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- J'espere que les vers viendront chier sur ton cadavre !

p83

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Je sentis une chose dure appuyé contre mon ventre. Je la saisis à deux mains et redressai les épaules.

- T'as un pieu dans la poche, Bones, ou bien c'est ma nouvelle robe qui te plaît ?

Le sourire qu'il me lança plus de sous-entendus qu'une heure entière de conversation.

- Cette fois çi, c'est un pieu. Mais tu peux toujours tâter aux alentours, on ne sait jamais ce que tu pourrais trouver.

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" Je croiras toutes les choses qu'il me dirait, même les plus improbables, parce que mon coeur n'était capable d'aucune logique."

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" La vie aspire toute notre énergie, et une fois qu'elle nous a complètement vidés, on meurt."

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" Certaines blessures ne se refermaient jamais complètement, même avec le temps et l'expérience."

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" Protège ceux que tu aimes et engage-toi dans les batailles que tu peux gagner. Ainsi va le monde Chaton, et pas autrement."

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« Quelque chose semblait essayer de se creuser un chemin jusqu’à mon cerveau. Avec une lenteur angoissante, j’ouvris les yeux en grimaçant à cause de l’ampoule nue à côté de moi. La lumière était si vive que le soleil aurait eu l’air pâle en comparaison. J’avais les mains levées au-dessus de la tête, mes poignets me faisaient mal et la douleur dans mon crâne était si intense que je dus me pencher en avant pour vomir.

— Ze crois que z’ai vu un rominet.

La terreur qui me submergea lorsque j’entendis cette voix moqueuse me fit oublier la douleur. Je frissonnai en voyant le vampire à côté de moi.

— Mais oui, mais oui, z’ai bien vu un rominet !

Une fois son imitation de Titi terminée, il me jeta un sourire déplaisant. J’essayai de reculer, mais je m’aperçus que mes mains étaient enchaînées à un mur. Mes pieds étaient également entravés. Je n’avais plus ni mon haut ni mon pantalon et il ne me restait que mon soutien-gorge et ma culotte. Même mes gants fétiches avaient disparu. Mon Dieu…

— Bon, ma belle, parlons sérieusement. (Toute trace de plaisanterie avait disparu de sa voix et ses yeux devinrent aussi durs que du granit.) Pour qui travailles-tu ?

Sa question me prit tellement au dépourvu qu’il me fallut un peu de temps pour répondre.

— Je ne travaille pour personne.

— Foutaise.

Il prononça le mot très distinctement, et même si son sens caché m’échappait, je devinais qu’il ne me croyait pas. Je me recroquevillai en le voyant s’approcher.

— Pour qui travailles-tu ?

Plus menaçant cette fois.

— Pour personne.

Il me frappa et ma tête bascula en arrière. Je retins les larmes qui me montaient aux yeux. J’allais mourir, d’accord, mais je pouvais au moins essayer de garder ma dignité jusqu’au bout.

— Va te faire foutre.

Immédiatement, mes oreilles sonnèrent de nouveau. Cette fois-ci, il m’avait frappé jusqu’au sang.

— Une nouvelle fois, pour qui travailles-tu ?

Je crachai du sang et lui lançai d’un air provocant 

 — Pour personne, sale enfoiré ! 

Surpris, il cligna des yeux puis il se balança sur les talons en éclatant d’un rire qui résonna douloureusement dans mes oreilles. Reprenant son calme, il se pencha si près de moi que sa bouche n’était plus qu’à quelques centimètres de mon visage. Ses crocs brillaient dans la lumière.

— Je sais que tu mens.

Sa voix était un murmure. Il baissa la tête jusqu’à ce que ses lèvres me frôlent le cou. Je me raidis en espérant que j’aurais la force de me retenir de le supplier de ne pas me tuer.

Je sentis son haleine fraîche sur ma peau.

