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Le 9 janvier.
Pénélope, Pamina,
Vous me manquez. Je vais bientôt avoir mon audience. Ils ne devraient pas me garder trop longtemps. Je ne veux pas que vous vous embêtiez avec les démarches du parloir. Deux mois trois au pire sans se voir ça va être long mais c'est mieux de ne pas amener Pamina ici.
Afficher en entierCette lettre n’arrivera jamais, je vais crever là et Pénélope saura pas la vérité, elle saura pas que j’ai rien fait. Secoué par la toux, il bricole une enveloppe. Demain il faudra que je trouve un timbre si je suis pas mort avant comme un rat dans son trou.
Afficher en entierAlexandre éteint le néon. Il se tient sans bouger, debout dans l’entrée, le dos collé au mur. Il regarde.
À gauche, les lits superposés, à droite, un petit bureau, et derrière les portes à battants, une douche, un lavabo et des toilettes. Dans les canalisations résonne le bruit déformé des cellules alentour. Le robinet grince, un mince filet coule. Il se passe de l’eau sur le visage. Sur ses mains, comme une odeur de rouille. Malgré le chauffage, il se couche tout habillé. Le lit grince et tangue sous son poids. La couverture sent la poussière, les vieilleries.
Afficher en entierÀ l’entrée de la prison, on lui avait retiré son portefeuille, son manteau, son portable, ses chaussures à lacets, sa ceinture, son écharpe et 2,20 euros qui traînaient au fond de sa poche. Tout avait été mis sous clé dans un casier. Il avait signé une dizaine de papiers, épelé son nom autant de fois. On l’avait pris en photo et on lui avait donné une carte avec son numéro d’écrou. 308234. « Vous devez toujours l’avoir sur vous, sous peine de sanction. » Et puis, dans une grande salle carrelée, à l’intérieur d’une cabine fermée par un rideau en plastique, un peu comme un isoloir, il s’était déshabillé. Il avait gardé son slip.
Afficher en entier— Allez !
Les trois verrous claquent, l’un après l’autre.
Ses poignets endoloris sentent le métal froid, comme les barres du métro. Il jette au loin les espadrilles trop petites qu’ils lui ont données en arrivant. Son pantalon à pinces est déchiré sur le côté droit. Il n’a plus rien sur lui, à part ses vêtements sales. Il n’a plus rien. Il est prisonnier.
Afficher en entier-Avancez.
Un homme le précède, un autre le suit. Il marche, les poignets attachés dans le dos. Tout autour, le bâtiment claque et résonne. Le premier bruit qu’il réussit à identifier, c’est une télé. Ensuite une musique joyeuse, un homme qui chante en arabe. Il y a des odeurs d’huile chaude au milieu de la nuit. Le bâtiment s’est refermé sur lui. D’abord les grandes portes de l’entrée, et puis des sas avant chaque couloir, des grilles, des sas encore. Il n’a pas compté tous les verrous cadenassés derrière lui. On dirait le couloir d’un hôpital, ou d’un lycée.
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