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Tita était née en pleurant. Peut-être qu’elle se doutait que son sort était fixé, que, dans cette vie, le mariage lui serait refusé. Voilà comment Nacha racontait l’irruption de Tita sur terre : elle fut projetée par un torrent de larmes formidable qui inonda le sol de la cuisine.
L’après-midi, la frayeur était passée et l’eau évaporée par les rayons de soleil. Nacha ramassa le résidu de larmes sur le carrelage rouge. Avec ce sel, elle remplit un sac de cinq kilos qu’on utilisa longtemps pour cuisiner.
Afficher en entierTita était le dernier maillon d’une chaîne de cuisinières qui s’étaient transmis, de génération en génération, les secrets de la cuisine. Elle était représentée comme la meilleure représentante de cet art merveilleux.
Afficher en entier« Attention de bien allumer les allumettes une par une. Si elles s’enflamment toutes ensemble, sous l’effet d’une émotion violente, le flamboiement est tellement intense qu’il illumine au-delà de notre vision normale. Alors apparaît à nos yeux un tunnel resplendissant, un chemin oublié à la naissance, qui nous incite à retrouver notre origine divine perdue. L’âme veut réintégrer son lieu primitif, laissant le corps inerte... »
Afficher en entierElles avaient l'habitude de fabriquer de la marmelade en grandes quantités, dans une grande bassine, au milieu de la cour, avec les fruits de saison. Elles plaçaient la bassine sur un feu de bois. Elles se couvraient les bras de vieux draps pour remuer les fruits pour éviter de se brûler la peau si elles s'éclaboussaient.
Afficher en entierOn raconte que Tita était tellement sensible que dans le ventre de mon arrière-grand-mère, elle pleurait quand celle-ci hachait des oignons. Elle pleurait si fort que Nacha, la cuisinière à moitié sourde de la maison, n’avait pas à tendre l’oreille pour l’entendre.
Afficher en entier« On distingue de nombreux degrés de cuisson du sirop : le petit lissée, le lissé, le petit perlé, le grand perlé, le soufflé, le grand cassé, le caramel, le grand boulé. »
- Ah, voilà le grand boulé, ma générale !
- Fais voir ! J’en ai par-dessus la tête.
D’une voix haute et claire, Gertrudis continua la lecture.
- Pour savoir si le sirop en est à ce stade, trempez vos doigts dans un gobelet ou une carafe d’eau froide, prenez un peu de sirop et plongez-le aussitôt dans l’eau. En refroidissant, le sirop forme une boule et se manie comme de la pâte : c’est le grand boulé. » Compris ?
- Je crois que oui, ma générale.
- Ça vaudrait mieux, sinon je te fais fusiller.
Ils avaient maintenant toute l’information nécessaire : le sergent n’avait plus qu’à s’exécuter, et elle pourrait enfin manger ses torrejas.
Afficher en entier_Vous éprouvez de l'amour pour moi?
_Oui!
Oui, mille fois oui... Elle l'aima à partir de ce soir-là et pour toujours.
Afficher en entierElle se leva, courut chercher l'énorme couvre-lit tissé pendant ses nuits de solitude et d'insomnie et le tira sur elle, recouvrant en même temps les trois hectares et demi de la ferme. Elle prit la boîte d'alumettes offertes par John dans le tiroir de sa table de nuit. Son corps avait besoin de beaucoup de phosphore. Elle commença à manger les alumettes une par une. Tout en mastiquant, elle fermait les yeux très forts et s'efforçait de retrouver ses souvenirs les plus émouvants avec Pedro. Le premier regard échangé, le premier frôlement de leurs mains, le premier bouquer de rose, le premier baiser, la première caresse, la première relation intime. Et elle parvint à ses fins. Lorsque le phoshore entrait en contact, dans sa bouche, avec cette image lumineuse, il prenait feu. Sa vision s'éclaircit et le tunnel réapparut. A l'entrée se tenait la resplandissante silhouette de Pedro; il l'attendait. Tita n'hésita pas. Elle se laissa aspirer et tous deux se fondirent dans une longue étreinte. Atteignant un nouvel orgasme, isl partirent ensemble vers l'eden perdu. Ils ne seraient plus jamais séparés.
Afficher en entierLe bruit des marmites entrechoquées, l’odeur des amandes dorant sur le comal, la voix mélodieuse de Tita qui chantait tout en faisant la cuisine, tout cela avait réveillé son instinct sexuel.
Afficher en entierSi c’est pour demander ta main, qu’il s’en dispense. Il perdrait son temps et me ferait perdre le mien. Tu sais parfaitement qu’étant la plus jeune des femmes, c’est à toi de veiller sur moi jusqu’au jour de ma mort.
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