— Je sais que tu mens, poursuivit-il. Parce que hier soir je cherchais un type. Lorsque je l’ai repéré, il était en train de partir avec la jolie rouquine qui venait de me faire du rentre-dedans. Je vous ai suivis en me disant que je le surprendrais pendant qu’il ferait son affaire. Au lieu de ça, je t’ai vu lui planter un pieu dans le cœur, et quel pieu ! (Affligée, je le regardai agiter triomphalement mon arme modifiée.) De l’argent recouvert de bois. Ça, c’est un vrai produit américain ! Et paf, au tapis, le vampire !  Et tu ne t’es pas arrêtée là. Tu l’as mis dans le coffre de sa voiture et tu as conduit jusqu’à ton pick-up, puis tu lui as coupé la tête avant d’enterrer les morceaux. Ensuite, tu es rentrée chez toi en sifflant joyeusement. Comment as-tu bien pu réussir à faire ça, hein ? Tu ne travailles pour personne ? Dans ce cas pourquoi, quand je te renifle ici (il mit son nez contre ma clavicule et inspira), est-ce que je perçois une odeur qui n’est pas humaine ? Légère, mais reconnaissable entre mille. Une odeur de vampire. Tu as un patron, aucun doute. Il te nourrit de son sang, pas vrai ? Ça te rend plus forte et plus rapide, mais tu restes humaine. Nous autres pauvres vampires, on ne voit pas le coup venir. Tout ce qu’on voit, c’est… de la nourriture. »

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J’avais les mains levées au-dessus de la tête, mes poignets me faisaient mal et la douleur dans mon crâne était si intense que je dus me pencher en avant pour vomir.

— Ze crois que z’ai vu un rominet.

La terreur qui me submergea lorsque j’entendis cette voix moqueuse me fit oublier la douleur. Je frissonnai en voyant le vampire à côté de moi.

— Mais oui, mais oui, z’ai bien vu un rominet !

Une fois son imitation de Titi terminée, il me jeta un sourire déplaisant. J’essayai de reculer, mais je m’aperçus que mes mains étaient enchaînées à un mur. Mes pieds étaient

également entravés. Je n’avais plus ni mon haut ni mon pantalon et il ne me restait que mon soutien-gorge et ma culotte. Même mes gants fétiches avaient disparu.

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C’était samedi soir et la boîte était de nouveau bondée. La musique était toujours aussi forte et les visages toujours aussi inexpressifs. Je balayai la salle du regard, mais sans résultat, ce qui ternit un peu ma bonne humeur. Je me dirigeai vers le bar et ne remarquai le crépitement dans l’air que lorsque j’entendis sa voix.

— Ça y est, je suis prêt à baiser.

— Quoi ?

Je me retournai vivement, prête à rabrouer l’impertinent, mais je m’arrêtai net. C’était lui. Je rougis en me rappelant ce que j’avais dit la veille. Apparemment, il s’en souvenait lui aussi.

— Ah, oui... (Qu’étais-je censée répondre ?) Euh, on boit quelque chose d’abord ? Une bière ou... ?

— Laisse tomber. (Il interrompit mon geste vers le barman et passa un doigt le long de ma mâchoire.) Allons-y.

— Maintenant ?

Je regardai autour de moi, prise au dépourvu.

— Ouais, maintenant. T’as changé d’avis, ma belle ?

Il y avait du défi dans ses yeux, et une lueur que je n’arrivais pas à déchiffrer. Comme je ne voulais pas le perdre une nouvelle fois, j’attrapai mon sac à main en lui montrant la porte.

— Après toi.

— Non, non. (Il sourit d’un air glacial.) Les dames d’abord.

Je le précédai sur le parking en jetant plusieurs coups d’œil par-dessus mon épaule. Une fois dehors, il me regarda comme s’il attendait quelque chose.

— Bon, va chercher ta voiture et allons-y.

— Ma voiture ? Je... je n’ai pas de voiture. Et la tienne, elle est où ?

Je me forçai à rester calme, mais, intérieurement, j’étais paniquée. Les choses ne se passaient pas du tout comme d’habitude et ça ne me plaisait pas.

— Je suis venu en moto. Ça te tente ?

