Extraits

Ce monde était parfait. Trop parfait. Il n’était pas réel. La vie n’était pas ainsi. Elle était imparfaite, difficile, cruelle...et c’était cela qui faisait sa beauté. Sa capacité à toujours nous forcer à nous relever, à devenir plus forts.

J'aime la femme que tu es aujourd'hui, autant, même plus, que celle que tu étais hier.

Je détestai la tristesse écrasante qui pesait sur mon coeur. Je haïssais cette panique lors que je pensais à ma vie sans Will. Mais c'était ça, le véritable amour. C'était donner une partie de soi a quelqu'un d'autre. Nous étions comme les plateaux d'une balance. Si un côté venait à manquer, tout était déséquilibré.

Je piquai du nez plusieurs fois. J'étais beaucoup plus fatiguée qu'en Entre-Deux. Mon corps ne savait plus sur quel pied danser. C'était un peu comme jouer à pile ou face.

Mort ? Vivant ? Mince, la pièce était tombée dans un égout !

« Lorsque les descendants s’éveilleront, leurs regards se croiseront

Éloignes dès la création, ils se retrouveront

Au détour d’un combat, que le fil d’une lame

Amants d’une nuit, aimés de l’éternité,

Ils surmonteront guerres, blessures et absences,

Malgré le lien et l’attraction,

Le lié ne l’aura jamais,

Personne, ni la mort ne pourra les séparer,

Mais l’interdiction les rattrapera,

Et de là le monde tombera… »

Sa présence seule parvenait à me rassurer, à m’apaiser. Il était une partie de mon âme. J’aimais cet homme depuis l’aube des mondes et je l’aimerais jusqu’à la fin des temps. Alors pourquoi rencontrions-nous tant de difficultés ?

Au cœur du Royaume dévasté,

L’un lèvera l’épée,

De l’amour, il ne restera que cendres,

Étouffées par l’acte désespéré,

De l’Ange tuant sa moitié.

Si la guerre pourrait être remportée,

Eux ne pourront plus jamais s’aimer.

—Qu'as-tu à offrir? me demanda Anubis, m'arêtant lorsque l'eau m'arriva aux hanches.

Mes cheveux étaient déjà alourdis par l'eau. Je posai la main sur le coller et le fis disparaître. Ensuite, je regardai le dieu, souriant tristement.

—Pour toi, seigneur Anubis, gouver- neur des âmes, celui qui est sur sa montagnelo, je ne peux t'offrir que mon sourire.

Ce n'était peut-être une impression, mais je crus entender un sourire dans la voix lorsque dit:

—Qu'il en soit ainsi.

Je fis un pas de plus dans le Styx, son énergie prenant possession de mon âme. Mais soudain, une autre essence vint se mêler à celle-ci. Ma respiration se coupa. Je me retournai. Will venait d'une galerie. Il s'arrêta net. Nos regards se rencontrèrent.

Il fronça les sourcils.

— Tu penses être amoureuse de tes souvenirs? Je secouai ma tête et lui expliquai mes interrogations de ces dernières semaines.

— En Entre-Deux, j'ai beaucoup réflé- chi à ça. J'ai compris que j'avais aimé l'ancien toi, mais aussi que j'aimais autant, même plus la personne que tu es aujourd'hui. Je suis retombée amoureuse de toi alors que je n'avais aucuns souvenirs ou presque. Oui, mes anciens sentiments ont sûrement influencé les nouveaux, mais j'ai changé, tu as changé. Toi, tu avais tous tes souvenirs sur terre. Comment peux-tu savoir si ce n'est pas l'ancienne moi que tu aimes?

Will garda le silence de longues secondes. L'eau tombant sur nos deux corps produisait un vacarme assourdisant.

- Qu’est-ce que j’ai fait ? gémit Maël.

- Des conneries, comme tous les hommes, dis-je du tac au tac.

Trois soupirs offusqués me répondirent. Je levai les yeux au ciel.