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Extrait 3
1 entourez le sentiment qui transforme la vie de Daniel pennac au lycée
Afficher en entier"Bref, on devient.
Mais on ne change pas tellement. On fait avec ce qu'on est."
Afficher en entierParler de l'avenir à un petit enfant, c'est lui demander de mesurer l'infini avec un décimètre.
Afficher en entierÀ combien de gosses des cités notre meneur de jeu effrayé par les adolescents de "L'esquive" a-t-il eu affaire, personnellement ? Peut-il seulement les compter sur les doigts d'une main ? Aucune importance, il suffit de les entendre parler dans un film, d'écouter trente secondes de leur musique à la radio, de voir brûler des voitures lors d'une flambée sociale en banlieue, pour qu'il soit saisi d'une terreur générique, et les désigne comme l'armée des cancres qui aura raison de notre civilisation.
Afficher en entierC'est à cela que mademoiselle G. ou Nicole H. auront occupé leur existence : sortir du coma scolaire une ribambelle d'hirondelles fracassées. On ne réussit pas à tous les coups, on échoue parfois à tracer une route, certains ne se réveillent pas, restent sur le tapis ou se cassent le cou contre la vitre suivante; ceux-là demeurent dans nos consciences comme ces trous de remords où reposent les hirondelles mortes au fond de notre jardin, mais à tous les coups on essaye, on aura essayé. Ils sont nos élèves.
Afficher en entierL'image de la poubelle, tout compte fait, convient assez à ce sentiment de déchet que ressent l'élève perdu pour l'école.
Afficher en entierRegardez le, il est le coupable au regard candide. Il a enfoui dans son silence ce plaisir unique: personne ne saura jamais.
Afficher en entierLe goût de lire est un héritage du besoin de dire.
Afficher en entierUn après-midi de l’année du bac (une des années du bac), mon père me donnant un cours de trigonométrie dans la pièce qui nous servait de bibliothèque, notre chien se coucha en douce sur le lit, derrière nous. Repéré, il fut sèchement viré : – Dehors, le chien, dans ton fauteuil ! Cinq minutes plus tard, le chien était de nouveau sur le lit. Il avait juste pris le soin d’aller chercher la vieille couverture qui protégeait son fauteuil et de se coucher sur elle. Admiration générale, bien sûr, et justifiée : qu’un animal pût associer une interdiction à l’idée abstraite de propreté et en tirer la conclusion qu’il fallait faire son lit pour jouir de la compagnie des maîtres, chapeau, évidemment, un authentique raisonnement ! Ce fut un sujet de conversation familiale qui traversa les âges. Personnellement, j’en tirai l’enseignement que même le chien de la maison pigeait plus vite que moi. Je crois bien lui avoir murmuré à l’oreille : – Demain, c’est toi qui vas au bahut, lèche-cul.
Afficher en entierDonc, j'étais un mauvais élève. Chaque soir de mon enfance, je rentrais à la maison poursuivi par l'école. Mes carnets disaient la réprobation de mes maîtres. Quand je n'étais pas le dernier de ma classe, c'est que j'en étais l'avant-dernier. (Champagne !) Fermé à l'arithmétique d'abord, aux mathématiques ensuite, profondément dysorthographique, rétif à la mémorisation des dates et à la localisation des lieux géographiques, inapte à l'apprentissage des langues étrangères, réputé paresseux (leçons non apprises, travail non fait), je rapportais à la maison des résultats pitoyables que ne rachetaient ni la musique, ni le sport, ni d'ailleurs aucune activité parascolaire.
- Tu comprends ? Est-ce que seulement tu comprends ce que je t'explique ?
Je ne comprenais pas. Cette inaptitude à comprendre remontait si loin dans mon enfance que la famille avait imaginé une légende pour en dater les origines : mon apprentissage de l'alphabet.
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