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Je suis un homme très attentif aux femmes. Surtout à la mienne, celle que je ne parviens à épouser et qui a pris sur moi l'empire le plus joyeux qu'on ait jamais exercé. C'est par ce caractère de haute volée quej'ai cessé de piétiner derrière les barbelés du raisonnable. Son joli surnom - Liberté - annonce son tempérament exempt de rabâchages et la hauteur de plafond du personnage ; et puis, c'est dans ses bras quej'ai éprouvé, à la clôture du siècle dernier, ma première sensation de liberté.
Afficher en entierJe m'appelle Alexandre et je suis écrivain.
Afficher en entierDes millions de gens, sans doute aussi blessés que moi, lisaient avec appétence ces textes comme on use de sédatifs légers. On m'a même rapporté qu'à Beyrouth, dans le tohu-bohu des bombes, il s'est trouvé des lectrices pour renouer par mes romans avec une vision optimiste de la vie. C'est ainsi que j'ai longtemps été une jeune pousse réputée romantique ; ce qui, à l'époque, passait dans certains milieux littéraires, avides d'air vicié et de prose poisseuse, pour une mauvaise réputation. Ou du moins pour une marque de balourdise. En écrivant ainsi, toujours accroché aux cimes, je tâchais désespérement de guérir ma ferveur déçue.
Et puis un jour, la mère de mes garçons m'a posé une question coupante (s'en souvient-elle seulement ?), alors que nous marchions à l'autre bout du monde dans un paysage idéal :
"Alexandre, sommes-nous ce que nous paraissons ?"
Poser la question, c'était y répondre.
Afficher en entierJe sais désormais comment on récupère l'amour de sa vie : en dégringolant loin de son ego. On ne retient bien que ce qu'on lâche à temps.
Afficher en entierL'insouciance objective ne peut-elle naître que de l'imminence du drame ?
Afficher en entierAvant que le crépuscule ne vous surprenne, cher Alexandre, rompez le licol du raisonnable. N'émoussez pas votre capacité à commettre des folies ; un jour prochain, il sera trop tard pour calfater votre vaisseau et jouer les incendiaires. Aimez les précarités plutôt que les gages. Ne lisez que des bréviaires de subversion. Faites mentir les statistiques. Osez tous les retours de jeunesse (oui, nous en pouvons vivre plusieurs). Méprisez le bonheur, cette bévue, préférez la joie. Renoncez à la manie de vous perpétuer en vous cramponnant à toutes les rampes. Exposez-vous aux vents les plus inattendus. Flambez dix fois l'argent que vous auriez dû posséder. Prenez en chargece qui paraît sans remède. Infligez gaiement des rebuffades en tenant la tiédeur pour une impolitesse. Butinez vos mille contradictions. Egarez-vous méthodiquement pour mieux vous retrouver. Cueillez vos revanches. Offensez en claironnant votre vérité et, surtout, ne commettez pas le péché de ménager ceux que vous aimez. Trouvez votre compte dans le désordre. Refaites la vie avec le plus vif idéal romanesque. Recommencez-vous toujours, loin des confinements. Et ne vous croyez jamais au bout de vous-même ; il reste forcément une dernière bourrasque à vivre.
Afficher en entierNotre véritable caractère n'est pas celui que nous avons ou celui que nous affichons mais bien celui que nous devrions tenter !
Afficher en entierIl ne faut pas garder les mêmes livres toute sa vie. On a l'âge de sa bibliothèque.
Afficher en entierAimons-nous des être réels ou bien l'opinion que nous nous faisons d'eux?
Afficher en entierAprès tout, l'existence n'est pas un concours de lucidité. Depuis quand la clairvoyance forcenée mène t elle à un bonheur sensible?
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