Extraits

- À ton âge, il va falloir perdre cette manie de te faufiler dans mon lit. C'est parfaitement indécent comme attitude.

Rose cala ses mains sous sa nuque avec un sourire narquois.

- Premièrement, c'est vous qui vous êtes invité dans mon lit. Deuxièmement, je ne risque pas grand‐chose. Vu votre état, ma vertu serait plus en danger avec notre curé à l'âme torturée de principes.

- Peste... ,bougonna Voltz.

Avec le temps, la collaboration entre les deux branches de la confrérie s'était considérablement compliquée. Les francs-juges étaient des laïques recrutés par les hommes de loi, les politiques ou les officiers de sécurité. Contrairement aux wissenden, ils ne se mêlaient pas des affaires surnaturelles. Leur tâche ne concernait que les criminels bien humains qui passaient au travers du filet des tribunaux officiels. Des broutilles aux yeux des wissenden, ces religieux nostalgiques de l'époque où l'Eglise avait une mainmise totale sur l'existence de chacun. Mais aujourd'hui on tremblait moins devant la damnation, on préférait les fêtes aux messes, le matériel au spirituel, le progrès au dogme. Les wissenden appartenaient à d'anciennes familles aristocratiques ruinées et humiliées. La Sainte-Vehme leur faisait miroiter des rêves de grandeur, d'autorité retrouvée, d'honneur regagné. Cela les rendait plus dangereux que les créatures qu'ils traquaient.