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Seulement, pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le présent d'un cours, il faut cesser d'y brandir le passé comme une honte et l'avenir comme un châtiment.
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Mais je n'y suis pas, nom d'un chien, je n'y suis pas, aujourd'hui, je suis ailleurs. Ce que je dis ne s'incarne pas, ils se foutent éperduemment de ce qu'ils entendent. Ni questions ni réponses. Je me replie derrière le cours magistral. [...] Je ne suis pas le professeur, je suis le gardien du musée, je guide mécaniquement une visite obligatoire.
Afficher en entierQuand il m'arrive de rencontrer un ancien élève qui se déclare heureux des heures passées dans ma classe, je me dis qu'au même instant, sur un autre trottoir, se promène peut-être celui pour qui j'étais l'éteignoir de service.
Afficher en entier"Une hirondelle assommée est une hirondelle à ranimer, point final."
Afficher en entier" A dix ans, je passais mes week end dans l'hôtel-restaurant de ma grand mère et, sous prétexte de donner un coup de main en salle, je cassais les pied aux clients en leur posant toutes sortes de colles : A quel âge est mort Louis XIV ? Qu'est-ce qu'un adjectif attribut ? 123 multiplié par 72 ? La réponse que je préférais était : J'en sais rien mais tu vas me le dire. C'était rigolo d'en savoir plus à dix ans que le pharmacien ou le curé du coin ! Ils me tapotaient la joue avec l'envie de m'arracher la tête, ça m'amusait follement."
Afficher en entier" Il existe cinq sorte d'enfants sur notre planètte, aujourd'hui : l'enfant client chez nous, l'enfant producteur sous d'autres cieux, ailleurs l'enfant soldat, l'enfant prostitué, et sur les panneaux incurvés du métro, l'enfant mourant dont l'image, périodiquement, penche sur notre lassitude le regard de la faim et de l'abandon.
Ce sont des enfants tous les cinq.
INstruentalisés, tous les cinq."
Afficher en entierUn groupe d'interlocuteurs pendant cinq jours ouvrables, l'autre pendant deux jours fériés (qui retrouvent une chance de redevenir deux jours festifs). La réalité scolaire d'un côté, la réalité familiale de l'autre. S'endormir sans avoir à rassurer les parents par le mensonge du jour, se réveiller sans avoir à fourbir d'excuses pour le travail non fait, puisqu'il a été fait à l'étude du soir avec, dans le meilleur des cas, l'aide d'un surveillant ou d'un professeur. Du repos mental, en somme ; une énergie récupérée qui a quelque chance d'être investie dans le travail scolaire. Est-ce suffisant pour propulser le cancre en tête de la classe ? Du moins est-ce lui donner une occasion de vivre le présent comme tel. Or, c'est dans la conscience de son présent que l'individu se construit, pas en le fuyant. Ici s'arrête mon éloge de la pension.
Afficher en entierIl faudrait inventer un temps particulier pour l'apprentissage. Le présent d'incarnation, par exemple. Je suis ici, dans cette classe, et je comprends, enfin ! Ca y est ! Mon cerveau diffuse dans mon corps : ça s' incarne.
Quand ce n'est pas le cas, quand je n'y comprends rien, je me délite sur place, je me désintègre dans ce temps qui ne passe pas, je tombe en poussière et le moindre souffle m'éparpille.
Seulement, pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le présent d'un cours, il faut cesser d'y brandir le passé comme une honte et l'avenir comme un châtiment.
Afficher en entierCommençons par l'épilogue : Maman, quasi centenaire, regardant un film sur un auteur qu'elle connaît bien.
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