— En moto ? (Non, ça n’irait pas. Pas de coffre pour transporter le corps. Je n’allais pas le faire tenir en équilibre sur le guidon. Sans compter que je ne savais pas piloter.) Euh... on va plutôt prendre ma voiture. Elle est par là.

Je me dirigeai vers le pick-up en faisant semblant de tituber. J’espérais qu’il penserait que j’avais un peu trop forcé sur la boisson.

— Je croyais que tu n’avais pas de voiture, dit-il derrière moi.

Je m’arrêtai net et me retournai. Merde, j’avais dit ça.

— J’avais oublié qu’elle était là, c’est tout, mentis-je jovialement. J’crois que j’ai trop bu. Tu veux pas conduire ?

— Non, merci, répondit-il immédiatement.

Pour je ne sais quelle raison, son accent anglais prononcé me tapait sur les nerfs.

J'essayais de nouveau, un sourire de guingois sur les lèvres. Il fallait qu’il conduise. Mon arme se trouvait dans la jambe droite de mon pantalon, car j’avais toujours été du côté passager jusque-là.

— Vraiment, je crois que tu devrais conduire. Je me sens dans les vapes et je n’ai pas envie d’avoir un accident.

Aucun succès.

— Si tu veux remettre ça à un autre soir...

— Non ! (Le désespoir qui transparaissait dans ma voix lui fit hausser un sourcil.) J’veux dire, t’es si mignon, et... (Mais qu’est-ce qu’on pouvait bien dire dans ces cas-là ?) Je veux vraiment, vraiment continuer.

Il réprima un rire et ses yeux sombres brillèrent. Il tenait une veste en jean nonchalamment jetée par-dessus sa chemise. Sous l’éclairage des lampadaires, ses pommettes semblaient encore plus prononcées. Je n’avais jamais vu des traits aussi parfaitement ciselés.

Il me regarda de haut en bas tout en parcourant de la langue l’intérieur de sa lèvre inférieure.

— Très bien, allons-y. C’est toi qui conduis.

Sans un mot de plus, il grimpa sur le siège passager du pick-up.

Je n’avais pas d’autre choix que de m’installer au volant. Je démarrai et quittai le parking en direction de l’autoroute. Les minutes passaient mais je ne savais pas quoi dire. Le silence devenait pesant. Il gardait le silence mais je sentais ses yeux sur moi. Au bout d’un moment, trouvant la situation insupportable, je lui posai la première question qui me passa par la tête.

— Tu t’appelles comment ?

— Quelle importance ?

Je regardai vers la droite et croisai son regard. Ses yeux étaient d’un brun si sombre qu’ils auraient pu être noirs. Je pouvais de nouveau y lire un défi froid, presque une provocation silencieuse. C’était très déconcertant. Aucun de ses prédécesseurs n’avait jamais rechigné à faire la causette.

— Je me demandais, c’est tout. Moi, c’est Cat.

Je sortis de l’autoroute et tournai sur une route gravillonnée menant au lac.

— Cat, hein ? De là où je suis, tu ressembles plus à un chaton.

Je tournai rapidement la tête en lui jetant un regard contrarié. Oh, ça allait me plaire, aucun doute.

— C’est Cat, répétai-je fermement. Cat Raven.

— Comme tu veux, mon petit chaton.

J’écrasai brusquement la pédale de frein.

— T’as un problème ?

Il haussa ses sourcils noirs.

— Aucun, mon chou. On s’arrête pour de bon ? C’est ici que tu veux qu’on s’envoie en l’air ?

Son franc-parler me fit une nouvelle fois rougir.

— Euh... non. Un peu plus loin, c’est plus joli.

Je suivis la route qui s’enfonçait dans le bois. Il émit un petit gloussement.

— Je n’en doute pas, ma belle.

Lorsque j’arrêtai le pick-up à mon lieu de rendez-vous favori, je le regardai. Il se tenait assis exactement comme avant, immobile. Impossible de sortir la surprise cachée dans mon pantalon pour l’instant. En m’éclaircissant la voix, je lui désignai les arbres.

— Tu ne veux pas sortir pour qu’on... s’envoie en l’air ?

