindre instinct de survie.
Je vins tout près de lui et posai une main sur sa poitrine pour sentir les battements de son cœur.
- Je te fais confiance, dis-je.Je me mis sur la pointe des pieds. Nos visages n’étaient qu’à quelques souffles l’un de l’autre. Mon ventre frôlait le sien.
-Je sais que tu trouveras un moyen.Il se mit à respirer plus fort et posa sur moi un regard brûlant.
-Tu sais que tu es en train de jouer avec le feu ?
- C’est plutôt amusant, vu que tu es un prince de gla…Ma phrase mourut sur mes lèvres.
Ash s’était penché pour m’embrasser. Je nouai les bras autour de son cou tandis qu’il m’enlaçait la taille et, pendant quelques minutes, j’oubliai complètement le froid."
Sur ces mots, Nina lâcha négligemment le visage de Tara et disparut nonchalamment de la salle de bain. Tara resta bouleversée, immobile dans sa baignoire. Son cœur battait la chamade, son corps entier était en ébullition.
Extrait HAGEN, 1. Amours Perdus, Chapitre 13
Nihal vit son père s'éffondrer sur le sol comme un sac vide.
Elle vit son sang se répandre sur le pavé de la boutique.
Elle vit le démon arracher son épée du corps sans vie.
Elle ne ressentit rien. Elle regarda simplement la scène, les yeux écarquillés et les membre paralysés.
Puis vient le désespoire, et juste après une colère animale, qu'elle n'avait jamais éprouvée auparavant. Elle se jeta avec un hurelement inhumain sur l'assassin de son père, et un seul coup lui suffit pour lui trancher la tête.
J’ai cinq ans.
Ma mère m’a acheté un ballon. Je
me souviens du jour où elle a
franchi la porte avec. Le ruban
rose vif pendait à son bras,
accroché à son poignet. Elle m’a
souri tout en le détachant pour
l’attacher à ma main.
« Tiens, Livie, je l’ai acheté pour
toi. »
Elle m’appelait Livie.
J’étais tellement contente. Je
n’avais jamais eu de ballon. J’en
voyais toujours accrochés aux
poignets des autres enfants sur le
parking de Walmart, mais je
n’avais jamais espéré en avoir un
à moi.
Un ballon rose rien qu’à moi.
J’étais excitée ! Folle de joie !
Heureuse ! Je n’arrivais pas à
croire que ma mère m’ait acheté
quelque chose ! Elle ne m’avait
jamais rien acheté ! Je jouai avec
pendant des heures. Il était
rempli d’hélium et il dansait, il
se balançait, il flottait tandis que
je le tirais de pièce en pièce,
réfléchissant à tous les endroits
où je pourrais l’emmener. Aux
endroits où le ballon n’était
jamais allé. Je l’emmenai dans la
salle de bains, dans le placard,
dans la buanderie, dans la
cuisine, dans le salon. Je voulais
que mon meilleur ami voie tout
ce que je voyais ! Je l’emmenai
même dans la chambre de ma
mère !
La chambre
De ma mère ?
Où je n’étais pas censée venir ?
Avec mon ballon
Rose…
Je me couvris les oreilles pendant
qu’elle criait et essuyait les traces
blanches sur son nez. Elle me
donna une gifle et me rappela à
quel point j’étais vilaine ! À quel
point je m’étais mal comportée !
Je ne l’écoutais jamais ! Elle me
poussa dans le couloir et claqua
la porte, enfermant mon ballon
rose à l’intérieur avec elle. Je
voulais le récupérer ! C’était mon
meilleur ami ! Pas le sien ! Le
ruban rose était toujours attaché
à mon poignet. Alors, je me mis à
tirer, à tirer, pour essayer
d’éloigner mon meilleur ami
d’elle.
Mais
Il
Éclata.
Je m’appelle Eddie.
J’ai dix-sept ans.
La semaine prochaine, c’est mon
anniversaire. Je serai enfin
majeure. Le père de ma famille
d’accueil va m’offrir ces bottes
que je veux depuis longtemps. Je
suis sûre que mes amis
m’inviteront au restaurant. Mon
copain m’achètera un cadeau et
m’emmènera peut-être au ciné. Je
recevrai même une carte des
services sociaux me souhaitant un
bon dix-huitième anniversaire et
m’informant que je ne dépends
plus du système.
Je m’amuserai bien. Je le sais.
Mais il y a une chose dont je suis
sûre.
Personne n’a intérêt à m’offrir
Un putain de ballon rose !
Il lui sourit.