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Il avait prévu de s’offrir une nuit à l’auberge avec le restant de ses vaidas pour se présenter à la provincara le lendemain matin. Il se demanda, mal à l’aise, si les ragots de l’homme des bains avaient déjà fait le tour de la ville. Et si on lui refuserait l’entrée de toute maison tranquille et respectable…

Maintenant, ce soir. Vas-y. Il monterait au château et verrait bien s’il pouvait ou non y demander refuge. Je ne supporterai pas une autre nuit d’incertitude. Avant que la lumière ne soit épuisée. Avant que mon cœur ne soit épuisé.

Il rangea le livre dans la poche intérieure de la cape noire qui avait dû le protéger auparavant. Abandonnant ses habits de vagabond empilés sur le lit, il se détourna et quitta la pièce à grands pas.

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azaril entendit les cavaliers sur la route bien avant de les voir. Il regarda par-dessus son épaule. Derrière lui, le sentier usé serpentait autour de la butte qui tenait lieu de colline dans ces plaines venteuses, avant de replonger dans la gadoue hivernale du sol pauvre de Baocia. À ses pieds, un ruisselet trop petit et irrégulier pour mériter un pont ou un caniveau dégouttait sur le sentier depuis les pâtures rasées par les moutons un peu plus haut. Le fracas des sabots, le cliquetis et le grincement des harnais, le tintement des cloches et l’écho de voix insouciantes s’approchaient à un rythme trop rapide pour appartenir à un fermier prudent suivi d’une escorte, ou à des muletiers parcimonieux menant leurs bêtes de charge.

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Si le jeune frère-soldat avait encore eu tous ses esprits, il aurait pu décrypter cette raillerie, et Cazaril, avec ses allures de paysan, récolter au visage un coup de cravache bien mérité. Ce qui semblait improbable, à en juger par le regard de taureau furieux que lui jetait le frère, malgré la grimace exaspérée du capitaine. Mais celui-ci se contenta de secouer la tête et fit signe à sa colonne de reprendre la route.

Si le porte-étendard était trop fier pour fouiller dans la boue, Cazaril était bien trop fatigué pour le faire. Il attendit le passage du cortège de bagages, troupeau de serviteurs et de mulets fermant la marche, avant de s’accroupir, non sans douleur, pour récupérer la petite étincelle dans l’eau froide qui emplissait l’empreinte d’un sabot de cheval. Les cicatrices de son dos le tiraillaient cruellement. Par les dieux. Je me déplace vraiment comme un vieillard. Il inspira puis se remit sur pieds avec la sensation d’avoir cent ans, d’être une trace de fumier collée au talon des bottes du Père Hiver qui allait quitter ce monde.

Il nettoya la pièce boueuse

(assez petite, même si c’était de l’or) et tira sa bourse. Cinq dieux, qu’elle était vide. Il laissa tomber le petit disque métallique dans la bouche de cuir et le regarda scintiller, solitaire. Puis avec un soupir, il remit sa bourse en place. À présent, il avait de nouveau espoir de se faire détrousser; à présent, il avait de nouveaux motifs d’inquiétude. Il réfléchissait à son nouveau fardeau, si grand pour son poids, tout en suivant d’un pas lourd le sillage des frères-soldats. Tout juste s’il en valait la peine. Tout juste. De l’or. Tentation du faible, lassitude du sage… Qu’était-ce pour un soldat aux yeux mornes, bâti comme un taureau, gêné de sa largesse accidentelle?

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Il réfréna la tentation de les guider dans la mauvaise direction, vers une étable à moutons ou tout autre lieu où allait se perdre l’une des routes de ce carrefour bien plus large en apparence qu’en réalité. Pas question de se jouer des propres gardes de la Fille à la veille de Son jour consacré. Par ailleurs, les hommes qui rejoignaient les saints ordres militaires n’étaient pas réputés pour leur sens de l’humour, d’autant qu’il risquait de les croiser de nouveau, étant donné leur destination commune. Cazaril s’éclaircit la gorge, qui n’avait plus prononcé un mot depuis la veille.

- Non, Capitaine. La route de Valenda est indiquée par une borne du roya. (Ou du moins, c’était le cas autrefois.)