C’était un terme étrange, mais largement préférable à baiser.

Un sourire fugace illumina son visage avant qu’il réponde.

— Oh non. Ici. J’adore faire ça en voiture.

— Euh... (Merde, et maintenant, quoi ? Ça n’irait pas.) Il n’y a pas beaucoup de place.

D’un air triomphant, je commençai à ouvrir ma portière. Il ne bougea pas.

— Il y a toute la place qu’il faut, Chaton. Je reste ici.

— Ne m’appelle pas Chaton.

Ma voix était plus dure qu’il ne l’aurait fallu, mais il commençait sérieusement à m’agacer. Plus vite il serait vraiment mort, mieux ce serait.

Il ignora ma remarque.

— Déshabille-toi. Voyons ce que tu sais faire.

— Pardon ?

C’en était trop.

— Tu n’allais pas baiser en gardant tous tes vêtements, hein, Chaton ? me dit-il d’un ton sarcastique. Tu n’as qu’à enlever ta culotte, ça suffira. Allez, on ne va pas y passer la nuit !

Oh, j’allais lui faire regretter ses paroles. J’espérais que la douleur serait insoutenable. Avec un sourire supérieur, je le regardai de nouveau.

— Toi d’abord.

Il sourit en montrant des dents normales.

— Timide, hein ? J’aurais jamais cru ça, vu ta manière de m’aborder hier soir. Et si on le faisait en même temps, qu’est-ce que t’en penses ?

Salaud. C’était le mot le plus grossier qui m’était venu à l’esprit, et je le psalmodiai silencieusement en l’observant avec méfiance pendant que je déboutonnais mon jean. Il détacha nonchalamment sa ceinture, ouvrit son pantalon et retira sa chemise. Ce dernier geste révéla un ventre tendu et pâle, dénué de poils jusqu’à l’aine.

Je n’avais jamais laissé les choses aller aussi loin auparavant. J’étais si gênée que mes doigts tremblaient pendant que j’ôtais mon jean tout en tendant la main pour attraper ce qui était caché dedans.

— Tiens, ma belle, regarde ce que j’ai pour toi.

Je baissai les yeux et vis sa main se refermer sur quelque chose avant de rapidement détourner le regard. Le pieu était presque dans ma main, je n’avais besoin que d’une seconde...

C’est ma pudeur qui me perdit. Lorsque je me retournai pour éviter de regarder son entrejambe, je ne vis pas sa main se serrer. Avec une vitesse incroyable, son poing jaillit pour me frapper à la tête. Il y eut un éclair de lumière suivi d’une douleur lancinante, puis le silence.

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L’expérience m’avait appris qu’il était beaucoup plus facile de se débarrasser d’une voiture dans laquelle on n’avait pas commis de meurtre. Je parvins donc à ouvrir la portière côté passager de sa Volkswagen et à en sortir en criant avec une horreur feinte lorsqu’il passa à l’action. Il avait choisi un endroit désert, comme ils le faisaient presque tous. Aucun risque donc qu’un bon samaritain entende mes cris.

Il me suivit à pas mesurés, ravi de ma démarche titubante. Je fis semblant de trébucher tout en gémissant pour accentuer ma prétendue panique alors qu’il se dressait au-dessus de moi. Son visage, transformé, reflétait maintenant sa vraie nature. Un sourire sinistre révéla des crocs sortis de nulle part et ses yeux, bleus jusqu’ici, brillaient maintenant d’une terrible lueur verte.

Je tâtonnai autour de moi en lui cachant le mouvement de ma main qui se glissait dans ma poche.

— Ne me fais pas de mal !

Il s’agenouilla et tendit le bras pour me saisir la nuque.

— Ce ne sera pas long.

À ce moment précis, je frappai. En un mouvement cent fois répété, ma main jaillit brusquement et l’arme qu’elle tenait lui perça le cœur. Je fis tourner la lame jusqu’à ce que sa bouche se relâche et que ses yeux s’éteignent. Je le repoussai en tournant une dernière fois mon arme et j’essuyai mes mains sanglantes sur mon pantalon.

