Ajouter un extrait
Liste des extraits
- et toi, on ne t'a jamais dit que tu n'as pas une bouche a faire se metier
les yeux plisser, je demande lentement:
- vas y, je t'ecoute... qu'estce qu'elle a ma bouche?
lucius soutient mon regard et sourrit largementil a l'aire de bien s'amuser, le salaud.
- c'est une bouche a 200 dollars de l'heure, dit il pas une bouche a impressionner un suspect.
Afficher en entierPour commencer, je rebaptise le berger allemand. Killer étant un peu surfait, je me décide pour Luke, en hommage à mon partenaire. Un hommage auquel, j'en suis sure, il devrait être sensible. Surtout lorsqu'il saura que ce bon gros toutou aux grands yeux bruns affectueux est une femelle...
Afficher en entier- Et toi, on ne t'a jamais dit que tu n'as pas une bouche à faire ce métier ?
Les yeux plissés, je demande lentement :
- Vas-y, je t'écoute... Qu'est-ce qu'elle a, ma bouche ?
Lucius soutient mon regard et sourit largement. Il a l'air de bien s'amuser, le salaud.
- C'est une bouche à deux cents dollars de l'heure, dit-il. Pas une bouche à impressionner un suspect.
Cette fois, c'est à moi de sourire. Manifestement, il n'a aucune idée de ce qui l'attend avec Sahara Rose. Je sens que je vais bien m'amuser.
D'un air innocent, je demande :
- Tu sais quoi ? J'aimerais faire un pari avec toi.
Je te donne dix minutes pour arracher une seule parole à Sahara Rose, une seule réponse à tes questions.
Pour l'avoir suivie pendant des jours, je connais bien cette femme. Lucius, avec son allure de brute épaisse et son arrogance de mâle, va se heurter à un mur de silence borné.
- Et quand j'aurai réussi à la faire parler ? s'enquiert-il, de plus en plus amusé. J'aurai gagné quoi ?
- Ma bouche. Gratis...
Il n'hésite pas une seconde.
- Marché conclu !
- Ça ne t'intéresse pas de savoir ce que je gagne, moi ?
- Non. Je n'ai pas l'intention de perdre ce pari.
- Pour qu'il y ait pari, il faut pourtant que tu mettes dans la balance quelque chose qui me fait envie.
L'ombre d'un doute passe au fond de ses yeux.
- C'est-à-dire ? demande-t-il suspicieusement.
- Quand tes dix minutes seront écoulées, je veux que tu te mettes à l'écart et que tu la fermes. Je commencerai par recueillir les informations dont nous avons besoin, ensuite je veux que tu te mettes à genoux devant moi pour chanter mes louanges et mon savoir-faire.
Lucius acquiesce d'un hochement de tête et conclut avec un sourire de victoire anticipé :
- Prépare-toi, Cookie. Ta bouche, c'est sur tout mon corps que je la veux.
Afficher en entierSans me quitter des yeux, Michael croise calmement les bras et lance par-dessus son épaule :
— Lucius… Vous pouvez venir faire connaissance avec votre nouvelle partenaire.
Aussitôt, les portes coulissent et l’intéressé entre dans la pièce d’une démarche féline, comme s’il s’était tenu en faction dans le couloir, attendant son heure. Il est humain, comme mon père adoptif, mais beaucoup plus jeune, grand et musclé que lui.
Lorsqu’il s’arrête au pied de mon lit, une odeur de pin, de savon et d’homme assaille mes narines. Et bien qu’il ne soit pas suffisamment proche pour me toucher, je sens la chaleur qui émane de lui dériver jusqu’à moi et m’électriser la peau. Il ne m’en faut pas davantage pour comprendre que c’est cet homme qui m’a transportée dans ses bras, qui m’a donné à boire la nuit précédente, et qui m’a déshabillée et soignée lorsque j’étais inconsciente. J’aimerais rester de marbre, mais je ne peux ignorer le frisson qui s’empare de moi à l’idée que ses mains se sont posées sur ma peau nue.
Ses lèvres, roses et ourlées, ressemblent à de délicats pétales. C’est bien tout ce que l’on peut trouver de fragile en lui… Sur son visage, tout n’est que dureté de granit et traits anguleux. Des pommettes taillées dans la pierre, un nez aquilin coulé dans l’acier, de forts sourcils noirs pour chapeauter deux yeux d’un bleu de glacier. On lit dans son regard d’aigle qu’il a vu plus d’horreur que d’innocence dans le monde et ne s’illusionne plus à son sujet. Mais pour l’heure, c’est avec un ennui condescendant qu’il me considère.