Deux ou trois kilomètres plus loin. Vous ne pouvez pas vous tromper.

Il extirpa une main de la chaleur des plis de son manteau pour leur montrer la bonne direction. Avec ses doigts crispés, il semblait agiter une serre. L’air glacé mordit ses jointures enflées, et il se hâta d’enfouir de nouveau sa main sous sa couche de vêtements.

Le capitaine adressa un signe de tête à son porte-étendard, un… gaillard aux larges épaules, qui coinça la hampe de sa bannière au creux de son bras avant de partir en quête de sa bourse. Il y fouilla dans l’espoir manifeste de trouver une pièce de valeur suffisamment petite. Il en avait tiré quelques-unes au grand jour lorsque son cheval fit un écart. Une pièce (une royale d’or, pas un vaida de cuivre) lui échappa pour plonger dans la boue. Il la suivit du regard, atterré, avant de se recomposer. Il n’allait pas mettre pied à terre devant ses compagnons pour fouiller dans la boue, ce que ne manquerait pas de faire le paysan qu’il croyait voir en Cazaril. Afin de se consoler, il releva le menton avec un sourire aigre, attendant pour leur plus grand loisir qu’un Cazaril frénétique plonge à la recherche de cette manne inespérée.

Au lieu de quoi Cazaril s’inclina pour réciter:

- Puisse la Dame Printemps déverser sur votre tête tous ses bienfaits, jeune sire, dans le même esprit que votre don à un vagabond sur la route, et avec la même absence de regret.

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Seul sur la route, Cazaril se retint de tourner la tête pour voir à qui il s’adressait. Ils le prenaient pour un rustre de fermier du coin qui s’en allait traîner au marché ou faire une course, et sans doute en avait-il l’aspect: bottes usées alourdies par la boue, un épais fatras d’habits dépareillés empêchant le vent du sud-est de lui geler les os. Il bénissait tous les dieux des saisons pour chaque fibre crasseuse de ce tissu. Une barbe de deux semaines lui démangeait le menton. Gaillard, passe encore. Le capitaine aurait pu, à juste titre, choisir plus méprisante appellation. Mais… vieux?

Le capitaine désigna l’endroit où la route croisait un autre chemin.

- Est-ce la route qui mène à Valenda?

Il y avait bien… Cazaril dut effectuer un calcul mental, et la somme le consterna. Dix-sept ans qu’il avait emprunté cette route pour la dernière fois, non pour se rendre à une cérémonie mais à la vraie guerre, avec le cortège du provincar de Baocia. Malgré sa déception de ne monter qu’un hongre au lieu d’un meilleur cheval de bataille, il était alors aussi jeune, arrogant, épris de sa toilette et de ses cheveux luisants que les blancs-becs qui le regardaient du haut de leur monture. Aujourd’hui, je me contenterais volontiers d’un âne, même s’il me fallait plier les genoux pour empêcher mes orteils de traîner dans la boue. Cazaril sourit aux frères-soldats, sachant très bien quelles enveloppes creuses, béantes, éventrées cachaient la plupart de ces riches façades.

Ils le toisèrent en grimaçant, comme s’ils reniflaient son odeur à cette distance. Il n’était pas le genre d’homme qu’ils cherchaient à impressionner, ni seigneur ni dame susceptible de leur prodiguer ses largesses comme eux-mêmes le pouvaient à son égard; malgré tout, il les laisserait exercer sur lui leurs airs aristocratiques. Ils crurent lire dans ses yeux de l’admiration, peut-être, ou simplement de l’idiotie.

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Cazaril entendit les cavaliers sur la route bien avant de les voir. Il regarda par-dessus son épaule. Derrière lui, le sentier usé serpentait autour de la butte qui tenait lieu de colline dans ces plaines venteuses, avant de replonger dans la gadoue hivernale du sol pauvre de Baocia. À ses pieds, un ruisselet trop petit et irrégulier pour mériter un pont ou un caniveau dégouttait sur le sentier depuis les pâtures rasées par les moutons un peu plus haut. Le fracas des sabots, le cliquetis et le grincement des harnais, le tintement des cloches et l’écho de voix insouciantes s’approchaient à un rythme trop rapide pour appartenir à un fermier prudent suivi d’une escorte, ou à des muletiers parcimonieux menant leurs bêtes de charge.