— T’avais raison. (L’effort m’avait coupé le souffle.) Ça n’a pas été long.

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Je me raidis en voyant des lumières rouges et bleues qui clignotaient derrière moi car je savais qu’il me serait impossible d’expliquer ce qui se trouvait à l’arrière de mon pick-up. Je me garai, retenant mon souffle pendant que le shérif s’approchait de ma portière.

— Bonsoir, il y a un problème ?

Mon ton était l’innocence même et je priais pour que mes yeux ne trahissent rien de suspect. Contrôle-toi. Tu sais ce qui se passe quand tu t’énerves.

— Ouais, vous avez un feu arrière cassé. Carte grise et permis de conduire, s’il vous plaît.

Mince. Cela avait dû se produire pendant que je chargeais le plateau du pick-up. J’avais voulu faire vite, pas dans la dentelle.

Je lui tendis mon vrai permis, pas le faux. Sa lampe torche passa de mes papiers à mon visage.

— Catherine Crawfield ? Tu es la fille de Justina Crawfield, non ? De la cerisaie Crawfield ?

— Oui, shérif.

D’un ton poli et neutre, comme si je n’avais rien sur la conscience.

— Dis-moi, Catherine, il est près de 4 heures du matin. Qu’est-ce que tu fais dehors si tard ?

J’aurais pu lui dire la vérité sur mes activités, sauf que je ne voulais pas m’attirer d’ennuis. Ni gagner un séjour prolongé dans une cellule capitonnée.

— Je n’arrivais pas à dormir, alors j’ai décidé de faire un tour en voiture.

À mon grand désarroi, il se dirigea d’un pas lourd vers le plateau du pick-up et l’éclaira de sa torche.

— Il y a quoi, là-dedans ?

Oh, rien de suspect. Un cadavre caché sous des sacs et une hache.

— Des sacs de cerises du verger de mes grands-parents.

Encore un peu et les battements de mon cœur allaient le rendre sourd.

— Vraiment ? (Avec sa torche, il toucha une bosse sous le plastique.) Il y en a un qui fuit.

— Ce n’est rien. (Ma voix était presque un couinement.) Ça arrive tout le temps. C’est pour ça que je les transporte dans ce vieux pick-up. Depuis le temps, le plateau est devenu rouge.

Avec soulagement, je le vis cesser ses explorations et revenir à ma portière.

— Et tu roules comme ça à cette heure parce que tu n’arrives pas à dormir ? (Il fit une moue entendue. Son regard se posa sur mon petit haut moulant et mes cheveux en bataille.) Tu crois que je vais gober ça ?

L’insinuation était claire et faillit me faire perdre mon calme. Il pensait que je rentrais chez moi après une coucherie. Un sous-entendu vieux de vingt-trois ans se dressait entre lui et moi. Exactement comme ta mère, hein ? Pas facile d’être une enfant illégitime dans une ville aussi petite. On vous en tenait encore rigueur. À notre époque, on pourrait croire que cela n’avait plus d’importance, mais Licking Falls, Ohio, avait ses propres critères. Au mieux, ils étaient archaïques.

Au prix d’un gros effort, je réussis à contenir ma colère. Mon humanité avait tendance à se détacher comme une mue de serpent lorsque je m’énervais.

— Ça ne pourrait pas rester entre nous, shérif ? (Je me remis à cligner candidement des yeux. Cela avait marché avec le type dans le sac, après tout.) Je ne le ferai plus, promis.

Il m’examinait en tapotant sa ceinture. Son ventre tendait le tissu de sa chemise, mais je me gardai de tout commentaire sur sa corpulence ou sur le fait qu’il sentait la bière. Enfin, il sourit, découvrant une incisive tordue.

— Rentre chez toi, Catherine Crawfield, et fais réparer ce feu arrière.

— Oui, shérif.

Soulagée de m’en tirer à si bon compte, je remis le pick-up en marche et repris la route. J’avais eu chaud. La prochaine fois, il faudrait que je fasse plus attention.

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