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- Il va faire sacrément chaud aujourd'hui, annonça-t-il. A moins qu'il ne fasse frais.

Les prévisions météorologiques d'Henry était toujours aussi précises !

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Grand-Mère Miriam était petite et ronde. Elle avait un visage jovial, encadré de cheveux bouclés roux. D’un roux incroyable, très vif. Elle portait des lunettes carrées, qui lui donnaient un air un peu démodé. Elle aimait les robes amples. Je crois que jamais je ne l’avais vue porter un pantalon ou une salopette.

Grand-Père Georges, lui, était grand et large d’épaules. Maman racontait qu’autrefois, il avait été très bel homme. « On aurait dit un acteur de cinéma », ajoutait-elle toujours. À présent, il avait des cheveux blancs comme la neige, qu’il lissait soigneusement avec de la brillantine. Lorsque ses yeux d’un bleu lumineux me regardaient, je ne pouvais m’empêcher de sourire.

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La ferme se dressait enfin devant nous. J’étais folle de joie. Je ne la trouvais pas particulièrement belle ou originale, mais je l’aimais comme elle était. J’aimais la grange et son odeur de foin coupé. J’aimais les meuglements des vaches menées au pré. J’aimais regarder les longs épis de maïs onduler sous le vent comme les vagues de l’océan. J’aimais aussi les histoires de fantômes que racontait Grand-Père Georges le soir devant la cheminée. J’allais oublier les crêpes au chocolat de Grand-Mère Miriam ! Elles étaient si bonnes que parfois, bien après les vacances, j’en rêvais encore chez nous, en ville.

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Il adorait voyager couché à l’arrière en regardant le ciel. Il n’avait pas peur des violentes secousses qui agitaient la camionnette lorsqu’Henry conduisait. Car Henry conduisait terriblement mal. On aurait dit qu’il était incapable de tenir le volant et regarder la route en même temps. Il prenait toujours ses virages à la dernière seconde et ne savait pas éviter les bosses ou les trous. Même les plus gros. La camionnette se mit en route. Henry s’accrochait au volant des deux mains. Penché en avant, le dos raide, le nez contre le pare-brise, il regardait droit devant lui, sans cligner des yeux.

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Mark nous rejoignit enfin en traînant des pieds. Nous étions arrivés devant la camionnette rouge de mes grands-parents. La bâche de la plate-forme avait été enlevée. Il faisait un temps magnifique. Mark me tendit son sac à dos.

— Porte-moi ça, s’il te plaît ! me dit-il.

— Et puis quoi encore ! répliquai-je. Tu es assez grand pour le porter tout seul. Son sac à dos contenait son baladeur, une trentaine de cassettes, des bandes dessinées, son ordinateur de poche et au moins cinquante disquettes de jeux différentes. Je savais qu’il avait l’intention de passer le mois entier couché dans le hamac, derrière la ferme, à écouter de la musique en s’excitant sur ses jeux vidéo.

Mais ça, il n’en était pas question ! Papa et maman m’avaient prévenue : c’était à moi de veiller à ce que Mark bouge et profite de ses vacances. En ville, nous restions enfermés toute l’année. Voilà pourquoi, chaque année, nous passions un mois dans la ferme de Grand-Père et Grand-Mère. Pour profiter des grands espaces.

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— Hé, Julie ! Attends-moi ! Ce que t’es pressée ! Je tournai la tête. La lumière vive du soleil me fit plisser les yeux. Mark, mon frère, était loin derrière moi, sur le quai de la gare. Le train, lui, poursuivait déjà sa route sinueuse à travers la campagne. Henry, l’ouvrier agricole de mes grands-parents, était debout à côté de moi, portant nos deux valises.

— Je suis sûre que dans un dictionnaire, au mot « traînard », il y a une photo de Mark, soupirai-je. Mon frère prenait toujours tout son temps. Il avançait à la vitesse d’un escargot, l’air ahuri, comme à son habitude. D’un geste agacé, je rejetai mes longs cheveux en arrière. Décidément, Mark n’avait pas l’air très enthousiaste. Pourtant, nous n’étions pas venus à la ferme depuis un an.

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Henry n’avait pas changé. Il était toujours aussi maigre. « Comme un haricot », aimait dire ma grand-mère. On avait l’impression que sa salopette en jean avait bien cinq tailles de trop

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