Extraits

« Comme toujours, il ne frappe pas.

Il n’y a pas de frontière entre eux.

-Je voulais m’excuser, dit-il aussitôt.

Pour la brutalité de mon attitude.

Elle aimerait répondre que ce n’est rien, mais elle ne peut pas.

-Il ne faut rien attendre de moi.

Est-ce que tu m’entends ?

Charlotte hoche doucement la tête.

-Si l’on me brusque, je ne peux rien donner.

Je ne supporte pas l’idée d’être attendu quelque part.

La liberté est le slogan des survivants. »

« Certains physiques ressemblent à une question sans réponse.

On sait juste qu’on ne peut pas détourner le regard.

Quand il est là, on ne voit que lui.

« Après les livres brûlés, les tableaux couverts de crachats.

Au milieu des œuvres, on expose des gribouillis d’enfants.

Ou des tableaux peints par des handicapés mentaux.

Telle est la mise en scène de l’exécution de l’art moderne.

« Certaines filles ont le don de se faire aimer.

Charlotte a peur d’être délaissée.

Le mieux est d’éviter de nouer des relations.

Car rien ne dure.

Il faut vivre à l’abri des déceptions possibles. »

« Franziska et Charlotte chantent ensemble, dansent, rient aussi.

Ce n’est jamais extravagant.

Il y a une pudeur dans leur exercice du bonheur. »

Est-ce pour cela que l'on s'embrasse ?

Pour arrêter le silence ?

Puisses-tu ne jamais oublier que je crois en toi.

L'épuisement anéantit sa capacité à penser.

Il lui arrive, par moment, de ne plus rien savoir.

Il ne sait plus où il est, qui il est.

Comme lorsque l'on se réveille d'un cauchemar.

Il faut quelques secondes avant de réintégrer le réel.

Albert demeure de longues heures dans cette zone.

Celle où la conscience erre.

Oui, ils sont dignes.

On sent la volonté de ne pas offrir en plus du reste sa douleur.

C'est la seule chose que l'on peut conserver.

Quand on a plus rien.

L'envie de se tenir droit.

Ils sont immortels, ou plutôt : interdits à l'oubli.