Ceux de 14, Tome 1 : Sous Verdun
Auteur
- Maurice Genevoix (Écrivain)
Série
Ceux de 14 (4 livres)Acheter neuf
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Classement en biblio - 3 lecteurs
extrait
• Tu vois, P’tit, faut pas qu’on s’plaigne. Y’a pas toujours que de l’a misère. Y’a d’bons moments…
C'est sans doute un pauvre bonheur que celui que nous attendons : un peu de tiédeur à notre chaire, un peu de calme à nos cœurs. Mais seulement de l'attendre nous sommes transfigurés. Nous nous sentons légers, soulevés d’une reconnaissance sans objet. Et des larmes me viennent aux yeux, simplement parce qu’un de mes hommes, à mi-voix et comme à lui-même, redit les mots qu’il a dits tout à l’heure :
• Faut pas qu’on s’plaigne. Y’a d’bon moments…
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Si vous n’êtes pas bon marcheur, ne vous aventurez pas « Sous Verdun ». C’est la guerre mais on ne se bat pas. Le soldat marche, suit les ordres et l’on devine la mouvance de la ligne de front, les défaites de l’armée française et ses replis stratégiques pour endiguer les avances de l’ennemi.
Dans un style quasi journalistique, Maurice Genevoix nous compte sa guerre d’une manière sobre, sans emphase et surtout sans lamentation. Il n’y a pas non plus de haine et de rancœur dans le récit même si l’ennemi se nomme « les Boches ». Il y a aussi du lyrisme chez Genevoix et des formules imagées parfois pas évidente à s’imaginer.Spoiler(cliquez pour révéler)« Les flocons des éclatements , que pique un bref point d’or, les poursuivent, les cernent d’une théorie flottante et neigeuse » (page 126).
Souvent, j’ai pu avoir l’impression que les événements racontés pouvaient être banal sans intérêt dans la vie d’aujourd’hui ! Mais c’est la guerre et pour un soldat quel lecteur osera lui dire que se protéger de la pluie, trouver de la paille et un endroit pas trop inconfortable pour la nuit sont des actes insignifiant ! Oui, il fallait être des hommes dur au mal, plein d’abnégation et de renoncement pour supporter cette guerre, les tirs, les blessés, les morts, les cadavres qu’on doit enjamber… Plus rien d’extraordinaire dans la vie de ses hommes à la fleur de l’âge, seulement des marches dans les bois, sur les routes de la campagne meusienne, et d’une tranchée à un fossé
Pourtant, cette existence rude, angoissante et pleine de périls, Maurice Genevoix nous la sublime en nous racontant la fraternité, les plaisanteries faites, les bonheurs simples des hommes de son régiment. Dans l’horreur, il fait preuve d’une poésie salvatrice – pour lui surtout et pour le lecteur que je suis aussi – en nous décrivant les paysages, les petits matins, le chant des oiseaux et les couchers de soleil. Spoiler(cliquez pour révéler)« Le ciel pâlit au zénith, et mes yeux cherchent sans se lasser la caresse ineffable du couchant, errant de l’émeraude froide et transparente aux ors qui s’échauffent jusqu’à l’ardeur flambante de l’horizon, sans rien perdre de leur fluidité » (page 126).
Encore plus vrai, il donne la parole à ses compagnons d’infortune. Nous les entendons parler, avec leur caractère, leurs émotions… C’est brut du vocable de l’époque, puissant d’expressions oubliées...
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Résumé
1er août 1914 : la France décrète la mobilisation générale. Le 2 août, Genevoix, brillant normalien qui n'a pas 24 ans, rejoint le 106e régiment d'infanterie comme sous-lieutenant. .. Neuf mois plus tard, il est grièvement blessé : c'est la fin de la guerre pour le jeune homme.
Entre ce mois d'août 1914 et les trois balles qui l'atteignent en avril 1915, Genevoix aura participé à la bataille de la Marne, marché sur Verdun et, pendant quatre longs mois, défendu les Éparges. Sous le feu des obus, il aura vécu le quotidien du fantassin, la boue, le sang, la mort, mais aussi, avec ses « camarades du 106 », la solidarité et l'humanité partagée.
Dès 1916 et jusqu'en 1923, Genevoix publie cinq récits de guerre, écrits dans une langue précise et humble, réunis en 1949 sous le titre Ceux de 14. C'est cette édition définitive retravaillée par l'auteur que nous donnons à lire. Plus qu'un grand classique sur 14-18, voici l'oeuvre d'un immense écrivain.
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