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À l’âge où les garçons commencent à s’intéresser de près aux jeunes filles en fleur, Jacques Bartel, adolescent ordinaire dont la vie intérieure est aussi riche que la vie sociale est terne, se découvre une idole : Marcel Proust. Toute son existence est désormais « sous domination proustienne ». Ses parents s’en inquiètent, surtout sa mère, qui a lu dans un livre que Proust était homosexuel (et même, un habitué des bordels !).Les années passant, c’est tout naturellement que Jacques devient chercheur en littérature, spécialiste de Proust, voué corps et âme à sa passion, qui finalement, il faut bien se rendre à l’évidence, ne le mène pas à grand-chose. À moins que, de vaines recherches en temps perdu, ne s’annonce une nécessaire métamorphose…
« Un livre allègre et alerte. »
É. Philippe, Les Inrocks.
« Un tendre moment de lecture, une narration à la première personne pleine d’autodérision et d’intelligence. »
S. Joly, Paris-ci la Culture.
(Source : LGF - Le livre de poche)
Afficher en entierJ’ai toujours eu un problème avec Proust. Dès le départ, j’ai su qu’il me ferait mal. Au-dessus de mon lit d’adolescent, à côté du poster de mon footballeur préféré, Marcel trônait, fier, sûr de lui, la tête inclinée sur ma droite, reposant contre sa main. Il me fixait. Quand je regardais trop mon idole sportive, j’avais l’impression que... Proust me rappelait à l’ordre : "Jacques Bartel, cessez de scruter cet idiot, je suis là, moi, seul être valable dans cette chambre. Vous n’êtes plus un enfant et bientôt, vous pourrez vous targuer d’avoir une aussi belle moustache que moi." J’ai donc grandi sous le regard de mon maître. Quelquefois, en pénétrant dans mon antre, j’essayais de l’esquiver, projetant mes yeux sur le mur blanc qui faisait face à l’écrivain. Je maintenais cette volonté surhumaine de dépassement deux à trois minutes, puis Proust reprenait naturellement le dessus. Il écrasait mon footballeur, lui mettait une gifle pleine d’arrogance. "Eh oui, jeune homme, voyez comment un vieil écrivain juif peut vous mater d’un simple regard." Marcel avait raison, mon esprit n’échappait pas à cette règle, rien ne lui résistait. D’ailleurs, la cohabitation entre Marcel et le footballeur ne dura pas, un après-midi, au sortir de l’école, je me rendis compte que le poster du sportif s’était détaché et gisait face contre terre. Mon cerveau analysa cette situation sans cartésianisme : le sportif, ne supportant plus cette compétition permanente, avait provoqué Marcel. Ce dernier, habitué aux joutes (j’avais lu que Proust avait été provoqué en duel, ce qui correspondait pour moi à une attitude héroïque) avait accepté de se mesurer à la star orange. À la fin du match, la victoire de Proust ne faisait aucun doute. Marcel : 1, Cruyff : 0.
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