Le cortège contourna la butte au trot: une douzaine d’hommes allant deux par deux, arborant la panoplie complète de leur ordre. Mais ce n’étaient pas des bandits. Cazaril soupira, puis avala sa salive pour calmer son estomac perturbé. Non qu’il puisse offrir davantage aux bandits qu’un peu d’exercice. Il se traîna un peu à l’écart du sentier et se tourna pour les regarder passer.

Les cavaliers portaient des chemises de mailles argentées, destinées à être montrées et non portées, qui luisaient dans la lumière aqueuse du matin. Leurs tabards bleus, teints dans des tons presque identiques, étaient ornés de broderies blanches dessinant l’emblème de la dame Printemps. Leurs capes grises, que la brise soulevée par leur passage faisait flotter dans leur dos comme des bannières, étaient fixées à leurs épaules par des insignes d’argent qu’on venait de faire reluire. C’étaient des frères-soldats de cérémonie, et non de guerre; ils n’auraient aucune envie de voir Cazaril couvrir ces habits-là de taches de sang indélébiles.

À sa grande surprise, Cazaril vit leur capitaine lever la main lorsqu’ils approchèrent. La colonne freina dans le plus grand désordre, sabots pataugeant dans la boue sur fond de bruits de succion au son desquels le vieux maître d’équitation du père de Cazaril aurait agoni cette bande de gamins d’insultes cruelles et colorées. De toute façon, peu importait.

- Vous là-bas, vieux gaillard, cria le meneur à Cazaril par-dessus le pommeau de son porte-étendard.

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"- Seigneur Bâtard, dieu de justice quand la justice a échoué, de l'équilibre, de toutes choses intempestives, de ma détresse. Pour dy Sanda. Pour Iselle. Pour tous ceux qui l'aiment: dame Betriz, la royina Ista, la vieille provincara. Pour mon dos mutilé. Pour la vérité contre les mensonges. Reçois ma prière.

Il ignorait si c'étaient là les bonnes paroles, ou s'il en existait d'ailleurs. Sa respiration se faisait haletante; il pleurait peut-être. Il pleurait sans doute. Il se retrouva plié en deux au-dessus des bêtes mortes. Une affreuse douleur naissait dans son ventre, qui lui brûlait et lui déchirait les entrailles. Oh. Il ne savait pas qu'il devrait avoir mal..."

Chapitre 11, page 159.

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"Cazaril entendit les cavaliers sur la route bien avant de les voir. Il regarda par dessus son épaule. Derrière lui le sentier serpentait autour de la butte qui tenait lieu de colline dans ces plaines venteuses, avant de replonger dans la gadoue hivernale du sol pauvre de Baocia. A ses pieds un ruisselet trop petit et irrégulier pour mériter un pont ou un caniveau dégoutait sur le sentier depuis les pâtures rasées par les moutons un peu plus haut. Le fracas des sabots, le cliquetis et le grincement des harnais, le tintement des cloches et l'écho de voix insouciantes s'approchaient à un rythme trop rapide pour appartenir à un fermier prudent suivi d'une escorte ou à des muletiers parcimonieux menant leurs bêtes de charge".

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"L'esprit de Cazaril explosa.

Il s'ouvrit vers l'extérieur, encore vers l'extérieur, encore une fois vers l'extérieur, j'usqu'à ce que le monde s'étale au-dessous de lui comme vu depuis une haute montagne. Mais pas le royaume de la matière. C'était un paysage d'esprit; des couleurs qu'il n'aurait su nommer, d'un éclat aveuglant, le transportaient sur une splendide turbulence. Il entendait mumurer les esprits du monde entier, ainsi qu'un soupir pareil au vent dans la forêt - si l'on pouvait distinguer, simultanément et séparément, le chant de chaque feuille. Et les cris de douleur et de malheur du monde entier. Et de honte et de joie. D'espoir, de désespoir, d'aspiration... Un millier de milliers de moments d'un millier de milliers de vies se déversèrent dans son esprtit dilaté".

Chapitre 27, page 364.

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