Il porte un tee-shirt aussi noir que ses cheveux et aussi ajusté que son jean. Dans le registre de la virilité, inutile pour lui d’en rajouter. Il lui suffit d’exister tel qu’en lui-même. Allongée comme je le suis, à peine habillée, faible et sans doute aussi impressionnante qu’un chaton malade, je me sens soudain vulnérable. Je ne connais pas ce mec et préfère éviter qu’il ne voie en moi une faible femme. Avec ce que j’espère être un sourire de dédain suprême, je le détaille de la tête aux pieds.
— Salut, dis-je d’un ton indolent. Déjà tué quelqu’un, Frankie ?
J’ai cherché à prendre l’avantage en le plaçant sur la défensive. C’est raté. Son visage ne trahit pas la moindre émotion. Il reste campé au pied du lit, indifférent, silencieux, distant.
Décidée à l’ignorer comme il m’ignore, je tourne la tête vers Michael.
— Je ne veux pas d’un partenaire. Je n’en ai pas besoin.
Il me sourit, mais je lis dans son regard que sa décision est irrévocable.
— Tes protestations n’y changeront rien, Eden. Je veux que tu fasses équipe avec Lucius. Tu n’as pas le choix. C’est un ordre.
— Je ne le veux pas dans mes jambes. Il va me gêner.
— Il sait ce qu’il a à faire.
— Ça m’étonnerait. Je sais à quoi m’en tenir, avec les types comme lui. Tout en muscles, rien dans la tête ! Je ne peux pas faire mon boulot convenablement si je dois veiller en plus à sa sécurité.
L’homme se décide enfin à intervenir. Il le fait d’une voix rauque et basse, comme si ses cordes vocales avaient subi quelque dommage.
— Écoute-moi bien, Cookie… Si je dois un jour me résoudre à ce que tu veilles à ma sécurité, je n’aurai plus qu’à changer de métier. Je me déciderai peut-être pour le clonage des fleurs, ou le dressage des chiens-robots. Je verrai ça en temps utile. Mais d’ici là, tu veilles sur tes fesses et moi sur les miennes. O.K. ?
Sur ce, il sort de la pièce aussi silencieusement et avec la même grâce féline qu’à son arrivée. Dès que la porte s’est refermée derrière lui, je fixe Michael d’un œil incrédule.
— Dis-moi que je rêve… Il vient bien de m’appeler « Cookie » ?
— Tu l’as cherché, non ? répond-il d’un air amusé.
— Je n’en reviens pas que tu m’imposes de travailler avec un mec pareil !
Le sourire s’élargit sur les lèvres de mon père adoptif, qui soutient sans ciller mon regard courroucé.
— Tu n’as qu’à considérer que c’est en pénitence de tes péchés.
Même si j’aime le voir heureux, je ne suis pas pour autant décidée à laisser sa bonne humeur m’attendrir.
— Tu ne peux pas me faire ça ! Je refuse.
Son sourire se fige et son regard se glace.
— Tu n’as pas le choix, lâche-t-il sèchement. Tu feras équipe avec Lucius pour cette mission, ou tu devras te chercher un job dans une autre agence. C’est compris ?
Il ne plaisante pas. Michael ne lance jamais de menaces en l’air. Vu sous cet angle, je n’ai plus qu’à m’incliner. Les poings serrés le long de mes flancs, je détourne les yeux et acquiesce d’un bref hochement de tête.
— Il sait faire quoi, à part jouer les bellâtres ombrageux ?
Et dangereux. Mais cela, je ne suis prête à l’admettre que dans le secret de mes pensées.
— Attends un peu. Tu ne tarderas pas à le découvrir par toi-même.
Michael n’est pas pour rien mon père adoptif : il peut se montrer encore plus têtu que moi. Inutile donc d’insister. Tout ce que je dois savoir sur le mystérieux Lucius Adaire, il me faudra l’apprendre seule.
Il se lève et vient déposer un baiser sur mon front avant d’ajouter :
— Une dernière chose… Je veux que tu sois sur pied, en possession de tous tes moyens, dans trois jours au plus. Sans quoi je confie cette mission à Lucius et à lui seul.
Il ne me laisse pas le temps de protester. Je le regarde sortir en fulminant, bien décidée à le prendre au mot. Je serai sur pied dans deux jours, et pas un de plus ! Ma fierté autant que mon honneur sont en jeu. Je ne laisserai pas ce Cro-Magnon faire main basse sur ma mission.
Plus que jamais, il me faut faire mes preuves, et pas qu’aux yeux de Michael.
Je ferme les yeux et cède à la fatigue qui d’un coup me submerge, marmonnant dans un demi-sommeil :
— Cookie, mon cul !
Afficher en entier