Extraits

Vance avait trouvé une casquette de baseball des Boston Red Sox dans la boîte à gants du taxi. Ce n’était pas vraiment un déguisement, mais s’il y avait des photos de lui qui circulaient déjà, au moins cette casquette le camouflerait un temps.

Une heure plus tôt, Tony Hill était assis dans son fauteuil préféré, une manette de jeu vidéo dans les mains, les pouces jonglant entre les différents boutons, en attendant de pouvoir joindre avec certitude Piers Lambert dans son bureau du ministère de l’Intérieur.

Carol se demanda si elle avait réussi à dormir un peu. Paula avait dû rester sur les lieux du crime pour vérifier que tout se passait selon le cahier des charges de la BEP.

Quand il jugea le moment opportun, il se leva du lit et se dirigea vers les toilettes. Il se passa de nouveau le rasoir électrique sur le crâne et sur le menton et enfila ensuite les vêtements de Collins, un jean miteux et un polo ample.

Contre toute attente, des années d’un comportement apparemment sans histoire avaient permis à Vance d’obtenir une place dans le service thérapeutique de la prison d’Oakworth en plein cœur de la campagne du Worcestershire. On n’y imposait pas l’extinction des feux : le service étant séparé du reste de la prison, les détenus pouvaient éteindre la lumière quand ils le souhaitaient.

Mais la tristesse l’avait envahie aussitôt qu’elle avait ouvert le tiroir du bureau. Il était plein à craquer, des piles de dossiers formant différentes couches comme des strates géologiques ; des affaires qui avaient été éprouvantes, effrayantes, douloureuses et déroutantes.

C’était difficile de voir clairement la victime à cause des techniciens de la police scientifique qui travaillaient sur le lieu du crime.

Le meilleur moyen de cacher quelque chose c’est de le mettre en évidence. Les gens ne voient que ce qu’ils s’attendent à voir. C’était une des vérités qu’il avait apprises bien avant de se retrouver confiné dans une cellule.

Tony aurait dû garder ça pour lui. C’était sorti durant une de ces conversations nocturnes qui avaient cimenté cette amitié improbable entre deux hommes méfiants qui n’avaient pas grand-chose en commun.

S’évader, c’était comme exécuter un tour de magie. Le secret résidait dans l’illusion. Certaines évasions nécessitaient de planifier chaque détail ; d’autres s’avéraient être de véritables tours de force, requérant audace et souplesse, d’un point de vue physique et mental ; d’autres encore étaient une combinaison des deux. Mais quelles que soient les méthodes employées, l’illusion jouait un rôle primordial. Et pour ce qui était de faire illusion, il n’avait de leçon à recevoir de personne.