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Claire n'aimait pas parler aux étrangers. Ils avaient tendance à s'exclamer à propos de ses yeux étranges et, parfois, cela les amenait à poser des questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre. Elle sourit donc et détourna le regard vers le terrain des futurs affrontements.
Les pavillons des chevaliers étaient rassemblés en deux groupes, à chaque extrémité de la lice. Une forêt de pennons dansait au vent, bleus, verts, rouges, violets. L'équipe de chevaliers placée à droite représentait les Troyennes, tandis que celle de gauche était constituée des visiteurs, c'est-à-dire des invités du comte Henri, auxquels s'étaient ajoutés, pour faire nombre, quelques volontaires parmi ses hommes. Un parfum douceâtre et écœurant flottait dans l'air, concurrencé par d'autres odeurs, comme celle de la sueur, de la fumée, de la viande grillée.
Hélène lui donna un coup de coude dans les côtes.
La tente bleue, c'est bien celle du seigneur d Aveyron ?
Afficher en entierChapitre1
Janvier 1174. Quartier des marchands à Troyes, capitale du comté de Champagne.
Le temps était doux pour un mois de janvier, et les volets
étaient ouverts pour laisser entrer le plus de lumière possible.
Alors que Claire l’aidait à aller de sa couche au banc situé
près de la table, Nicole lui adressa un sourire plein de chaleur.
Le cœur de Claire se gonfla de joie : Nicole était faible, et ses sourires, précieux.
— Je vois que vous avez eu de la visite pendant que j’étais au marché.
En étouffant un petit gémissement, Nicole s’appuya contre le mur de planches.
— En effet, et il ne s’agissait pas de n’importe qui. C’est un noble seigneur qui est venu me voir. Un noble seigneur avec un présent. Je n’en aurai pas l’usage, mais Hélène et toi pourriez en profiter. Je voulais t’en parler avant d’annoncer la nouvelle à Hélène. Il ne sert à rien de lui donner de fausses joies si tu refuses de l’emmener. Je sais l’inquiétude qui te ronge chaque fois que tu sors de la maison.
— Un présent? demanda Claire en déposant une couverture sur les genoux de Nicole.
Quel qu’ait été le mystérieux visiteur — peut-être le comte
Luc —, il lui avait de toute évidence fait le plus grand bien.
Cela faisait des mois que les yeux de Nicole n’avaient pas tant brillé ; elle semblait presque heureuse. Claire attendit.
Nicole confirmerait bientôt l’identité de son visiteur. Depuis la mort de Geoffroy, elles étaient devenues très proches l’une de l’autre.
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